Ceux
qui sabotent l’économie, ce sont les capitalistes
29/7/2024
Il n’y
a pas que la pluie qui a perturbé le début des Jeux Olympiques en arrosant la
coûteuse cérémonie d’ouverture. Sur le réseau ferroviaire, une partie de la
circulation des trains et donc des voyageurs a été arrêtée, suite à une « opération
de sabotage », selon les termes du ministère des Transports.
Dans la
nuit du jeudi 25 au vendredi 26 juillet, des cabines d’aiguillage de trois
sites de la SNCF ont été incendiées et des câbles de signalisation coupés. Un
quatrième site a été visé, mais l’arrivée de cheminots menant des opérations
d’entretien pendant la nuit a fait fuir les saboteurs. La localisation des
sites visés témoigne d’une connaissance précise des points névralgiques du
réseau ferroviaire. Ces opérations ont été menées de façon préparée et
coordonnée, et donc certainement mises en œuvre par une même organisation.
S’agit-il
de « l’ultragauche », pour reprendre le terme utilisé par les
journalistes et la police pour désigner la mouvance anarchiste et les Black
Blocs ? Un mail, envoyé à plusieurs médias et dénonçant les JO comme une mise
en condition des populations par les États, a revendiqué ces sabotages. Mais rien
ne prouve, selon la police elle-même, que l’origine des sabotages soit à
chercher de ce côté-là.
Ceux-ci
pourraient-ils avoir été commis par des membres de l’extrême droite ? Beaucoup
pourraient avoir les connaissances techniques utiles pour ce genre d’opérations.
Leurs liens étroits avec la police et l’armée pourraient leur avoir fourni
l’organisation et les réseaux nécessaires. Et on est dans un contexte où, ayant
eu le sentiment de s’être fait « voler la victoire » aux élections
législatives, certains à l’extrême droite pourraient vouloir peser d’une autre
manière.
En tout
cas, et quels que soient leurs auteurs, ces sabotages créent une gêne pour les
usagers, y compris pour des travailleurs partant en vacances, et une charge de
travail supplémentaire pour les cheminots, mobilisés pour réparer. Et qui cela
peut-il bien servir alors que le problème d’aujourd’hui est le sabotage à
grande échelle de l’économie dû à la domination de la classe des
capitalistes ?
Les
patrons de Valeo viennent d’annoncer la fermeture de trois de leurs sites et se
préparent à priver de leur emploi plusieurs centaines de travailleurs pour
augmenter les dividendes versés aux actionnaires. L’État sacrifie les hôpitaux,
les Ehpad, l’éducation, le transport et le logement pour pouvoir consacrer une
part toujours plus grande de l’argent public à favoriser l’enrichissement d’une
minorité de dynasties bourgeoises, comme les Arnault, Mulliez, Dassault,
Bouygues. Ce véritable sabotage ruine toute la société et la plonge dans le
chaos avec de tout autres conséquences que des pannes dans le réseau ferroviaire !
Le
simple fait qu’on ne puisse pas dire pourquoi et par qui ont été commises ces
dégradations montre qu’il ne peut rien en sortir de bon pour les travailleurs. Qui
la police et la direction de la SNCF vont-elles accuser maintenant ? S’en
prendront-elles à des cheminots, à des militants contestant leur politique,
sous prétexte que les sabotages nécessitaient une bonne connaissance du réseau
de chemin de fer ? De telles actions ont toujours été utilisées dans le
passé par les gouvernements pour justifier des mesures arbitraires et le
renforcement des lois répressives.
En
novembre 2008, des destructions commises là encore contre des infrastructures
ferroviaires avaient débouché sur ce qu’on a appelé l’affaire de Tarnac. Le
gouvernement de droite de l’époque, dirigé par Sarkozy, avait monté de toutes
pièces un prétendu complot de l’ultragauche, entraînant l’arrestation de
plusieurs personnes, qui n’ont finalement été mises hors de cause qu’au bout de
dix ans de procédure.
Les
travailleurs sont les seuls à pouvoir offrir un autre avenir à l’humanité que
cette société de crise et de guerres. Ils sont les seuls à pouvoir exproprier
les capitalistes, mettre fin à leur domination sur la société, et bâtir une
organisation économique rationnelle permettant au plus grand nombre de vivre de
leur travail.
« Du
pain et des Jeux – voilà ce qu'il faut au peuple pour qu'il soit
content », disaient les dignitaires de l’Empire romain, qui avaient le
même mépris cynique que les dirigeants du monde d'aujourd'hui rassemblés en
bord de Seine à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des JO. Mais dans le
passé, cela n’a jamais protégé les classes dominantes des révoltes et des
révolutions. Il en sera de même dans l’avenir !
Nathalie Arthaud