Il faut des moyens suffisants pour
l’Education
Étudiants
en manfestation le 1er février
Les premiers résultats du nouveau
système d'affectation des lycéens après le bac sont tombés. La moitié des
élèves - 400 000 - sont « en attente », c'est-à-dire qu'ils doivent attendre
qu'une place soit libérée par les lycéens qui ont été acceptés dans plusieurs
formations.
Selon le
ministère, tout le monde finirait par trouver une place. Mais quand, et surtout
comment, puisque le gouvernement n'a annoncé que la création de 20 000 places
dans l'enseignement supérieur, alors qu'il y aura à la rentrée 40 000 étudiants
de plus que l'année dernière ?
En
réalité, ce nouveau système conforte la sélection à l'entrée à l'université,
sans offrir le nombre de places suffisantes pour tous. Pour que chacun puisse
suivre la formation de son choix, il faut des moyens suffisants, comme le
réclament les étudiants mobilisés depuis plusieurs semaines.
Un
article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître
Parcoursup
: selection-sociale.gouv.fr
Mardi 22 mai, les plus de 800 000
lycéens ayant déposé leurs vœux de poursuite d’études ont commencé à recevoir
des réponses sur leur portable grâce à Parcoursup, le procédé informatique mis
en place par l’administration.
Les commentateurs les plus
optimistes, dont le ministre, annoncent que la moitié de ces jeunes gens
devaient avoir une proposition d’inscription le soir même. Le syndicat étudiant
Unef, sans doute plus réaliste, prévoit que des dizaines voire des centaines de
milliers de candidats aux études supérieures resteront sans inscription à la
fin du processus, en septembre. De plus, parmi ceux qui auront accès au
supérieur, combien seront conduits à faire des études par défaut, n’ayant pas
pu accéder au cursus qui les tentait ?
Depuis 2013, le nombre de jeunes
désireux de poursuivre des études après le bac est en augmentation constante.
Les ministres de l’Éducation successifs, et derrière eux les gouvernements et
l’État, n’ont rien fait pour dégager les moyens humains et matériels propres à
accueillir ces jeunes. Ce n’est pas par imprévoyance, l’existence de ce groupe
de jeunes est évidemment connue depuis… 18 ou 20 ans. C’est seulement que les
gouvernements, celui d’aujourd’hui après tous les autres, ne veulent pas
consacrer d’argent supplémentaire à l’éducation. Alors, puisque l’État n’a pas
la volonté de proposer des études à tous ceux qui le veulent, il trie les
candidats et les sélectionne.
À toute critique de la sélection
organisée par Parcoursup, le ministre de l’Éducation et la secrétaire d’État
aux Universités répondent qu’auparavant la sélection était parfois organisée
par tirage au sort. Avec Macron et Blanquer, elle se fera désormais selon un
classement.
Dans chaque filière de chaque
université, les enseignants ont dû classer les dossiers des postulants, en
vertu de critères qu’ils ont été libres d’inventer. Il y a les notes, bien sûr,
mais que valent les notes si l’on ne connaît pas le lycée, voire l’enseignant
qui les a données ? Les appréciations des professeurs du secondaire, la lettre
de motivation du candidat, ses activités hors de l’école, tout peut entrer en
jeu. Certains enseignants ont refusé d’opérer cette sélection, d’autres ont
essayé de la mettre en place le moins mal possible.
Mais, dans une société
d’inégalité, la richesse joue évidemment son rôle dans la sélection. La culture
générale, la motivation et l’aisance dans l’expression sont des fées qui se
penchent plus facilement sur les berceaux des beaux quartiers que sur ceux des
cités HLM.
Au-delà de cette hypocrisie
sociale bien habituelle, les étudiants et les enseignants mobilisés contre
Parcoursup demandent que l’État consacre des moyens suffisants pour accueillir
tous les jeunes qui veulent étudier. C’est en effet le minimum qu’une société
doit à sa jeunesse. Mais c’est un minimum que le capitalisme n’a jamais été
capable de fournir, au détriment bien entendu de la jeunesse des classes
populaires.
Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°1599
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