Troupes françaises, hors d’Afrique !
Ce week-end, le ministre de la Défense Le Drian a réaffirmé
que l’intervention française en Centrafrique devait mettre fin au chaos
politique et assurer une transition démocratique d’ici 2014. Il ment avec u n aplomb éhonté !
Il y a un an, ce
même monsieur expliquait que l’intervention militaire au Mali durerait… trois
mois ! Les soldats français y sont encore, à plusieurs milliers, et pour
longtemps, car même si la France a organisé un semblant d’élections, rien n’est
réglé.
En Centrafrique,
l’intervention a démarré il y a dix jours. La France y a déployé 1 600 hommes
incapables d’atteindre leur objectif de désarmer les nombreuses milices. Pire,
depuis son intervention, une vague de pillages et de lynchages s’est développée
à l’encontre de la minorité musulmane. Avec 600 morts recensés par l’ONU en une
semaine, l’escalade meurtrière a franchi une nouvelle étape.
Loin d’enrayer la
montée de la violence, l’intervention française l’a envenimée. La minorité
musulmane accuse désormais les soldats français de faire le jeu des chrétiens.
L’hostilité à la présence de l’armée française s’est répandue jusqu’au sein de
la force africaine présente pour appuyer la mission de stabilisation. C’est
dire que l’armée française ne contrôle rien.
Hollande et Le
Drian promettent la paix et des élections libres, mais ils n’ont même pas la
volonté de ravitailler et d’assurer la survie de dizaines de milliers de
réfugiés qui se sont regroupés aux abords de l’aéroport, contrôlé pourtant par
l’armée française !
Combien de temps
durera l’intervention française en Centrafrique ? Combien fera-t-elle de
morts des deux côtés ? Personne ne peut le dire. Le résultat fait en
revanche peu de doutes : la clique choisie par la France sera installée au
pouvoir au travers d’élections plus ou moins bâclées, elle conservera le
pouvoir le temps qu’une nouvelle rébellion ne vienne la renverser. Quant à la
tragédie humaine que constitue l’extrême dénuement dans un des pays les plus
pauvres de la planète, elle se poursuivra.
En 50 ans,
depuis l’indépendance des ex-colonies, la France est intervenue 40 fois en
Afrique. Nulle part elle n’a contribué à instaurer la démocratie et la
sécurité. Nulle part elle n’a conduit à faire reculer la misère et le
sous-développement.
En Centrafrique,
l’armée française est intervenue maintes fois avec le résultat que l’on connaît
aujourd’hui. Car en guise de démocratie, l’État français a toujours soutenu les
pires dictatures, y compris celle de l’empereur Bokassa, une des plus
délirantes et cruelles. Que le pays soit plongé dans la misère, privé d’écoles,
d’hôpitaux n’a jamais gêné les gouvernements français du moment que leur homme
était au pouvoir et que les affaires continuaient.
La France porte
une lourde responsabilité dans le chaos politique et l’arriération économique
de l’Afrique. Qu’elle joue aujourd’hui le rôle de sauveur est d’autant plus
révoltant qu’elle contribue encore au pillage du continent.
Si l’Afrique est
un enfer pour beaucoup de travailleurs et de pauvres africains, elle est un
eldorado pour Total, qui pompe le pétrole du Congo et du Gabon. Elle est un
eldorado pour Bolloré, qui domine ses principaux ports et réseaux de
transport ; pour Rougier, qui exploite ses bois précieux. Et que
deviendrait la prétendue indépendance énergétique de la France sans la
possibilité donnée à Areva d’extraire l’uranium du Niger ?
Quel que soit
leur domaine d’activité, toutes les grandes entreprises françaises, de Vinci à
Orange, en passant par Vivendi, Bouygues, Axa, Sagem, Eiffage, sont intéressées
par cette région où l’exploitation des matières premières comme des hommes est
si facile.
Le colonialisme
est fini, mais l’Afrique continue à être vidée de son sang et de ses richesses
comme au temps des colonies. C’est cette réalité que défendent les troupes
françaises basées en Côte d’Ivoire, au Tchad, à Djibouti ou ailleurs.
Oui, l’Afrique
reste l’arrière-cour de la bourgeoisie française. Oh, la France n’est pas la
seule puissance impérialiste présente ! Mais son passé d’ancienne
puissance colonisatrice fait d’elle la mieux placée pour jouer le rôle de
gendarme du continent, rôle que les grandes puissances lui délèguent de bonne
grâce parce qu’elles en profitent aussi.
L’armée française
protège la domination de la bourgeoisie française en Afrique et dans le monde.
L’intérêt des travailleurs de France est de dénoncer ses basses œuvres et
d’affirmer leur solidarité avec les peuples pillés, affamés et divisés.
Le bain de sang
qui menace aujourd’hui en Centrafrique est le sous-produit de la présence
impérialiste, la perpétuer est un crime. À bas l’intervention française en
Centrafrique et au Mali ! Troupes françaises, hors d’Afrique !
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