Russie –
États-Unis : duo de brigands
Après avoir déployé deux
sous-marins nucléaires supplémentaires face à la Russie et fixé un ultimatum à
Poutine pour qu’il cesse de bombarder l’Ukraine avant le 8 août, Trump a envoyé à Moscou
son émissaire spécial,
Steve Wittkoff.
Publié le 06/08/2025
Arrivé au pouvoir en jouant
l’homme de paix qui allait arrêter la guerre en Ukraine en huit jours et en
mettant en scène sa réconciliation spectaculaire avec Poutine, Trump est obligé
de montrer ses muscles pour ne pas apparaître comme le dindon de la farce. Il
menace donc de durcir les sanctions contre la Russie en visant les pays tiers
qui achètent les hydrocarbures russes : la Chine mais surtout l’Inde sur
laquelle les États-Unis ont plus de prise. Cela vaut à l’Inde de subir 25
% de taxes supplémentaires sur les marchandises que ses entreprises exportent
aux États-Unis.
Sur le fond, Trump n’a pas varié.
Les dirigeants américains estiment que la guerre en Ukraine, provoquée par
leurs pressions constantes contre la Russie depuis la chute de l’Union
soviétique et dont ils ont encouragé la poursuite depuis 2022, a assez duré.
Pour les affaires de leurs capitalistes comme pour leur domination sur le
monde, ils jugent qu’ils gagneraient à son arrêt.
Le sort de l’Ukraine, de sa
population bombardée, des soldats, ukrainiens ou russes, sacrifiés sur les
champs de bataille, ne sont pour rien dans ce calcul. Les capitalistes
américains veulent pouvoir exploiter tranquillement les richesses ukrainiennes,
les riches terres agricoles, les minerais comme les terres rares, et toutes les
entreprises dont ils ont pris possession en échange des armes livrées à
l’Ukraine. Ils voudraient aussi pouvoir faire des affaires directement en
Russie, exploiter les ressources naturelles de ce pays, bien plus grandes que
celles d’Ukraine, comme Poutine le leur a d’ailleurs proposé. Ils voudraient
aussi pouvoir associer plus ouvertement les dirigeants russes au maintien de
l’ordre impérialiste au Moyen-Orient et en Asie.
Si Poutine est tout à fait
disposé à cette collaboration économique et politique avec les États-Unis – et
cela fait certainement partie des discussions en cours –, il n’a aucune raison
de ne pas profiter de son avantage sur le terrain. Semaine après semaine, avec
un fort coût humain, les armées russes gagnent des morceaux de territoire
ukrainien, tandis que les troupes ukrainiennes sont épuisées, jamais relevées,
et la population poussée à bout. Pour arrêter la guerre, Poutine exige la reconnaissance
de l’annexion des territoires déjà conquis et la garantie que l’Ukraine ne
rejoindra pas l’Otan, voire sera démilitarisée.
Les dirigeants impérialistes, qui
n’ont jamais hésité à sacrifier des peuples entiers pour défendre leurs
intérêts, peuvent estimer que c’est aussi leur intérêt bien compris de
satisfaire maintenant les exigences de Poutine. Leur seule contrainte est de
pouvoir faire accepter ces sordides marchandages aux Ukrainiens et de trouver
un habillage, prétendument pacifique ou démocratique, pour le vendre à leur
propre population comme à leurs alliés. En attendant, soldats et civils
continuent de mourir chaque semaine en Ukraine et sur le front.
Xavier Lachau (Lutte ouvrière
n°2975)