Quand la
barbarie du monde nous rattrape
Cela se
passe en Syrie, en Turquie, en Israël, dans les territoires palestiniens
occupés. C’est en Irak, en Libye, au Yemen, au Nigeria ou en Afghanistan. C’est
à des milliers de kilomètres d’ici. Mais même ceux qui veulent ne pas voir ne
peuvent pas faire comme si cela n’existait pas.
Parce que
les victimes de ces guerres sont jetées sur les routes par centaines de
milliers et frappent aujourd’hui à nos portes. Parce qu’avec la menace du
terrorisme, nous payons les contrecoups de ces oppressions et de ces guerres.
Et ce
n’est pas un hasard : notre gouvernement est coresponsable de cet enfer.
Parce qu’il bombarde en Irak et en Syrie. Parce qu’il apporte son soutien à
l’État d’Israël, au gouvernement turc et aux dictatures du Golfe. Parce qu’il
manœuvre en Afrique pour que la bourgeoisie française continue d’exploiter les
richesses de ce continent. Cette barbarie ne peut pas ne pas rejaillir sur
nous.
Elle
aggrave d’ores et déjà le cours réactionnaire dans lequel l’Europe est engagée
depuis quelques années. De partout en Europe, la crise, le chômage de masse et
les politiques anti-ouvrières menées par tous les gouvernements, de gauche ou
de droite, ont affaibli les partis gouvernementaux au profit de partis
souverainistes anti-immigrés.
Ces
partis d’extrême droite, pour différents qu’ils soient, ont en commun de
s’appuyer sur des peurs et des préjugés et de les attiser. Ils sont partout
profondément réactionnaires et anti-ouvriers.
Mais si
l’extrême droite est championne du repli sur soi, elle n’est pas la seule force
politique à pousser dans ce sens. La volonté affichée par tous les dirigeants
européens de renforcer les frontières européennes, d’expulser ceux qui ne sont
pas considérés comme de « vrais réfugiés » et même de rétablir des frontières
au sein de l’espace Schengen, en témoigne.
Ici en
France, sans même parler du Front national qui joue sur les préjugés les plus
crasses, comment la droite et les socialistes présentent-ils les
migrants ? Non pas comme des victimes, mais comme des indésirables !
Non pas comme des femmes et des hommes qui nous ressemblent, mais comme des
« fardeaux » ! Qu’un élan de solidarité s’exprime, et la
propagande mensongère et honteuse se met en marche pour marteler qu’il ne faut
pas créer d’appel d’air.
Tout est
fait pour que nous taisions nos sentiments de fraternité. Tout est fait pour
nous convaincre que les migrants représentent une menace pour nous et nos
enfants. Tout cela pour accréditer, ouvertement ou hypocritement, l’idée que le
salut viendra du protectionnisme, de la méfiance à l’égard de l’étranger, des
frontières voire des barbelés.
La France
et la Grande-Bretagne - deux pays riches pour lesquels absorber quelques
dizaines de milliers de migrants n’est pas un vrai problème - en sont à
s’accuser mutuellement pour ce qui se passe à Calais. En Allemagne et en Suède,
des minorités d’extrême droite s’organisent pour incendier des foyers de
réfugiés. Combien d’autres racistes, portés par le climat actuel, se sentiront
autorisés à s’attaquer aux immigrés ?
Dans les
années 1990, en Yougoslavie, la démagogie xénophobe a débouché sur la
constitution de milices puis sur la guerre civile. Il y a deux ans, dans l’est
de l’Ukraine, on a vu comment ces mêmes réflexes ont dégénéré en escalade
guerrière.
Si on n’y
prend garde, la barbarie du monde, la xénophobie, les guerres nous
rattraperont. Le nationalisme, la méfiance généralisée nous ont déjà rattrapés.
Il faut que les travailleurs conscients prennent le contrepied de cette
évolution délétère.
Ce n’est
pas en se barricadant derrière des frontières qu’on se protégera du fléau du
chômage, de la concurrence et de la misère du monde. Ces méfaits ne viennent
pas de l’extérieur, mais de l’intérieur de notre société. Ils sont propres au
capitalisme, et on ne s’en débarrassera qu’en renversant ce système.
Tout se
tient : les bombes là-bas, l’exploitation et le chômage ici. Car elles ont
une source commune, la course au profit et la domination d’une minorité sur
toute la société.
La seule
force capable de renverser cette domination est la classe ouvrière consciente
de ses intérêts et organisée à l’échelle internationale. Cela commence par
comprendre que toutes les victimes du capitalisme ont le même intérêt
fondamental de mettre fin à ce système aussi injuste qu’inhumain.
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