Lycées
professionnels : livrer des apprentis au patronat
Parallèlement
à la loi intitulée Pour la liberté de choisir son avenir, dont un des volets
concerne le développement de l’apprentissage, le gouvernement prépare pour 2019
une réforme du lycée professionnel.
Ce
projet s’apparente à un véritable plan social, avec des centaines de
suppressions de postes à la clé. Avec les enseignants contractuels, qui comme
dans tous les secteurs servent de variable d’ajustement, et les départs en
retraite non remplacés, le ministère espère adoucir le choc.
Selon
des informations qui restent floues, la réforme modifierait les volumes
horaires des élèves en baccalauréat professionnel : l’équivalent de huit
semaines de cours disparaîtrait. De même, les élèves de CAP perdraient entre
deux et huit semaines de cours selon l’année et la filière. Les enseignants de
gestion-administration seraient particulièrement touchés, avec la disparition
de la moitié des classes.
La
préparation au baccalauréat, passée déjà à trois ans au lieu de quatre il y a
quelques années, l’augmentation du nombre d’élèves par classe, le regroupement
de spécialités différentes dans tous les enseignements lorsque cela est
possible, tout cela a déjà réduit le nombre de postes d’enseignants. Il s’agit
donc là d’une nouvelle étape.
Cette
réforme vise à permettre au patronat d’avoir davantage la main sur la formation
professionnelle, en créant des formations à la demande des patrons en fonction
de leurs besoins dans chaque zone et en permettant de valider des compétences
et non plus des diplômes.
Par
ailleurs, alors qu’il existe des grilles de salaire fixées dans des conventions
collectives, elles-mêmes se référant à des diplômes, la réforme serait un outil
supplémentaire pour permettre aux patrons de s’affranchir des règles et
d’individualiser les rémunérations.
Il est
envisagé que les élèves de lycée professionnel puissent passer de l’apprentissage
à la formation continue en cours d’année, à la fois pour fournir le patronat en
jeunes à exploiter et pour lui permettre de les sélectionner.
Bien
sûr, cette réforme ne sort pas de nulle part. Cela fait des années que les
gouvernements, quelle que soit leur couleur politique, cherchent à la fois à
faire des économies sur la formation et à livrer au patronat des jeunes plus
opérationnels, plus adaptés au bassin d’emploi.
Pour
l’instant, le personnel découvre le projet et en discute. Chacun se souvient qu’en
2000 la réforme du ministre de l’Éducation nationale Allègre, qui voulait
annualiser le temps de travail des enseignants des lycées professionnels, avait
provoqué un mouvement important.
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