Une connaissance très approximative de sa commune
le maire (LR) d’Argenteuil vient
de commettre un article dans la rubrique « idées » du journal Le
Monde où il tente de contrer l’image d’Argenteuil véhiculée par certains médias
et certains politiciens, image qu’il a dans le passé contribué à construire, en
ne refusant pas d’être aux côtés de Sarkozy sur la « Dalle » il y a
dix ans, ou avec l’affaire du Malodor.
Nous
ne ferons pas un commentaire de son article, mais nous en aborderons quelques
points seulement. D’abord sur le titre : « Argenteuil n’est pas un
« Molenbeek français »,
comme si pour défendre l’image de sa ville il avait besoin de s’attaquer à une
autre. Les habitants de cette ville qui dans leur immense majorité n’ont ni à
voir avec le salafisme ni avec le terrorisme apprécieront.
Ensuite, G. Mothron a l’art des
réflexions à l’emporte-pièce
- « des populations, certes
en grande partie immigrées ». Qu’est-ce que cela signifie ? Que la
grande partie de la population de la Ville ne serait pas de nationalité
française ? Pour près de 105 000 habitants, il y avait lors des
dernières élections régionales 53 000 inscrits. Vous éliminez les
habitants de moins de 18 ans… « En grande partie » ne tient
absolument pas. Il aurait pu dire qu’Argenteuil fut une ville d’immigration,
passée de 8000 habitants en 1870 à 105 000 aujourd’hui, grâce à l’immigration
intérieure et à celle venue des quatre coins du monde… Même lui, G. Mothron
dont paraît-il la lignée remonte au cœur du Moyen-Age a des ancêtres venus
d’Afrique, si-si, comme tout le monde.
- «Je ne veux pas nier la réalité
sociale de ma ville – chômage, délinquance, pratiques religieuses parfois
radicales-». Non, monsieur Mothron, cela n’est pas la réalité de votre ville, à
la rigueur, d’une fraction de votre ville !
- «La banlieue ne peut être
considérée comme un ghetto ». Certes, d’autant que vous savez très bien
au-delà du fait qu’il n’y a pas de ghetto dans votre commune, qu’il y a
banlieue et banlieue. Demandez-le à vos collègues de Neuilly, Levallois, Rueil…
-« la capacité à intégrer le
monde du travail ». Comme si la « classe dangereuse » à la
vision de laquelle vous avez été peut-être formée avait besoin d’être intégrée
à la société dont elle est en revanche l’élément productif moteur !
-Nos territoires de la périphérie
parisienne présentent certes des poches de pauvreté, mais il ne faut pas les considérer
comme des terres sans espoir, des culs-de-sac de la promotion sociale ».
C’est le moins que l’on puisse dire, M. Mothron !
Avec
ces formules à « l’emporte-pièce » vous ne pouvez présenter une image
réelle de la commune. Mais le cherchez-vous vraiment ? Car en revanche, cette tribune est l’occasion
de répéter votre plaidoyer pour justifier ce que vous appelez votre arrimage à
la Métropole du Grand Paris : « Nous avons besoin, nous, communes
pauvres de banlieue, d’un arrimage solide aux territoires en croissance. Notre
destin et celui de nos populations sont davantage liés aux potentialités que
ces territoires nous offrent sur le plan économique, culturel et éducatif, qu’à
un énième plan d’assistance. »
Certes,
ce n’est pas d’un « énième plan d’assistance » dont une commune comme
Argenteuil (et à l’image de bien d’autres) a besoin. Certes, dans le cadre d’un
développement où l’harmonie et l’égalité des territoires seraient l’objectif,
l’arrimage qu’évoque le maire d’Argenteuil pourrait avoir un sens. Au-delà de
la volonté, cela exigerait des moyens et un plan pour y parvenir. Du
socialisme, le vrai en l’occurrence. A défaut, l’arrimage peut-être celui d’un
bateau à la dérive remorqué par un remorqueur Abeille !
L’affaire
de l’espace « Jean Vilar » pourrait illustrer l’effet pervers que le
faux intérêt pour Argenteuil pourrait avoir : celui d’être espace destiné
aux appétits des prédateurs.
Pour lire
in extenso la tribune de G. Mothron :
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