Comme les
cheminots, osons relever la tête !
Près de trois semaines après le
début de leur mouvement, les travailleurs de la SNCF restent déterminés, et la
grève tient bon. Le 19 avril, ils étaient plus nombreux dans la grève que le
13, n’en déplaise à la direction de la SNCF qui annonce toutes les semaines que
la grève recule. Dans les manifestations organisées ce jour-là dans tout le
pays, on trouvait, solidaires des cheminots, des jeunes dénonçant la sélection
à l’université, des retraités contre la ponction opérée sur leur retraite par
la CSG, mais aussi des travailleurs d’autres secteurs du public et du privé.
À Reims, ce sont tous les
employés d’un Monoprix qui ont déserté le magasin pour se joindre à la
manifestation. À Limoges, des salariés de Legrand ou de l’usine d’emboutissage
Steva, menacés de perdre leur emploi, étaient eux aussi dans la rue. Et dans
bien d’autres villes, beaucoup ont profité de cette journée pour marquer leur
solidarité avec les cheminots, mais aussi pour exprimer leur ras-le-bol.
Macron prétend ne pas être le « président
des riches », ceux-ci n’ayant pas besoin d’un président pour les défendre,
ajoute-t-il. C’est vrai ! La bourgeoisie, aux commandes dans cette société, n’a
pas besoin d’un président mais d’un serviteur, qui la seconde dans la guerre qu’elle
mène au monde du travail. Et Macron remplit le rôle à la perfection : des
ordonnances de la loi travail en passant par la suppression quasi totale de
l’ISF, l’augmentation de la CSG, le régime sec imposé à tout le secteur public,
il prend des mesures en faveur de la classe riche.
Macron ose dire qu’il n’y a aucun
rapport entre les différents mécontentements qui s’expriment. Mais c’est bien
l’ensemble du monde du travail qui a toutes les raisons d’être mécontent ! Car
la politique de Macron vise en fait tous les travailleurs. Lors d’une visite à
Saint-Dié, dans les Vosges, il a fait la leçon à un cheminot en lui expliquant
qu’il devait accepter le changement… Un changement vers le pire, bien sûr !
D’après lui, les cheminots auraient d’autant moins de raisons d’être contre la
suppression du statut qu’elle ne touche que les futurs embauchés.
Dans le monde de la grande
bourgeoisie, il va de soi qu’on transmettra sa richesse et sa position sociale
en haut de l’échelle à ses enfants, mais les travailleurs devraient accepter
que leurs enfants perdent les quelques avantages conquis par leurs aînés ? Eh
bien, les cheminots refusent que les générations futures soient condamnées à
des emplois au rabais, et c’est tout à leur honneur ! Ils s’opposent ainsi à
l’avenir que le patronat voudrait imposer à tous les travailleurs, fait de
précarité généralisée, de bas salaires et de conditions de travail dégradées.
Macron peut toujours prétendre ne
voir « aucun rapport entre les colères », c’est bien là que se trouve
l’origine commune de toutes les inquiétudes, de tous les mécontentements. Le
retraité qui voit ses revenus baisser sait que cet argent ne servira pas à ce
qu’il soit mieux soigné ou à créer des emplois pour ses petits-enfants. Le
lycéen qui boucle péniblement son dossier de candidature à la fac sait qu’on
lui impose cette mascarade parce que les universités débordent et qu’une partie
de la jeunesse sera laissée à la porte faute de place. Les travailleurs menacés
de licenciement, ceux qui revendiquent des augmentations de salaire, ceux
condamnés aux missions d’intérim ou aux temps partiels imposés savent qu’ils
sont sacrifiés pour la sauvegarde des profits.
Avec son mépris habituel, Macron
s’est défendu de ceux qui le contestaient en s’exclamant : « On a pris en France
l'habitude de la plainte », ajoutant : « On regarde son petit bout de
lopin et on dit “voilà, moi, on m'a enlevé ça” ». Loin de ne pas savoir
regarder plus loin que leur « petit bout de lopin », les cheminots se battent
pour ne pas se laisser dépouiller de leurs droits. Ils ont mille fois raison !
Avec leur grève, ils ont transformé l’indignation, le dégoût que chaque
travailleur peut ressentir individuellement contre ce qu’il subit, en une
riposte collective. Loin de se plaindre, ils se battent, et c’est bien ce qui
gêne Macron !
Le fait que la grève des
cheminots dure, qu’ils s’adressent aux usagers mais aussi à d’autres catégories
de travailleurs, est positif pour l’ensemble du monde du travail. Pour tous
ceux qui refusent de subir les attaques, la lutte des cheminots incarne une
contestation plus large, exprime leur colère. C’est un encouragement pour tous
ceux qui veulent redresser la tête.
Alors, faisons tout pour que la
grève des cheminots ouvre la voie à un combat plus large, à l’offensive de l’ensemble
du monde du travail, nécessaire pour faire reculer le grand patronat et son
représentant en chef Macron !
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