Pour
combattre le FN : le chemin de la lutte de classe
Dans la perspective des élections
départementales du 22 mars, le Front national se trouve une fois de plus au
centre du débat. Au-delà des campagnes politiciennes du PS et de l’UMP se présentant
en rempart contre le FN, au-delà des titres des médias prédisant une poussée de
l’extrême droite, l’inquiétude est réelle parmi les travailleurs et l’électorat
de gauche.
En effet,
autour de l’électorat traditionnel de l’extrême droite, grossi depuis quelques
années des déçus de la droite, s’agrègent désormais des travailleurs dégoûtés
par une gauche pour laquelle ils votaient traditionnellement, et des jeunes
sans tradition politique. Certes, cette tendance reste pour l’instant dans un
cadre électoral, et des millions de travailleurs déçus de la gauche se
contentent de marquer leur désaveu en s’abstenant. Il faut pourtant lui
chercher une réponse.
Elle ne
peut pas venir du PS. Ses attaques contre les travailleurs, sa soumission aux
intérêts du capital, son mépris affiché pour les pauvres, l’arrogance de ses
dirigeants amènent chaque jour des voix au FN. La prétention affichée de Valls
d’être le rempart contre l’extrême droite n’enlèvera pas une seule voix au FN
et convaincra bien peu d’ouvriers abstentionnistes de revenir aux urnes. Tout
au plus le Premier ministre espère-t-il récupérer dès le premier tour des
électeurs écologistes ou Front de gauche. Cela suffirait peut-être à son
bonheur électoral, mais ne réglerait en rien la question de la montée des idées
réactionnaires dans le monde du travail, ni celle de la progression électorale
du FN.
La
solution ne peut pas venir non plus des dirigeants du PCF : à cause de toute sa
politique passée, les électeurs de gauche déçus les mettent avec quelque raison
dans le même sac que le PS.
La
solution ne peut venir d’aucune combinaison électorale. En vérité, elle ne peut
absolument pas venir des élections. Et c’est bien la première chose à dire aux
travailleurs tentés par le FN. C’est le grand patronat qui écrit la musique. Le
gouvernement, qu’il soit PS, UMP ou éventuellement FN, se contente de
l’interpréter. Le Pen défend l’exploitation capitaliste, la propriété privée,
le profit. Arrivée aux affaires, elle ferait au gouvernement la politique du
grand capital. Licenciements, bas salaires, économies sur les budgets sociaux,
abandon des classes populaires et des quartiers ouvriers, tout continuerait. De
ce point de vue, et c’est la base de tout, Le Pen n’apporterait aucun
changement.
La
différence, et elle pourrait être lourde de conséquences, c’est que le FN
défendrait le profit en faisant baisser les salaires à coups de bâton, contre
les immigrés d’abord, contre tous les travailleurs ensuite. Ce serait peut-être
des voix de travailleurs salariés déboussolés qui lui auraient permis de faire
la différence dans les urnes, mais c’est la pression des petits patrons
hargneux composant l’essentiel de sa clientèle et de ses cadres qui lui
servirait à mettre au pas les travailleurs. Pour ces gens-là, les travailleurs
sont toujours trop payés, manquant d’ardeur au travail, trop enclins à suivre
les syndicalistes.
Pour
lutter contre l’influence du FN parmi les travailleurs, il faut s’adresser à
eux sur une base de classe et leur montrer en quoi Le Pen, comme le PS et comme
l’UMP, milite pour la classe des exploiteurs. Il faut leur dire que personne
d’autre qu’eux-mêmes ne défendra leurs conditions de vie, leurs emplois, leurs
salaires. Il faut faire appel à leur conscience de classe et militer pour
qu’elle reprenne vigueur.
Paul GALOIS
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