Dépakine
: l’État au chevet de Sanofi
Dès 1982, des études montraient
le risque de malformations congénitales pour les enfants nés de mères sous
Dépakine pendant leur grossesse. Vingt ans plus tard preuve était faite que s’y
ajoutait un risque de troubles du développement intellectuel et cela avec une
fréquence de 30 à 40 %. Pourtant, pendant tout ce temps, des femmes enceintes
ont continué à prendre de la Dépakine. Il a fallu attendre 2006 pour que la
notice du produit indique que l’utilisation de ce médicament est déconseillée
pendant la grossesse et 2014 pour une véritable restriction d’utilisation.
Selon les chiffres de
l’Assurance-maladie, entre 2007 et 2014, 14 322 femmes ont pris de la Dépakine
alors qu’elles étaient enceintes. Un chiffre qui conduit à estimer que, pendant
cette seule période, plus de 1 000 enfants sont nés atteints de malformations
et entre 3 000 et 4 000 enfants sont nés victimes de troubles du développement.
Parce que les premières concernées, les femmes enceintes, n’ont pas été
informées des risques gravissimes, pourtant bien connus, de la prise de
Dépakine pendant leur grossesse, des milliers d’enfants, et leurs familles,
vont le payer pendant toute leur vie.
Aujourd’hui, c’est l’État qui
s’apprête à mettre la main à la poche. Le gouvernement annonce la mise en place
d’un dispositif d’indemnisation des victimes avec le vote d’un fonds
d’indemnisation par le Parlement d’ici la fin de l’année.
Et Sanofi ? Tout juste la
ministre prononce-t-elle la phrase : « Si l’État pense que d’autres responsables
que l’État sont en jeu, alors il va se retourner contre eux. » Voilà qui ne
risque pas de faire craindre quoi que ce soit au géant multimilliardaire de
l’industrie pharmaceutique. Celui-ci nie toute responsabilité, affirme avoir
toujours « respecté ses obligations d’informations auprès des professionnels
de santé et des patients concernant les possibles effets indésirables liés à la
prise de Dépakine ». C’est clair, Sanofi a décidé, et d’ores et déjà
annoncé, son intention de « faire payer l’État ». Il sait que, comme
pour tous les grands groupes industriels, en cas de forfait, il aura l’État à
son chevet, il pourra compter sur lui pour maintenir ses profits.
Sophie
GARGAN (Lutte ouvrière n°2510)
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