samedi 20 septembre 2014

Conseil municipal d'Argenteuil du 17.09.14. : quelques éclairages ordonnés d'une assemblée dans le plus grand des désordres




Foire d’empoigne ? Arènes ? Combat de coqs ?
L’atmosphère de ce conseil pour ceux qui voulaient suivre tranquillement ce qui s’y disait était inacceptable, sur place ou sur le web. Les soutiens de la municipalité UMP mobilisés criant des horions tout au long des débats, rendant parfois ceux-ci inaudibles. Un maire incapable souvent de faire respecter la police de l’assemblée. Des mauvais gestes. Pratiquement une empoignade à l’intérieur même du groupe majoritaire,…
         Le clou de la soirée, si on peut dire, a été l’altercation dans le hall et la prise à partie d’élus de l’opposition qui avait demandé une suspension de séance pour discuter du document qu’ils n’avaient pas eu au préalable, portant sur la… police de l’assemblée (le règlement intérieur).
A la suite de cette algarade, cette opposition PS-Modem a quitté le conseil, ce qui a permis que les points suivants passent comme lettre à la poste. Ils portaient pourtant essentiellement sur les questions de la Petite enfance et de l’avenir des crèches municipales. Des personnels de ce service s’étaient pourtant déplacés et ont pu regretter qu’il n’y ait plus personne pour intervenir et contrer les dires de la municipalité sur le sujet.

1.Finances municipales

Le mieux serait de mettre sur la place publique l’ensemble des revenus de l’un et de l’autre
Dans le cadre de cette foire d’empoigne, il y a eu un grand moment à propos des revenus respectifs de l’ancien et du nouveau maire.
         Un point de l’ordre du jour concernait la suppression des « frais de représentation » du maire. P Doucet avait fait voter naguère pour ces derniers une somme de 9000 euros annuels. 800 euros mensuels, ce n’est pas rien. Lors du conseil d’hier, il s’agissait d’annuler cette attribution, suppression qui avait été oubliée après avril par la nouvelle municipalité. A cette occasion, la question de la « régie » a été évoquée, la régie, une sorte de caisse, contrôlée, mais ne relevant pas directement du budget municipal, et utilisée en liaison avec le cabinet du maire. Elle a connu, après 2008, une très nette augmentation, s’élevant à deux-trois dizaines de milliers d’euros annuels.
         Dans le viseur de G. Mothron, P. Doucet a répondu sur le même plan, en indiquant qu’avec ses revenus autres, le maire d’Argenteuil aurait pu se passer de recevoir une indemnité de maire que l’on subodore substantielle. Et P. Doucet d’aligner les ressources de l’édile : la retraite d’ancien parlementaire de M. Mothron, basée sur l’ancien système très avantageux, son indemnité de conseiller général, sa retraite personnelle de cadre du privé, sans oublier l’emploi durant son mandat de député d’un membre de sa famille comme attaché parlementaire…
         Pour, un total qui devrait faire rêver nombre de retraités, de chômeurs et de travailleurs ?

Avec un budget 2014 rectifié en déséquilibre, que cherche la municipalité ?

Tant que l’ensemble de la population ne contrôlera pas les chiffres et comptes qui lui sont annoncées, la sincérité d’un tel budget ne peut être vérifiée. Tous les doutes sont au contraire permis.
         Pas de surprise lors de ce conseil, par rapport à l’avalanche de documents et de déclarations livrées à la population depuis avril.
         La nouveauté est que le budget qui a été adopté hier au soir et qui modifie le précédent, est un budget en déséquilibre, ce que la loi interdit.
         Que diront les autorités préfectorales sur nouvel avis de la Chambre régionale des comptes ?
         La mise sous tutelle de la Ville d’Argenteuil, avec le risque d’une augmentation drastique des impôts locaux prise par le préfet ?
         Est-ce que c’est cela que cherche la municipalité UMP d’Argenteuil, pour se dédouaner, elle dont la diminution de ces impôts était une des promesses électorales ?
         Pour les communistes révolutionnaires de Lutte Ouvrière, non seulement, un élu devrait être révocable à tout moment, mais s’il doit, pour sa fonction, quitter son emploi, il ne peut toucher que le salaire moyen d’un ouvrier qualifié.
         Dire cela, pour le maire actuel comme pour son concurrent, c’est sans doute faire preuve de mauvais esprit et de dangereuses convictions « collectiviste » pour reprendre le vocabulaire du 1er adjoint. 

Le pouvoir des banques exploite les communes et étrangle parmi elles les plus pauvres

A Argenteuil, la dette de la Ville est très importante. Une épée de Damoclès pèse en outre sur celle-ci, avec les fameux emprunts toxiques « négociés » lors du premier mandat de la municipalité actuelle, et dont les risques qui leur sont liés demeurent toujours d’actualité.
         Mais, de plus, pour fonctionner au quotidien, des « lignes de trésorerie » sont nécessaires. L’une d’elle vient, selon l’adjoint aux finances, d’être refusée par les banques. La suivante n’est pas sûr d’être acceptée également, avec le risque d’une situation de « cessation de paiement ».
         Les banques se « goinfrent » sur les finances des communes, c’est-à-dire avec les sous des habitants. Plus de 12 millions de profits bancaires payés par Argenteuil en 2014 !
         Ces messieurs constatent, mais jamais, oh grand jamais, de la majorité ou de l’opposition, on les entend dire : « non au pouvoir de la finance », « moratoire sur la dette » !

Avec le regard compatissant des riches sur la misère
La sollicitude de la municipalité pour les contractuels licenciés, toute verbale, des larmes de crocodile, il y en eut de la part de la municipalité lorsque la situation des contractuels « remerciés » a été évoquée. Ce sont les larmes du bourreau à l’égard du condamné à qui il a tranché la tête.
         Ses chiffes : 170 non renouvellements réalisés à ce jour sur les 400 prévus à terme.
         Mais, en revanche, combien d’embauches « clientélistes » ?
         C’est le représentant du Modem qui a remis les pendules à l’heure : sans parler des ravages sur la vie de ces travailleurs et du service public, on nous parle d’économies, mais pendant deux ans, 70% de la charge des indemnités chômage versées à ces chômeurs pèseront sur les finances municipales qui les paieront ! Drôles d’économies !

Le Capital, c’est la menace
L’adjoint aux finances est revenu sur le différend qui oppose la Ville au géant du BTP Spie Batignolles à propos de la délégation de service public de parking.
         Jugeant le contrat signé avant 2008 entre Spie et la Ville dirigée par G Mothron, P. Doucet a rompu le contrat au cours de son mandat. Vinci, un autre géant, a pris le relais.
L’affaire est aujourd’hui devant les tribunaux, Spie réclamant le maintien de la garde du gâteau. Elle pourrait coûter à la Ville, selon l’adjoint, 15 millions voire bien davantage.
         L’ancien et le nouveau maire ont choisi, chacun, un groupe. Mais à aucun moment, ils n’en dénoncent une véracité qui fait peser sur la Ville une épée de Damoclès supplémentaire.

Hypocrisie

Les avis d’imposition sur la taxe d’habitation ne sont pas encore parvenus chez les habitants. Ils risquent d’être marqués par une hausse salée.
         La question a été évoquée lors du conseil municipal : les taux d’imposition n’ont peut-être pas augmenté, mais un abattement a été supprimé.
         C’est la municipalité précédente qui a majoritairement voté cette suppression, mais depuis avril, la municipalité actuelle qui la dénonce, a eu tout loisir pour engager la suppression dommageable de cet abattement, ce qu’elle s’est bien gardée de faire.

Quand Argenteuil valait bien une messe… très coûteuse !

Il a beaucoup été question lors de ce conseil des dépenses d’ « investissement » de la municipalité précédente. La droite, finalement, outre le kiosque à fleurs reconstruit carrefour Babou ne conteste guère que la réfection du parvis de la basilique, et la transformation du site de l’abbaye de feu Héloïse. Oui, ces dépenses pouvaient attendre. Nous les découvrîmes, alors qu’elles étaient en cours, comme les autres Argenteuillais.
         Mais nos détracteurs d’aujourd’hui contestèrent-ils alors cette dépense qui pouvait effectivement attendre ?
         Non, pas du tout, en tout cas publiquement, ils rivalisèrent même de présence autour de l’invité d’honneur, l’évêque du département, le jour de l’inauguration du site ! 

Ils augmentent la note

 Le conseil municipal a voté une hausse de la taxe locale sur le prix de l’électricité : 3 % de plus.
            Une broutille ?
            C’est dans les petites choses que l’on reconnaît les amis et les ennemis des milieux modestes.

Mot…ion. Oui, que des mots !

La discussion au sujet du vote de la motion de l’Association des maires de France revendiquant l’annulation des futures ponctions de l’Etat à l’encontre des collectivités locales (11 milliards) a été un grand moment d’hypocrisie communale.
         Comme si la municipalité d’Argenteuil voulait engager les habitants de la commune à se battre contre l’Etat qui défend le Capital contre le Travail.
        Comme si on n’était pas à la veille des élections sénatoriales propices à toutes les manœuvres.
         Comme si le sort des plus modestes et le maintien du service public, évoqués lors de la discussion de ce point, n’était pas le cadet des soucis de la municipalité. Preuve, le contenu des autres points de l’ordre du jour.

Un petit verre d'amitié, ça nous suffit

Parmi les économies envisagées, il y a la réduction de la « flotte de véhicules » municipaux, et la suppression des vœux du maire.
Prenons le cas du maire. Il n’a pas de voiture personnelle ? Et en cas de déplacement hors Argenteuil lié à sa fonction, il pourrait bien sûr bénéficier d’un chauffeur occasionnel ? Cette réduction est envisagée ? La commune lui remboursera ses frais, au kilomètre, pas de problème.
            Quant aux vœux du maire. Les 95 % des Argenteuillais qui n’y étaient pas invités s’en passeront. Et pourquoi faire toujours du tralala qui coûte des cents et des milles ?
Elle prévoit une économie  de 200 000 euros en frais de réception. En verres, prix de gros : 2 millions de verres d'économies.
            Un petit verre pris avec les habitants dans tous les quartiers, ça doit suffire. Pour Argenteuil, ça doit faire 50 000 verres pour les adultes, maxi  ! Avec 5000 euros, ça aurait suffi.

2.Service municipal des crèches et de la petite enfance, Maison des femmes

Crèches et petite enfance : changement de cap. Vers le naufrage ?

Plusieurs points étaient consacrés à la très petite enfance. Ce sujet très important n’a donné lieu à aucune discussion, l’opposition ayant quitté les lieux suite à une algarade dans le hall lors d’une suspension de séance.
Face aux diverses transformations qu’elle a votées, pour la municipalité, il n’y a aucun problème, tout « baigne, et puis les parents n’ont pas protesté, alors c’est qu’il n’y a aucun problème !
La réalité doit être aux antipodes. Comme l’exprimait le regard désabusé du petit groupe de personnels du secteur, resté présent jusqu’à ce moment de l’ordre du jour.
 MJ Cayzac, conseillère municipale MUP,  dans l’intervention qu’elle avait prévue sur le sujet écrit : les délibérations proposées « pourraient apparaître de pure forme mais qui sont de fait, une véritable réforme politique de la prise en charge des jeunes enfants dans notre ville. »
Nous avons le sentiment que ce n’est là que la pure  réalité. 

Compter sur l'initiative du "privé" pour sauver les crèches ?
A d'autres !
Je reviendrai sur ce que M-J Cayzac comptait déclarer au conseil municipal, un point de vue qui donne des éléments éloquents sur ce changement de cap. A suivre donc.
Pour ceux qui veulent déjà retrouver l'intégralité de son texte :


Les services rendus aux femmes par la Maison des femmes, un avenir incertain
Lors de ce conseil, l’adjoint au maire aux affaires sociales a répété que la Maison des femmes serait certes déplacée mais qu’elle continuerait à exister et à être identifiée comme telle. Mais, lors du même conseil, le départ d’Agnès Lacroix a été annoncé. Cette directrice adjointe chargée des affaires sociales avait porté ce projet de la Maison des femmes.
         Bref, tout un symbole.
         La Maison des femmes demeurerait, mais comme une coquille vide ? D’autant qu’une Maison des familles, dont la création a été évoqué, semble concentrée l’intérêt de la municipalité.
La Maison des femmes doit être défendue plus que jamais, avec ses services au bénéfice des femmes, avec le personnel correspondant.

3.Subvention :

Vive les foyers de jeunes travailleurs, à bas le localisme étroit.

Une délibération portait sur la subvention municipale au foyer de jeunes travailleurs Daniel Féry du Val-Nord. Celle-ci, d’un montant de 60 000 euros, a bien été votée, mais avec une baisse de 6000 euros sur l’année précédente.
         Quant au jeune et très fringant adjoint qui a présenté la délibération, il s’est cru très malin et très dans la ligne, en avançant l’idée qu’il faudrait peut-être  penser à l’avenir à faire cracher au bassinet les autres communes, au motif que les locataires originaires d’Argenteuil ne sont qu’une partie des occupants du foyer.
         Mais, ce foyer d’Argenteuil n’est pas le seul à l’échelle du pays, et l’on peut parier qu’il y a bien plus de jeunes originaires d’Argenteuil qui logent dans des foyers aux quatre coins du pays, que l’inverse. Attention, ces  communes cherchent, elles aussi, des sous !

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