mardi 1 juillet 2025

Argenteuil, conseil municipal, exit la Maison des femmes, un avis de décès qui acte une disparition de fait déjà ancienne

 

Maison ou pas, réelle ou pas, le combat des femmes continue

 

Étape : cour du Centre de santé, un printemps éphémère 

Certes, le sujet disparaîtra sans doute dans la torpeur du chaud conseil municipal de ce soir. Nous espérons qu’il n’en ira pas de même pour les femmes et les militantes féministes d'Argenteuil. En tout cas, cette décision qui relève d’une question au cœur de notre combat pour le socialisme ne nous laisse pas indifférents.

         La Maison des femmes qui n’avait plus depuis des années de maison des femmes que le nom va disparaître ce soir en tant que Maison des femmes. La municipalité a prévu de la renommer ce soir Maison Georges Sand, espace contre toutes les violences, même pas Maison des femmes Georges Sand...

         Sous le mandat de Philippe Doucet, la Maison des femmes fut fondée comme un véritable lieu où les femmes pourraient trouver soutien et conseil mais aussi comme un lieu de construction de l’indépendance des femmes, de leur liberté, et de combat.

         Elle connut bien des pérégrinations à l’image localement des références idéologiques des municipalités qui se sont succédé depuis 2014, dont l’évènement religieux de ces derniers mois a donné une petite idée.

         De la rue du 8 mai, la Maison des femmes d’origine fut déportée dans un cagibi de la Ludothèque actuelle de la rue Pierre Joly, puis après un combat pour sa survie où nous prîmes notre part, atterrit dans un ancien pavillon de l’espace Ambroise Croizat où elle connut un court moment de nouveau printemps.

         Pour finir, la Maison des femmes disparut en tant que Maison avec la construction de la nouvelle école Les Augustins pour aller rejoindre un étage adjoint au centre de santé, uniquement dorénavant en tant que lieu ressource et soutien des femmes (et de quelques hommes) victimes de violences.

         La disparition d’une dénomination en rapport précis avec les femmes est donc le dernier acte d’une histoire. Pour le reste, le combat des femmes pour l’indépendance et l’égalité continue, avec ou sans soutien ou rejet des édiles. DM

Argenteuil, Maison Georges Sand, pas de quoi faire peur à tous les réactionnaires, bien au contraire.

 

Une bourgeoise, certes libre, mais ennemie de classe des travailleuses et travailleurs

 

Vive la Commune et ses héros !

L’autrice George Sand (1804-1876) fut une écrivaine du XIXème siècle dont on ne lit plus guère les œuvres marquées par son terroir berrichon.

         Elle fut une de ces bourgeoises libres et indépendantes, où elle rejoint par-là bien d’autres femmes de son monde. Il n’y a sur ce plan rien à redire. À ne pas confondre toutefois avec les vraies militantes pour l’égalité de toutes les femmes que furent, par exemple et entre autres, Olympes de Gouges (1748-1793), rédactrice de La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, qui mourut sur l’échafaud, ou Pauline Rolland (1805-1852).

         Nous préférons certes voir la municipalité promouvoir une femme libre et indépendante, mais que chacun ait en tête que cette liberté et cette indépendance n’en font pas pour autant une amie des travailleurs. C’est justement l’inverse dans le cas de George Sand.

         Lorsque la Commune de Paris qui marque l’installation d’un pouvoir ouvrier et révolutionnaire éclate le 18 mars 1871, Georges Sand a 66 ans et va assister de loin comme spectatrice à l’évènement.

         Pour les intellectuels de l’époque, leur regard sur la Commune marque une ligne de partage entre les sympathisants de l’évènement et ses adversaires résolus. Le peintre Courbet fut des premiers quand l’énorme majorité des écrivains rejoignit la cohorte des détracteurs. Georges Sand fut de ces derniers.

         Je n’ai pas le temps de travailler la question. Il faudrait relire l’excellent livre Les écrivains contre la Commune de Paul Lidsky (La découverte, 12 euros). Je me contenterai seulement de citer un seul paragraphe où il est question de Georges Sand, extrait d’un article du journal Le Monde du 20 février 2003 intitulé : La Commune, George Sand et Victor Hugo.

         « Je ne vois pas ce que viendrait faire George Sand au Panthéon, en compagnie de ceux qui ont combattu pour la liberté, la tolérance, la justice (« Le courrier des lecteurs » du 18 février), George Sand, une dame qui, en 1871, crachait sur la Commune et le peuple de Paris en révolte. Une dame qui, dans son journal intime, traitait cette insurrection patriotique de « tour de Babel tombée dans la merde », qui en appelait à Thiers pour que « l'armée en finisse avec cette orgie », et se réjouissait que, Dieu merci, « son mobilier soit intact », le même jour où elle s'écriait : « Les exécutions vont leur train, c'est justice et nécessité » (en gros, plus de 20 000 exécutions sommaires) (...). On remplirait des colonnes de ces vertueuses affirmations indignées. »

              Rien à ajouter.

         Ce doit être ce que la municipalité entend lorsqu’elle écrit dans la présentation de la délibération : « Elle a marqué son époque par ses prises de position audacieuses, son engagement social et politique… » DM