Climat : la conférence des irresponsables :
Une conférence
sur le climat a débuté le 23 septembre à New York. Elle regroupe
125 chefs d'États, qui rivalisent d'autant plus au niveau des discours
qu'ils ne veulent absolument rien faire qui aille contre les intérêts des
capitalistes. Ce sont pourtant ces capitalistes qui orientent l'activité
économique mondiale et ne voient pas plus loin que leurs profits les plus
immédiats, au détriment des conditions de vie des habitants de la planète.
Le dimanche 21 septembre à New York plusieurs centaines de milliers de
personnes ont manifesté leur inquiétude sur l'avenir du climat. Toutefois, les
participants à cette manifestation véhiculaient des illusions puisque la
banderole principale implorait : « Messieurs les chefs d'États :
agissez ! » Ce qui a permis à Ban Ki-moon, le secrétaire général de
l'ONU, de s'y pavaner comme d'ailleurs Laurent Fabius et Ségolène Royal.
François Hollande, qui prépare le sommet suivant qui aura lieu à Paris en
décembre 2015, se montre aussi à New York pour discourir sur le climat des deux
côtés de l'Atlantique. Pas de quoi s'inquiéter pour les intérêts des
actionnaires des grandes entreprises comme GDF Suez, Veolia et EDF, dont les
PDG font partie de la délégation française.
La grand-messe de New York est aussi l'occasion pour les héritiers de la
fortune de Rockefeller, bâtie il y a plus d'un siècle sur le pétrole, de se
donner le beau rôle en proclamant qu'ils vont à présent diversifier leurs
investissements vers d'autres types d'énergie.
Le précédent sommet mondial sur le climat, à Copenhague en 2009, n'avait
débouché sur aucune mesure de nature à contraindre les dirigeants de l'économie
à se comporter de façon responsable. Les quelques mesures présentées comme des
avancées il y a cinq ans n'ont pas été suivies d'effets, comme ce « Fonds
vert pour le climat » qui devait mobiliser 100 milliards de dollars
et qui est encore presque totalement vide.
Il n'est donc pas étonnant que les scientifiques ne constatent aucun
ralentissement du réchauffement planétaire et tirent à nouveau le signal
d'alarme, comme ils le font depuis une vingtaine d'années.
Il existe pourtant bien des avancées technologiques prometteuses, des
expérimentations à l'échelle d'un bâtiment, ou parfois d'un quartier, qui
montrent que l'humanité pourrait se développer sans émettre trop de gaz
carbonique et compromettre l'avenir. Mais en régime capitaliste, l'économie est
dominée par de grands groupes industriels et financiers qui n'ont comme
objectif que de maximiser leurs profits quelles qu'en soient les conséquences
pour la santé de leurs salariés et pour l'environnement.
Quand bien même cette petite minorité bourgeoise prendrait conscience des
dégâts que sa soif de profit provoque sur le climat, elle est de toute façon
incapable de maîtriser sa propre économie et de l'organiser de façon
rationnelle. Il est d'ailleurs significatif de constater que la seule période
récente où les rejets de gaz carbonique ont un peu diminué est la période
suivant la crise financière de 2007-2008, qui a provoqué une chute de la production
mondiale et une hausse dramatique du chômage.
Le sommet de New York n'aura probablement pas plus d'effets que ses
prédécesseurs à Rio, Kyoto ou Copenhague. Les dirigeants politiques qui s'y
rassemblent sont les défenseurs d'un système basé sur la liberté des
capitalistes d'agir à leur guise. En France, Hollande et Valls se vantent
d'ailleurs de faire tout leur possible pour libérer les entreprises des
contraintes de toutes sortes. Il ne leur reste alors qu'à utiliser ces réunions
internationales pour dédouaner la bourgeoisie de ses responsabilités et faire
des leçons de morale à la population.
Il est significatif qu'à cette occasion on voie resurgir une campagne qui
revient à accuser la population chinoise d'être le principal pollueur de la
planète. On assène ainsi des inepties nationalistes, à relents colonialistes et
racistes, sous couvert de statistiques qui démontreraient qu'« un Chinois
émet plus de gaz carbonique qu'un Européen ». Comme si un ouvrier, un
paysan ou un chômeur - chinois ou européen - avait un quelconque pouvoir de
décision sur le mode de fonctionnement de l'économie.
La maîtrise par l'humanité de la pollution et de ses effets sur le climat
impliquerait d'abord sa maîtrise de la vie économique. Cela voudra dire
l'arracher des mains de la bourgeoisie égoïste, et la réorganiser
rationnellement à l'échelle mondiale pour que la collectivité humaine n'en soit
plus victime.
Lucien DÉTROIT
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