États-Unis :
le pouvoir permanent des milliardaires
Publié le 20/11/2024
L’élection de Donald Trump et la
façon dont il constitue ses équipes suscitent des commentaires outragés, et
parfois ridicules, de ce côté de l’Atlantique.
Avec Trump, la politique
américaine consisterait désormais exclusivement en la défense des intérêts
américains, voire des grandes sociétés financières et industrielles
américaines, indiquait la presse française au lendemain de l’élection. Comme si
l’État américain avait jamais défendu une autre cause.
Trump a choisi pour son équipe
une brochette de politiciens réactionnaires à son image, des bateleurs de la
chaîne ultra droitière Fox News et, surtout, des milliardaires. Ces derniers
seront donc à pied d’œuvre pour faire fructifier leurs propres affaires. Ainsi
un certain Chris Wright, roi de l’exploitation du pétrole par fracturation
hydraulique, est nommé ministre de l’Énergie. L’action en Bourse de sa société
a immédiatement grimpé de 5,5 %. Mais ce n’est rien au regard d’Elon Musk,
nommé pour sabrer dans les dépenses publiques. L’action des voitures
électriques Tesla, l’une des propriétés de l’homme le plus riche du monde, a
déjà bondi de 38 % !
La concentration de
milliardaires, le fait qu’ils sont manifestement au gouvernement pour se
remplir les poches en organisant une politique favorable à leurs entreprises,
le cynisme total qui préside aux nominations font qualifier ce gouvernement de
« ploutocratie » (gouvernement des plus riches) et de corrompu par nature. Et
Trump de confirmer en déclarant « je suis pour les voitures électriques
(alors qu’il a longtemps été contre) car Musk m’a fortement soutenu
(pour un montant de plusieurs centaines de millions de dollars et la mise à
disposition du réseau social X) » !
Mais est-ce vraiment nouveau ?
Les pétroliers, un des groupes industriels et financiers les plus puissants du
pays, ont été étroitement associés au gouvernement depuis plus d’un siècle. Au
moins trois présidents, Harding et les deux Bush, étaient issus de leurs rangs
comme nombre de vice-présidents, dont un Rockefeller, la famille emblématique
du pétrole et de la finance. Un autre Rockefeller a été secrétaire du Trésor
sous trois présidents, dans les années 1960 et 1970. En fait, chaque
gouvernement des États-Unis depuis un siècle a compté un membre du clan
pétrolier, dont les Rockefeller ne sont que les plus visibles, ou un de ses
obligés dans ses rangs, démocrates et républicains confondus. On peut en dire
autant des grands fabricants d’armes, des banquiers et, par exemple, de la
banque Goldman Sachs qui a fourni régulièrement, dans les dernières décennies,
secrétaires au Trésor et présidents de la banque centrale. Ce groupe a même
donné un conseiller à Trump et un à Hillary Clinton lors de la campagne
présidentielle de 2016, misant sur les deux chevaux. Jamais et nulle part comme
aux États-Unis un gouvernement démocratique n’a été davantage le comité de
gestion des affaires de la bourgeoisie, comme Marx le qualifiait. Dans ce pays,
cela se fait sans intermédiaire !
Les liens de Trump avec le grand
capital sont donc, tout naturellement, manifestes, étroits et revendiqués, ni
plus ni moins que ceux, par exemple, de l’équipe Biden-Harris. Mais, à la
différence de ses prédécesseurs qui affirmaient défendre le capitalisme en
général, Trump joue de sa connivence avec des capitalistes en particulier.
Cette pourriture provocante, étalée au grand jour et accompagnée d’une misère
populaire croissante, finira par susciter la révolte, la vraie, celle des
travailleurs et pas seulement celle des défenseurs effarouchés de la pudeur
bourgeoise.
Paul Galois (Lutte ouvrière n°2938)
Les prochaines permanences et rendez-vous prévus à Argenteuil et la région
:
Aujourd’hui lundi 25 novembre, de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à
Saint-Gratien.
Réservez
votre place pour notre banquet local du samedi 25 janvier 2025 prochain à
L’Atrium. Le prix : 17 euros, 8 euros pour les enfants de moins de 14 ans.