Les
voyous, ce sont les patrons et leurs représentants !
Cinq mois de prison avec sursis,
telle est la peine encourue par les neuf militants CGT de l’usine PSA de
Poissy, dans les Yvelines, faussement accusés par leur direction de
séquestration et de violences psychologiques en réunion. Tout est révoltant
dans le procès qui leur est fait : les mensonges de la direction, l’attitude de
la justice qui traite les ouvriers qui se défendent comme s’il s’agissait de
voyous et de délinquants. Mais cela n’a rien d’un cas isolé.
En juillet dernier, à la suite
d’accusations tout aussi mensongères, le secrétaire de la CGT de cette même
entreprise a été condamné à six mois de prison avec sursis. À l’usine PSA de
Mulhouse, six militants sont mis en examen pour distribution d’un tract
syndical que la direction juge diffamatoire. Pour la direction de Peugeot, tout
est bon pour tenter de briser des militants combatifs : pressions quotidiennes,
intimidations, sanctions, demandes de licenciement et maintenant recours aux
tribunaux.
L’attitude des dirigeants de PSA
est à l’image de celle de l’ensemble du patronat depuis des années. Les
travailleurs d’Air France avec l’affaire de la chemise déchirée, ceux de
Goodyear qui luttaient contre la fermeture de leur usine et ceux de bien
d’autres entreprises, ont dû affronter la même répression.
Quand les patrons s’en prennent
aux militants ouvriers, ils cherchent à renforcer l’arbitraire que subissent
quotidiennement l’écrasante majorité des travailleurs : pressions pour
augmenter le rythme de travail, temps de pause réduits, chantage permanent à
l’emploi... Et tout cela dans un seul objectif : augmenter les profits et
enrichir les actionnaires !
PSA, qui se prétendait au bord de
la faillite il y a cinq ans, a réalisé plus d’un milliard d’euros de profit au
premier semestre 2017. Des bénéfices obtenus en supprimant 33 000 emplois
depuis 2011, en augmentant le recours aux contrats précaires et en aggravant
l’exploitation de l’ensemble des travailleurs du groupe.
Dans tout l’arsenal anti-ouvrier
fourni au patronat par les ordonnances de Macron, il y a une mesure qui vise
directement les militants ouvriers : la fusion programmée d’ici le 31 décembre
2019 du comité d’entreprise, des délégués du personnel et du comité hygiène et
sécurité en une instance unique, le Comité social et économique. L’objectif est
clair : diminuer le nombre de représentants du personnel qui, dans les plus
grandes entreprises, sera divisé par deux. Il est aussi prévu de limiter à
trois le nombre de mandats successifs. « Pour favoriser la représentativité des
salariés » ose prétendre le gouvernement ! En réalité, Macron a donné
satisfaction au patronat qui souhaite empêcher les travailleurs de choisir
librement ceux qu’ils jugent les plus aptes à les représenter et à défendre
leurs intérêts.
La ministre du Travail, ancienne
DRH de Danone, déclare vouloir favoriser la « professionnalisation du
syndicalisme », autrement dit un syndicalisme davantage soumis à l’influence patronale
qu’à celle des travailleurs. La bourgeoisie et ses porte-voix prétendent que la
lutte de classe est « dépassée » mais, par toute leur attitude et leur
politique, ils démontrent l’inverse : cette lutte de classe, ils ne cessent de
la mener contre les travailleurs !
Les journées d’action organisées
depuis le mois de septembre ont permis à des centaines de milliers de femmes et
d’hommes de montrer leur opposition aux attaques gouvernementales et
patronales. Pour mettre un coup d’arrêt aux reculs sociaux, une lutte générale
de l’ensemble du monde du travail sera nécessaire. La classe ouvrière a la
force d’imposer ses droits.
Les travailleurs ont montré dans
le passé qu’ils pouvaient se battre et se défendre même à l’époque où la
bourgeoisie leur refusait le droit de faire grève et leur envoyait l’armée pour
réprimer. Il leur a fallu mener des luttes pour conquérir le droit de
s’organiser dans des syndicats. C’est la grève générale de Juin 36 qui a imposé
le droit des travailleurs d’avoir des délégués dans les entreprises.
En montrant sa rapacité et son
arrogance d’une façon de plus en plus ouverte, c’est la bourgeoisie elle-même
qui finira par provoquer une explosion sociale. Et c’est bien la seule chose
qu’elle n’aura pas volée !
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