Mélenchon
et le PCF : le pendu soutient la corde
La direction du PCF a bien des
tracas pour gérer le pétrin dans lequel elle s’est volontairement fourrée, en
évitant de présenter son propre candidat à l’élection présidentielle.
En se rangeant derrière Jean-Luc
Mélenchon au prétexte de mieux préparer des alliances pour les élections
législatives suivantes, Pierre Laurent et ses collègues se sont eux-mêmes passé
la corde au cou.
Mélenchon a en effet annoncé que
son mouvement présenterait des candidats de son mouvement, la France insoumise,
partout pour les législatives. Les dirigeants du PCF ont alors répliqué en
faisant les yeux doux à Benoît Hamon, le candidat du PS, mais ils ne pouvaient
décemment pas changer de cheval au milieu du gué. Puis, sans le dire tout en le
disant, la direction du PCF a demandé à ses élus de ne pas se presser de donner
leur parrainage à Mélenchon, pour faire pression et se laisser le temps de
négocier les investitures. Mélenchon a donc dû attendre jusqu’au 14 mars pour
avoir ses cinq cents parrainages d’élus.
En vertu de quoi, le candidat de
la France insoumise a enfoncé le clou : il veut bien des militants du PCF dans
le cortège pour la VIe République, convoqué le 18 mars à Paris, mais il ne veut
pas des banderoles et du cortège du parti.
Les militants du PCF ne peuvent
ignorer ce que veut Mélenchon : se servir des forces de leur parti pour se
présenter et faire campagne, puis imposer son propre appareil, placer ses
propres amis en lieu et place des élus du PCF. Cette manœuvre, réédition de
celle de Mitterrand autrefois, ne rencontre qu’une résistance bien molle de la
part de la direction du PCF, voire pas de résistance du tout. En effet un
certain nombre de ses dirigeants et élus sont convaincus, ou assurés, de rester
en place, et ceux-là font campagne pour Mélenchon. D’autres, dont l’avenir est
lié à un accord avec leurs collègues du PS, sont nettement moins convaincus par
cette alliance et cherchent des assurances de ce côté-là.
Beaucoup de militants et
d’électeurs du PCF, plus préoccupés de défendre une politique qu’une carrière
politique, sont désorientés par ce manque de perspectives. Cette situation
n’est pourtant que l’aboutissement de dizaines d’années de renoncements
politiques, dont le fait de faire passer la participation à une majorité
gouvernementale comme l’ultime moyen de lutte des travailleurs. Cela n’aura
servi qu’à installer dans de confortables fauteuils des générations de
politiciens, de Guy Mollet à Hollande en passant par Mitterrand, et à tromper
les travailleurs.
Paul
GALOIS (Lutte ouvrière n°2537)
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