Œufs
contaminés : le profit contre la santé
Le scandale des œufs contaminés
touche dix-sept pays de l’Union européenne, et même au-delà, jusqu’à Hong-Kong.
L’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas s’accusent mutuellement d’avoir réagi
trop tard.
Des élevages industriels de
poules pondeuses ont, en fait, utilisé le fipronil, un insecticide toxique, qui
a pénétré dans les œufs. Pour l’instant, seuls des élevages hollandais et
belges sont incriminés, plus de 200 exploitations sont à l’arrêt et 300 000
poules ont été abattues.
Une alerte lancée en juin 2017
par un exploitant belge avait révélé l’utilisation de ce produit, totalement
interdit dans les élevages d’animaux destinés à la consommation.
Les autorités néerlandaises
reconnaissent avoir négligé une alerte transmise dès novembre 2016. Et pendant
de longs mois des œufs-coquilles, mais aussi des dérivés industriels et
peut-être de la viande de poulet contaminée, se sont écoulés sur les marchés.
Le gouvernement français, comme à
chaque crise sanitaire, a commencé par affirmer que le pays n’était pas touché.
Puis il a reconnu que 250 000 œufs contaminés étaient entrés sur le marché
entre avril et juillet 2017, sans compter les produits entrant dans la
composition des pâtisseries, sauces, plats cuisinés ou glaces.
Le gouvernement minimise la
crise, en communiquant sur la faible toxicité du fipronil pour l’homme. C’est
peut-être vrai pour les adultes, mais très discutable pour les enfants en bas
âge et les femmes enceintes.
Il prétend que la filière est
parfaitement maîtrisée en France, du fait de la régularité des contrôles sur
les élevages et des autorisations nécessaires pour les produits
phytosanitaires. Mais les autorités françaises ont mis des semaines à
reconnaître l’origine de ces produits contaminés. Les éleveurs néerlandais ont
acheté à deux hommes d’affaires véreux cet insecticide toxique, croyant qu’il
était à base d’eucalyptus et de menthol, ce qui en dit long sur le sérieux des
contrôles. Ces deux hommes ont fait fortune en vendant ce produit miracle
pendant plusieurs années. Ils viennent d’être arrêtés.
Le marché agroalimentaire, comme
l’ensemble de l’économie capitaliste, est une jungle dans laquelle opèrent des
affairistes sans scrupule recherchant le profit, au mépris de la santé
publique. L’opacité du marché leur permet de passer entre les mailles de
contrôles peu efficaces, quand ils ne sont pas complaisants.
Alain
CHEVARD (Lutte ouvrière n°2559)
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