Nouveau
gouvernement : le patronat fixe la ligne
Publié le 10/07/2024
Alors que les manœuvres
politiciennes vont bon train dans le clan macroniste et celui du Nouveau Front
populaire, le patronat a tenu à fixer dans tous les cas la ligne que devra
suivre le prochain gouvernement : une politique antiouvrière, sans tolérer le
moindre écart.
Peu lui importe la dégringolade
électorale du clan macroniste aux européennes et aux législatives, le
communiqué du Medef du 8 juillet répète à trois reprises que « La
politique économique menée depuis neuf ans doit se poursuivre. » De manière
encore plus franche, Coirier, président du Mouvement des Entreprises à Taille
Intermédiaire (Meti), précise : « Ce sont le Parti socialiste et François
Hollande qui ont entamé le redressement compétitif de la France avec le CICE,
la simplification du dialogue social, et Emmanuel Macron a amplifié le
mouvement à partir de 2017. Cela ne serait pas cohérent de revenir dessus. »
De son côté, Moody’s, une des
agences de notation qui attribue, pour le compte des spéculateurs, des notes
aux États emprunteurs, menace de baisser celle de l’État français en cas
d’abrogation de réformes concernant « la libéralisation du marché du travail
et les retraites ».
Le Medef menace lui aussi : «
Un alourdissement de la fiscalité sur les particuliers comme sur les
entreprises, une revalorisation brutale du smic et une indexation automatique
des salaires sur l’inflation, un renoncement à la réforme des retraites ou à
celle du marché du travail, un blocage des prix auraient immanquablement des
effets récessifs, plongeant la France dans une crise économique profonde et
durable. »
La « crise économique profonde
et durable » est déjà là et menace de s’aggraver, mais elle n’est pas due à
l’augmentation des salaires qui ne suivent plus l’inflation depuis des
décennies. Elle n’est pas plus due à l’âge de la retraite qui n’a cessé de
reculer. Elle n’est pas non plus due à la hausse de la fiscalité des
entreprises et des riches qui n’a cessé de reculer, sous les gouvernements de
droite et de gauche. C’est au contraire l’augmentation des profits sur le dos
des travailleurs, le parasitisme général de l’ensemble de la bourgeoisie qui
entraîne la société vers le chaos et la destruction des forces productives.
Le souci de la bourgeoisie et de
ses larbins n’est pas de juguler la crise, mais de la faire payer aux
travailleurs. C’est la condition du maintien des profits.
Par le fait qu’elle possède tous
les grands moyens de production et d’échange, la bourgeoisie fixe les prix et
les salaires, elle ouvre ou ferme les usines, déplace ses capitaux en fonction
du profit attendu. Les hommes politiques qui accèdent au gouvernement, à «
l’exécutif », quel que soit leur itinéraire politique, ne sont que des
exécutants des volontés de cette grande bourgeoisie. Le pouvoir de celle-ci est
à l’abri des secousses quand elles se cantonnent au terrain électoral. Mais il
n’est pas du tout à l’abri des secousses sociales, car tout le fonctionnement
de la société repose sur la classe ouvrière. C’est bien la mobilisation du
monde du travail, quelle que soit le futur Premier ministre, qu’il faut
préparer.
Christian Bernac (Lutte ouvrière n°2919)