lundi 13 octobre 2014

Hépatite C : la logique du profit. UN article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière



Hépatite C : la logique du profit

Depuis le début de l'année, les malades atteints d'hépatite C, une maladie virale du foie, peuvent bénéficier d'un nouveau médicament, le Sovaldi. Il représente un véritable progrès pour les 185 millions de patients dans le monde, son efficacité étant démontrée dans 90 % des cas. Près de 350 000 décès pourraient ainsi être évités chaque année.
      Mais, dans cette société, tout, y compris les médicaments, est prétexte au profit maximum, et le Sovaldi est une véritable poule aux œufs d'or pour son fabricant, le laboratoire américain Gilead. Aux USA, un traitement de trois mois revient à 60 000 euros, en France à 56 000 euros, en Allemagne à 49 000 euros et en Grande-Bretagne à 44 000 euros. Ainsi, pour traiter les 200 000 malades en France, l'Assurance-maladie devrait rembourser un milliard d'euros par an.
      Ces prix sont d'autant plus scandaleux que la société Pharmasset, qui avait mis au point le Sovaldi, avait proposé le prix déjà élevé de 18 000 euros par patient. Mais, après son rachat par Gilead pour 11 milliards de dollars en 2012, celui-ci a quasiment quadruplé son prix. Ce faisant, l'action Gilead a augmenté de 41 % à Wall Street, où le laboratoire « pèse » maintenant 160 milliards de dollars.
        Devant les protestations de tout bord, organisations humanitaires mais aussi responsables des services de santé, le ministère de la Santé a annoncé la mise en place d'un mécanisme de régulation applicable dès 2014. Si les dépenses de remboursement dépassent 450 millions d'euros en 2014 et 700 millions en 2015, Gilead devrait reverser à l'État une contribution calculée en fonction du chiffre d'affaires réalisé. Mais pour le moment tout cela reste théorique.
       Pour faire preuve de bonne volonté, notamment envers les malades des pays du tiers-monde, Gilead a autorisé des laboratoires de médicaments génériques à produire à bas coût le Sovaldi, moyennant des royalties dont le montant reste secret. En Inde, trois mois de traitement coûteraient 900 euros et en Indonésie 2 000 euros. Mais il n'est même pas sûr que ces prix revus à la baisse permettront d'assurer la prise en charge des malades de ces pays pauvres. Ainsi, des experts sanitaires estiment qu'en Indonésie, il faudrait consacrer la totalité du budget indonésien de la santé pour traiter seulement un patient sur deux...
       Les avancées thérapeutiques majeures sont là, les malades peuvent être soignés et guéris mais, comme pour bien des maladies, Ébola, paludisme, tuberculose, rougeole, etc., la loi du profit continue à faire des ravages.
                                                                   Cédric DUVAL




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