Maisons
de retraite, hôpitaux, universités, ça craque de partout
Personnel insuffisant et épuisé,
soins bâclés, résidents délaissés, familles culpabilisées… Les personnels des
établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad)
manifestent ce mardi pour dénoncer une situation indigne.
L’État a toujours refusé de
développer un véritable service public du grand âge. Aujourd'hui encore, il
rechigne à donner les crédits nécessaires pour que les maisons de retraite
embauchent le personnel de ménage, les aides-soignantes, les infirmières et
médecins qu’il faudrait. À cela s’ajoute le parasitisme des capitalistes car
l’État les a incités à construire leurs propres établissements privés.
Les résidents et le personnel
payent cette politique dans tous les sens du terme. Les premiers, parce qu’ils
doivent débourser de 2500 à 4000 € par mois sans garantie que l’on s’occupera
bien d’eux. Les seconds, parce qu’ils sont surmenés et surexploités avec des
salaires voisins du smic.
Les témoignages décrivent des
situations parfois proches de la maltraitance. Et ce n’est pas faute de
dévouement de la part du personnel, car pour faire ce travail nuit et jour,
week-end compris, dans ces conditions-là, il en faut !
Cette situation honteuse est à
l’image de celle de bien d’autres secteurs, où le manque de personnel, la
charge de travail croissante, les bas salaires, la recherche d’économies et de
rentabilité, et les restructurations permanentes, sont la règle.
Alors oui, les Ehpad craquent.
Les hôpitaux craquent. Les prisons craquent. Les universités craquent… Mais
Macron n’a d’yeux que pour la bourgeoisie. Il n’a d’oreilles que pour les
multinationales et les machines à faire du fric.
C’est pour elles qu’il a conçu
les ordonnances travail. C’est pour elles qu’il a supprimé l’impôt sur la
fortune et baissé la taxation du capital. C’est encore pour elles qu’il a
baissé les cotisations sociales et augmenté la CSG de tous, faisant payer le
prix fort aux retraités.
Le gouvernement prévoit de
rallonger le budget de la dépendance de 50 millions, pour 728 000 personnes en
maison de retraite. La suppression de l’impôt sur la fortune a, elle, coûté
plus de trois milliards. Autrement dit, pour arroser la bourgeoisie, le
gouvernement sacrifie les services utiles à la population et aux plus pauvres.
Il le justifie en expliquant que
c’est la seule façon de développer l’investissement. « Il faut inciter les
capitalistes à investir » et tout ira mieux pour tout le monde. Autant croire
au père Noël !
Compter sur les requins de la
finance pour investir, développer l’économie, l’emploi et répondre aux besoins
de la population, relève de la propagande mensongère.
Macron en a donné l’illustration
la semaine dernière. En additionnant artificiellement les projets en cours et
les promesses de multinationales comme Toyota, Novartis, Google, Facebook, SAP,
il a pu annoncer les chiffres ridicules de 3,5 milliards d’investissement et de
2200 emplois créés sur cinq ans. Comble de l’ironie, Carrefour dévoilait le
lendemain un plan d’économies de deux milliards, la vente de centaines de
magasins, la réduction de la surface de ses hypermarchés et la suppression de
2400 emplois.
Autant il faut prendre les
promesses d’investissement avec des pincettes, autant la volonté de
désinvestissement de Carrefour ne fait pas de doute.
Alors, oui, il faudrait investir,
à commencer par les infrastructures et les services indispensables à la
population. Et l’État le pourrait.
Les inondations de ces derniers
jours montrent qu’il est nécessaire de construire ou renforcer des digues et de
réaménager certains territoires. Il faudrait investir dans le logement, le
transport. Et aussi dans les universités. Car si le gouvernement met en place
une sélection qui ne dit pas son nom à l’entrée de l’université, c’est pour se
dispenser de créer les places nécessaires pour accueillir les bacheliers de
plus en plus nombreux.
La société est assez riche pour
le faire. En France, 32 milliardaires possèdent autant que 24 millions de
personnes. Les grandes entreprises atteignent des records de profits.
Carrefour, c’est par exemple un milliard de profits, 510 millions distribués à
ses actionnaires et un PDG payé 11,6 millions par an. Cet argent est-il
intouchable ?
L’abondance à un pôle, la
pénurie, le chômage et la misère à l’autre, voilà ce que produit le capitalisme
et ce que va renforcer la politique de Macron. Il n’y a pas de raison
d’accepter cela.
Le gouvernement rabâche que c’est
la reprise. La seule reprise qui vaudrait pour le monde du travail serait celle
des embauches, avec de vraies augmentations de salaire et des services publics
qui remplissent leur rôle pour la population.