Mexique :
la police tue huit manifestants
Lors d’une manifestation
d’enseignants, le week-end des 18 et 19 juin, huit personnes ont trouvé la mort
dans l’État de Oaxaca, soit six manifestants et deux journalistes tués par les
tirs de la police.
Le
gouvernement de Peña Nieto a d’abord nié les faits, dénonçant des manifestants
armés imaginaires, mais il est assez vite apparu que seule la police avait
tiré.
Depuis
le 15 mai dernier, la Confédération nationale des travailleurs de l’éducation
(CNTE), le syndicat des enseignants, est en lutte. Il a appelé à une grève
illimitée contre une réforme éducative qui entend privatiser l’enseignement et
renforcer le contrôle des enseignants, ce que ceux-ci perçoivent comme une
tentative d’affaiblir un syndicat combatif. Outre les huit morts, la répression
a fait une cinquantaine de blessés parmi les manifestants.
Les
explications changeantes du gouvernement alimentant une suspicion déjà grande contre
lui, cela l’a obligé à promettre une commission d’enquête qui, comme d’autres
dans le passé, n’aboutira vraisemblablement qu’à obscurcir les événements.
Le
gouvernement dénonce déjà la participation de manifestants « étrangers au
mouvement », à quoi la CNTE rétorque que celui-ci dépasse le cadre des seuls
enseignants et entraîne une partie de la population, notamment dans le Sud du
pays.
Cette
nouvelle affaire tombe mal pour la présidence au moment où elle lançait une
réforme pénale destinée à redorer le blason de la justice mexicaine
singulièrement terni. En effet, selon une étude universitaire, 99 % des délits
commis dans le pays ne sont jamais punis tandis que des innocents peuvent
croupir en prison ou être abattus par des forces de répression.
Personne
n’a oublié l’horrible répression qui a frappé 43 élèves enseignants en
septembre 2014, et là aussi la lumière n’a jamais été faite par les autorités.
Le
Mexique est un État gangrené par la corruption et les trafics en tous genres où
s’entremêlent responsables officiels et mafieux des cartels, tandis que les
dirigeants politiques font taire les travailleurs combatifs, y compris par la
force. Après le syndicat des électriciens réprimé au cours des dernières
années, le régime s’attaque maintenant aux enseignants qui, à juste raison,
n’ont pas l’intention de se laisser faire.
Jacques
FONTENOY (Lutte ouvrière n°2499)
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