PSA Aulnay-sous-Bois : le bras de fer avec la direction continue – la grève tient bon
La grève à PSA Aulnay entre dans son troisième mois. Les
grévistes sont décidés à continuer le mouvement tant que la direction
n'aura pas annulé toutes les sanctions disciplinaires et poursuites
pénales.
Une deuxième réunion de négociations avec la direction de PSA et un
représentant de l'État a eu lieu mercredi 3 avril. Ces réunions ont été
imposées par la détermination des grévistes, qui ont dû
aller envahir la Direction générale du travail pour les obtenir. À cette
réunion, la direction est revenue sur les dix licenciements qu'elle
avait infligés à des grévistes pris au hasard, parmi ceux
qui s'étaient invités aux réunions de CHSCT (Comité d'hygiène et
sécurité-conditions de travail) relatives à son « Plan de sauvegarde de
l'emploi ». Mais pour les autres sanctions plus anciennes (six
menaces de licenciements et deux licenciements effectifs) elle parle
d'une nouvelle réunion... dans dix ou quinze jours. Elle fait donc mine
de ne pas être pressée. Mais les travailleurs en grève le
sont encore moins : eux n'ont pas besoin de voitures ! La grève tient
bon, la détermination est là.
La grève bénéficie d'un large soutien autour d'elle. Les soutiens
extérieurs ne tarissent pas, souvent accompagnés de chèques. Un concert a
été organisé à Bobigny par des associations et a aussi
rapporté un soutien financier. Lundi 8 avril juste après le vote
journalier de la grève, une manifestation a parcouru toute l'usine. Les
travailleurs présents ont marqué leur solidarité par des signes
d'encouragement et certains travailleurs ont même annoncé qu'une
collecte de soutien aux grévistes serait faite. Les discussions étaient
chaleureuses. La manifestation a permis aussi de constater que
la direction fait venir, en toute illégalité, des travailleurs d'autres
usines du groupe pour remplacer les grévistes.
Production bloquée
L'équipe d'après-midi a maintenant été mise en chômage partiel et la
direction va demander au gouvernement déjà bien complaisant qu'il la
dédommage pour assurer les salaires dans le cadre de la
convention APLD (Activité partielle de longue durée), autrement dit
l'accord sur le chômage partiel. Mais cela prouve aussi qu'elle a besoin
de sa production. Elle a espéré, en regroupant tous les
salariés sur une équipe, pouvoir atteindre l'objectif déclaré de
250 voitures par jour, alors que la cadence est de 704 habituellement.
Mais de toute façon, que l'objectif soit de 250 ou de 704, les
quelques voitures qui sortent des lignes sont des voitures
« poubelles », autrement dit qui ne valent pas grand-chose – des
non-grévistes refusant par solidarité de tenir plusieurs postes.
Le comité de grève a appelé tous les travailleurs de l'usine à
participer à la manifestation nationale du mardi 9 avril contre l'accord
national interprofessionnel. PSA a d'ores et déjà voulu
appliquer cet accord à sa sauce dans ses usines, en augmentant le temps
de travail d'une heure par jour à l'usine de Mulhouse sur les chaînes
qui produisent la 2008 ... alors qu'elle veut supprimer
11 200 postes dans le pays ! C'est une aberration sociale qui ne vise
qu'à enrichir encore plus la famille Peugeot et ses actionnaires.
Dans ce contexte, le gouvernement et les directions syndicales sont
aux abonnés absents, ce qui revient à soutenir la direction de PSA. Le
4 avril, au salon de l'Emploi public à Paris, les
grévistes sont allés interpeller la ministre Marylise Lebranchu, qui a
répondu qu'elle ferait suivre la revendication d'un médiateur auprès du
ministre Sapin. Mais elle a refusé de transmettre à la
ministre Christiane Taubira la demande de renoncer aux poursuites
pénales contre les grévistes... au nom de l'indépendance de la justice !
La grève continue, et les grévistes sont bien déterminés à poursuivre
leurs actions autant en direction des membres du gouvernement que du
patronat. Comme ils le disent : « On ira où on veut, quand
on veut ! »
Correspondant LO
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