Les vieilles leçons du caporal Blanquer
Le ministre de l’Education de
Macron, ancien homme à tout faire de Sarkozy au ministère, Blanquer, vient
d’apporter sa petite contribution à la mobilisation gouvernementale contre le
service public d’Education déjà bien malmené.
Mettant
en avant le repoussoir de la « méthode globale » d’apprentissage de
la lecture qui n’a pratiquement jamais été appliquée comme méthode unique
depuis des décennies, le caporal Blanquer veut rétablir tout à la fois la
méthode syllabique (le fameux b.a ba) stricte, la dictée systématique,
l’apprentissage de la grammaire, celui des tables de multiplication, le calcul
mental, le vieux cahier Sieyès à grands carreaux, sans oublier les minuscules à
écrire selon le modèle idoine.
Comme
si tout cela était une nouveauté. Sans doute qu’occupé à supprimer des dizaines
de milliers de postes sous l’ère Sarkozy ou dans l’académie de Créteil,
n’a-t-il reçu comme viatique ministériel que ses propres souvenirs d’enfance ou
son imagination sur ce qui se fait à l’Ecole primaire et Elémentaire.
Révélateur
est par ailleurs ce qu’il déclarait il y a quelques jours au journal Le Parisien : « en revanche la dictée, la grammaire, le calcul
mental ont fait leur preuve pour se construire et préservent ainsi la même base
et donc la même justice sociale à tous les enfants ».
Cette
« même base », Blanquer sait pertinemment que l’Ecole publique la
dispense à tous les enfants. Le reste, la réflexion, le raisonnement, la
culture, l’art, il le réserve sans doute aux classes supérieures de la société.
Quant aux enfants des classes laborieuses, le régime des casernes, et le doigt
à la couture du pantalon !
Blanquer
aura peut-être l’oreille d’une fraction de l’opinion publique nostalgique du
tableau noir, du bonnet d’âne, de la baguette, de la blouse, et de la
séparation des sexes, et l’on en passe. Mais il doit irriter des centaines de
milliers de professeures et professeurs des écoles, et nombre de parents, qui
savent, eux, que l’essentiel des problèmes de l’Ecole publique dans les
quartiers populaires (nous y reviendrons)
sont ailleurs.
Ils
auront l’occasion de le montrer dans les jours et les semaines qui viennent.
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