Il
y a 70 ans, le 27 mai 1943, la création du Conseil national de la
résistance : l'allégeance du PCF à De Gaulle et à l'ordre bourgeois
….
(suite)
La
peur de mouvements révolutionnaires
Au
mois de mai 1943, la défaite de l'Allemagne se dessinait et, pour les
états-majors et les hommes politiques bourgeois, il s'agissait de préparer la transition.
Le souvenir de la fin de la
Première Guerre mondiale était encore bien présent. En 1917,
après trois années de guerre, les mutineries au front, les grèves à l'arrière,
la colère et la haine des fauteurs et profiteurs de guerre, avaient conduit à
la révolution en Russie, puis en Allemagne et en Hongrie, et dans nombre
d'autres pays à de puissants mouvements contestant le pouvoir de la
bourgeoisie. Ce souvenir venait d'ailleurs d'être ravivé, en mars 1943, par les
grèves ouvrières d'Italie. Il fallait empêcher que la fin de la guerre entraîne
de nouveau de tels mouvements révolutionnaires.
À
la question générale du maintien de son ordre social, la bourgeoisie française
ajoutait celle du maintien de son empire colonial, source d'une bonne partie de
sa richesse. Passer du camp des vaincus, celui de l'Allemagne, au camp des
vainqueurs, celui des États-Unis, et retrouver le statut de grande puissance
pouvait s'avérer délicat.
Il
allait falloir pour cela que l'État, son administration, son armée, soient
capables d'assurer l'ordre après le retrait de l'armée allemande et la fin du
régime de Vichy. Il allait aussi falloir continuer la guerre, faire repartir
l'économie, intervenir immédiatement le cas échéant dans les colonies. Pour
tout cela, de Gaulle avait besoin en particulier de l'allégeance du PCF et de
son engagement à ne pas mener, à la fin de la guerre, une politique
révolutionnaire. Staline, à la tête de l'URSS, avait assuré aux Alliés que les
Partis communistes sous sa coupe collaboreraient au rétablissement de l'ordre
bourgeois. Ceux-ci avaient d'ailleurs déjà largement montré, dans les années
trente, leur rupture totale avec une politique révolutionnaire.
(à suivre)
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