Des fausses larmes tellement
intéressées
Le
chanteur Prince vient de mourir. Le journal Le Monde titre sur internet :
« Le monde
abasourdi par la mort de Prince ». Rien que cela.
Valls a réagi : « Prince, ce génie
créatif, vient de tirer sa révérence. Les larmes sont, ce soir, “purple”,
pourpres », a tweeté Manuel Valls, se trompant légèrement dans la traduction de
« purple » (« violet »).
Ces derniers jours, 500 migrants sont
morts en Méditerranée. En revanche, là, un silence quasi-général. Quant à Valls
et Hollande, aucune larme, fut-elle de crocodiles.
Sur le sort des migrants, ici, ci-dessous, un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine. En vente ce soir vendredi à la permanence de Lutte ouvrière, de 17 heures 15 à 18 heures 15, devant Chez Paul, au carrefour Babou.
Calais : Hollande décidé à traquer les migrants
Jeudi
14 avril à la télévision, Hollande a parlé des réfugiés en des termes que la
droite ou l’extrême droite n’auraient pas reniés. À propos de la destruction
récente d’une partie du bidonville de Calais par la police, il s’est félicité
de ce que le ministre de l’Intérieur ait « nettoyé la jungle de Calais ».
« Nous allons
continuer »,
a-t-il précisé, en évoquant la perspective de sa destruction complète. Comble
d’hypocrisie, Hollande a justifié ce démantèlement par la nécessité de s’en
prendre au « dénuement le plus total » dans lequel vivaient ces
personnes, et de leur permettre de « rester dans des conditions dignes… mais
le moins longtemps possible » !
L’opération de police, qui a duré trois
semaines, a consisté à chasser violemment de leur campement les 3 500 migrants
qui y vivaient, et à démolir systématiquement les abris qu’ils avaient
construits avec l’aide des associations afin de rendre leurs conditions moins
invivables. C’est pourtant l’État lui-même qui, il y a un an, pourchassant les
réfugiés de leurs squats dispersés dans la ville, les avait concentrés dans
cette zone périphérique où il tolérait leur présence.
Le bidonville compte aujourd’hui encore
5 000 habitants selon les associations. La plupart de ceux qui habitaient la
zone sud qui vient d’être rasée se sont réinstallés dans la zone nord du même
bidonville, avec plus de promiscuité et de précarité, ce qui augmente les
risques d’incendie et les tensions entre les communautés. D’autres réfugiés
sont partis pour des campements sauvages dans des conditions encore pires, aux
alentours ou sur la côte bretonne ou belge, et même à Paris. Certains sont
parvenus en Grande-Bretagne, puisque les passages continuent, bien que toujours
plus difficiles et à faible rythme. D’autres ont finalement intégré le camp de
Calais créé par l’État, un camp fermé sous surveillance composé de conteneurs,
si inhospitalier qu’il était resté jusque-là à moitié vide. Et il y a enfin
ceux qui, renonçant au passage, sont partis à l’autre bout du pays, dans les «
centres de répit » prévus par le gouvernement pour qu’ils y « réfléchissent
à leur projet migratoire ». Quel cynisme ! En effet, depuis octobre 2015,
les agents des « maraudes sociales » organisées par le préfet cherchent
à convaincre les réfugiés de quitter Calais contre la promesse d’un hébergement
dans ces centres et la possibilité de demander l’asile en France. Mais, malgré
quelques réussites, la majorité de ceux qui ont accepté ce chantage se
retrouvent dans des communes lointaines, isolés, sans accompagnement sauf
l’aide des associations du voisinage. Beaucoup sont aujourd’hui menacés d’être
jetés à la rue ou expulsés. Cette impasse les amène à revenir sur Calais.
Les gouvernements anglais et français
sont responsables de cette situation tragique pour les réfugiés, responsables
aussi de la montée des préjugés anti migrants que leur politique alimente. La
seule solution est d’ouvrir les frontières et de reconnaître à tous le droit de
circulation.
Correspondant LO
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