Hépatite
C : la logique du profit
Depuis le début de
l'année, les malades atteints d'hépatite C, une maladie virale du foie, peuvent
bénéficier d'un nouveau médicament, le Sovaldi. Il représente un véritable
progrès pour les 185 millions de patients dans le monde, son efficacité
étant démontrée dans 90 % des cas. Près de 350 000 décès
pourraient ainsi être évités chaque année.
Mais, dans cette société, tout,
y compris les médicaments, est prétexte au profit maximum, et le Sovaldi est
une véritable poule aux œufs d'or pour son fabricant, le laboratoire américain
Gilead. Aux USA, un traitement de trois mois revient à 60 000 euros,
en France à 56 000 euros, en Allemagne à 49 000 euros et en
Grande-Bretagne à 44 000 euros. Ainsi, pour traiter les
200 000 malades en France, l'Assurance-maladie devrait rembourser un
milliard d'euros par an.
Ces prix sont d'autant plus
scandaleux que la société Pharmasset, qui avait mis au point le Sovaldi, avait
proposé le prix déjà élevé de 18 000 euros par patient. Mais, après
son rachat par Gilead pour 11 milliards de dollars en 2012, celui-ci a
quasiment quadruplé son prix. Ce faisant, l'action Gilead a augmenté de
41 % à Wall Street, où le laboratoire « pèse » maintenant
160 milliards de dollars.
Devant les protestations de
tout bord, organisations humanitaires mais aussi responsables des services de
santé, le ministère de la Santé a annoncé la mise en place d'un mécanisme de
régulation applicable dès 2014. Si les dépenses de remboursement dépassent
450 millions d'euros en 2014 et 700 millions en 2015, Gilead devrait
reverser à l'État une contribution calculée en fonction du chiffre d'affaires
réalisé. Mais pour le moment tout cela reste théorique.
Pour faire preuve de bonne
volonté, notamment envers les malades des pays du tiers-monde, Gilead a
autorisé des laboratoires de médicaments génériques à produire à bas coût le
Sovaldi, moyennant des royalties dont le montant reste secret. En Inde, trois
mois de traitement coûteraient 900 euros et en Indonésie
2 000 euros. Mais il n'est même pas sûr que ces prix revus à la
baisse permettront d'assurer la prise en charge des malades de ces pays
pauvres. Ainsi, des experts sanitaires estiment qu'en Indonésie, il faudrait
consacrer la totalité du budget indonésien de la santé pour traiter seulement
un patient sur deux...
Les avancées thérapeutiques
majeures sont là, les malades peuvent être soignés et guéris mais, comme pour
bien des maladies, Ébola, paludisme, tuberculose, rougeole, etc., la loi du profit
continue à faire des ravages.
Cédric DUVAL
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