Tests
salivaires dans les lycées : du Pécresse tout craché
Sous prétexte d’économies
budgétaires pour la région Île-de-France, la présidente Pécresse accumule les
mesures, même peu rentables, mais susceptibles de satisfaire son électorat.
Après la
suppression – scandaleuse et raciste – de l’aide aux transports collectifs
auparavant allouée aux étrangers sans papiers, geste à l’usage des électeurs
FN, vint celle du pass contraception pour les jeunes scolarisés, clin d’œil aux
partisans de la Manif pour tous et autres culs-bénits de son électorat.
Les
lycéens de la région, eux, ont déjà été privés du service d’aide téléphonique «
Jeunes violence écoute » qui paraît-il ne reçoit « que » dix appels par jour en
moyenne, ce qui est déjà inquiétant. Pécresse a fait voter le 19 mai par sa
majorité régionale le principe et le financement de tests salivaires de
dépistage du cannabis dans les lycées. Son propos serait de lutter contre le décrochage
scolaire favorisé par l’usage de ce cannabis. Pour se conformer à cette mesure,
chaque proviseur de la région parisienne devra « établir un diagnostic sur
la consommation des substances addictives » par les élèves, au moyen d’un
dispositif à usage unique d’un coût de 7 à 10 euros, que la région s’apprête à
financer.
La mise
en application de la mesure promet d’être délicate. Des juristes ont en effet
argué que de tels tests, réservés en principe aux seuls officiers de police
judicaire, ne peuvent être mis en œuvre que dans un cadre strict. De plus les
proviseurs, qui ne prennent leurs consignes que du recteur et du ministère de
l’Éducation nationale, peuvent peut-être choisir d’affronter une réaction des
jeunes et des parents s’ils prennent la décision d’organiser un tel test, mais
n’ont aucun droit d’y contraindre les élèves. Des associations de parents, FCPE
ou PEEP, s’y opposent et appellent les parents élus au conseil d’administration
des lycées à voter contre. Enfin, les experts techniques dénoncent de toute
façon le peu de fiabilité de ces tests, par ailleurs couverts par le secret
médical.
En somme,
sous prétexte de lutte contre le décrochage, Pécresse se livre à une démagogie
de bas étage, stigmatisant les lycéens pour complaire à la bourgeoisie
francilienne. En revanche, elle continue à supprimer des emplois et à
restreindre ainsi l’encadrement des jeunes comme les offres d’activités
susceptibles de raccrocher les « décrocheurs ».
Mais en
matière de démagogie, elle risque d’être battue sur le fil par les élus
régionaux Modem qui surenchérissent en proposant, eux, l’analyse par
spectrométrie de masse des eaux usées des lycées. Tant qu’à patauger dans la
fange…
Viviane
LAFONT (Lutte ouvrière n°2496)
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