Jeux Olympiques : dépenses publiques, profits privés
Publié le 24/07/2024
Les Jeux Olympiques mobilisent des moyens considérables. Ces dernières années, des dizaines de bâtiments ont été construits, comme le village olympique de 14 500 places sur 52 hectares en Seine-Saint- Denis.
Le Centre aquatique olympique accueillera 5 000 spectateurs à Saint-Denis, tandis qu’une salle de 8 000 places a été construite à la Porte de la Chapelle, un « village des médias » pour 1 300 journalistes et techniciens à Dugny, etc.
Des équipements temporaires ont également vu le jour, de grands espaces comme la place de la Concorde ou le Champ-de-Mars ont été métamorphosés pour des épreuves. Sur les quais de la Seine, pour la cérémonie d’ouverture du 26 juillet devant accueillir des centaines de milliers de spectateurs, des gradins ont été installés sur les ponts et les quais bas et des dizaines de barges ont été disposées.
Ces réalisations spectaculaires montrent que, quand l’État s’en donne les moyens, il peut mener à bien des projets colossaux. Bien des travailleurs aimeraient constater une telle diligence pour les transports du quotidien, les hôpitaux ou les écoles publiques, si mal en point, sans parler des stades, souvent vétustes, et des piscines municipales, si peu nombreuses.
Les projets réalisés le sont d’abord grâce au travail de centaines de milliers de maçons, ouvriers, manœuvres, cordistes, caristes, ingénieurs et techniciens, souvent des travailleurs immigrés, avec ou sans papiers. Quant aux JO eux-mêmes, si les athlètes capteront la lumière, leurs performances et l’accueil de quelque dix millions de spectateurs sont impossibles sans des dizaines de milliers d’autres travailleurs de l’hôtellerie, de la restauration, des transports, du nettoyage ou de la sécurité.
45 000 volontaires ont également été recrutés. Ces bénévoles, qui ramasseront les balles ou accueilleront des voyageurs dans une gare, ne reçoivent pas de salaire et doivent payer leur voyage et leur hébergement. Certes, le bénévolat est une noble chose, mais les JO ne sont pas une opération humanitaire ni une œuvre de charité qui le justifieraient.
Le budget des Jeux est d’une dizaine de milliards d’euros, sans compter les nombreuses retombées indirectes (nuitées d’hôtel, repas, achats divers, etc.). Cet argent, essentiellement engagé par l’État et les collectivités, va d’abord revenir à des firmes privées. Parmi les bénéficiaires, les partenaires officiels, des grandes firmes internationales (Coca-Cola, AirBnB, Toyota, Samsung, Visa…) et françaises (EDF, Orange, Carrefour…), figurent en bonne place. Les JO bénéficient aussi aux capitalistes du BTP (Bouygues, Vinci, Eiffage, Spie Batignolles), aux médias qui vont retransmettre les épreuves à quelque 4 milliards de spectateurs, des équipementiers, des géants de l’hôtellerie (Accor…), aux géants de la restauration, de la sécurité, de l’informatique, etc.
Toutes ces entreprises ne se vantent guère des bénéfices réalisés à cette occasion, qui sont pour elles un véritable pactole. Dépenses publiques et profits privés : les JO sont l’occasion d’un vaste transfert de richesses qui nourrit également un énorme battage politico- médiatique.
Michel Bondelet (Lutte ouvrière n°2921)