Gouvernement
: un plan contre les migrants
« Nous ne sommes pas à la hauteur de ce que
doit être la France » a déclaré le Premier ministre, Édouard
Philippe, en présentant le 12 juillet son plan pour l’accueil des migrants.
Mais derrière la promesse d’une petite augmentation des places en centre
d’accueil apparaît surtout la volonté d’expulser plus efficacement celles et
ceux qui ont réussi à franchir la frontière.
Alors
qu’une centaine de milliers de migrants arrivent chaque année, 7 500 places
seront créées en deux ans pour l’accueil des demandeurs d’asile. Elles
viendront s’ajouter aux 54 000 déjà existantes. Cela est insuffisant, et ne
résoudra pas le problème de ceux qui n’ont pas encore réussi à faire leur
demande et s’abritent comme ils peuvent, vivant dans des situations
déplorables, ou qui choisissent de ne pas la faire sachant qu’ils seront
déboutés. 5 000 autres places iront aux migrants ayant obtenu le statut de
réfugié mais n’ayant pas encore pu trouver de logement.
Le chef
du gouvernement a aussi promis de réduire le délai de traitement des demandes
d’asile de 14 à 6 mois. Ce serait évidemment une bonne chose s’il s’agissait
d’accorder plus rapidement le statut de réfugié, mais ce n’est pas le cas. Il
s’agit au contraire de pouvoir mieux expulser les déboutés. « Les personnes
déboutées du droit d’asile feront systématiquement l’objet de mesures d’éloignement
dès le rejet de leur demande d’asile » a-t-il dit, déplorant que sur 91 000
étrangers interpellés en situation irrégulière en France en 2016, seulement 25
000 aient quitté le pays, un chiffre qu’il a déclaré insuffisant.
Parmi les
déboutés du droit d’asile, ou qui n’osent pas le demander, figurent ceux qui
fuient la misère et la faim dans leur pays, et que l’administration qualifie de
« réfugiés économiques ». Il y a aussi ceux qui viennent de pays jugés sûrs
selon des critères plus que douteux, et qui n’ont pu prouver qu’il y avait pour
eux un risque mortel à y retourner. Y figurent également ceux qui ont fait une
demande dans un autre pays, l’Italie ou la Grèce la plupart du temps, et
étaient censés y attendre la réponse. Ces hommes et ces femmes constituent la
grande majorité des migrants, et la crainte principale d’Édouard Philippe est
qu’en restant en France aussi longtemps qu’ils le font actuellement ils
puissent s’y intégrer et même fonder une famille, rendant leur expulsion plus
difficile.
Comme on
le voit, « l’humanité » n’a rien à voir dans les préoccupations d’Édouard
Philippe. Tous ceux qu’il veut chasser devraient avoir le droit de vivre et
travailler en France.
Daniel
MESCLA (Lutte ouvrière n°2555)
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