Rentrée scolaire : il y a loin du discours à la réalité
À quelques jours de la rentrée scolaire, le ministre de l'Éducation, Vincent Peillon, se vante d'avoir effectué des recrutements massifs et amélioré la formation des professeurs. En réalité, le nombre d'enseignants titulaires continue à baisser et le gouvernement n'a fait que multiplier les CDD et aggraver les conditions de travail des jeunes enseignants.
17 000 nouveaux enseignants seront devant les classes à la rentrée. Il s'agit de stagiaires ; combien d'entre eux seront titularisés à la fin de l'année ? Et même s'ils l'étaient tous, cela ne compenserait pas les 22 000 départs à la retraite prévus.
Pour ces jeunes, stagiaires pour un an, le « retour de la formation des enseignants » promis par le gouvernement est un leurre : ils n'auront droit qu'à quelques jours d'accueil avant la rentrée et à une décharge de 3 heures par semaine pour se former. Cette année, comme les précédentes, les jeunes enseignants vont donc se retrouver devant des classes, souvent difficiles, sans préparation et avec un accompagnement minimal.
À côté de ces enseignants stagiaires, le gouvernement a créé, pour cette rentrée, un nouveau statut d'étudiant-enseignant en alternance. Environ 20 000 jeunes ont passé en juin dernier un concours exceptionnel. Ils enseigneront à la rentrée 6 heures par semaine, après avoir signé un CDD d'un an avec un rectorat. Le reste du temps est censé être consacré à leur formation dans de nouvelles écoles, les ESPE (Écoles supérieures du professorat et de l'éducation), qui remplacent les IUFM supprimés par la droite. Cela ressemble beaucoup à ce qui existait avec ces IUFM, mais avec une différence de taille : ces étudiants seront payés deux fois moins qu'un stagiaire (environ 850 euros brut) et devront encore passer la deuxième partie de leur concours en juin 2014 pour espérer devenir stagiaires l'année suivante. En ayant commencé à travailler en septembre 2013, ils seront donc peut-être titularisés au plus tôt en septembre... 2015 ! Quant à ceux qui seront recalés au concours de juin après avoir enseigné pendant toute l'année, ils iront grossir les rangs des contractuels que les chefs d'établissement utilisent pour boucher les trous.
Il faut ajouter à cela une autre invention du gouvernement : les « emplois d'avenir professeurs », de jeunes boursiers recrutés dès la deuxième année d'université pour, officiellement, « se préparer » au métier d'enseignant en échange d'une indemnité d'un peu plus de 200 euros, qui s'ajoute à leur bourse. Ils sont censés observer les enseignants... 12 heures par semaine ! Il faudrait être naïf pour croire qu'on ne leur demandera pas de remplacer enseignants, surveillants ou autres personnels en nombre insuffisant.
Derrière les belles déclarations de Peillon, c'est donc surtout la précarité qui continue à se développer dans l'Éducation nationale, au détriment des enseignants comme des élèves.
Claire Dunois
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