Les
réactions se multiplient
Publié le 10/04/2024
À l’aéroport de Roissy, depuis le
début de l’année plusieurs mouvements de protestation ont eu lieu dans le
groupe Servair et ses filiales, parmi les salariés de PAC et ceux d’ACNA qui
préparent les plateaux repas ou font le nettoyage des avions. Cela représente
environ 5 000 salariés sur la plateforme.
Depuis quelques années, les
conditions de travail se sont rapidement dégradées. Une pratique courante de
Servair, en particulier depuis le Covid, consiste à fermer des sites pour
ensuite les ouvrir ailleurs, dans le but de « low coster », c’est-à-dire de
précariser tous azimuts, pour accroître les profits. Le groupe Servair vient de
créer une nouvelle filiale, Eat and Fly, dans laquelle tout est plus dur pour
les travailleurs. Les effectifs de cette filiale ne cessent d’augmenter, au
détriment des autres sites. La direction promet monts et merveilles aux
salariés pour qu’ils acceptent d’y travailler, mais nombreux sont ceux qui
reviennent déçus à la case départ. En fait, Eat and Fly sert de laboratoire
avec des conditions de travail exécrables que la direction tente de mettre en
place ailleurs. Ces multiples filiales permettent aussi à la direction de
déplacer le personnel d’un site à l’autre y compris pour remplacer les
grévistes. Et quand cela ne suffit pas, elle fait appel à des intérimaires, en
toute illégalité. À Servair, des grévistes ont vu la maîtrise organiser ces
manœuvres discrètement en passant par la petite porte de derrière.
Face à ces attaques patronales,
les réactions des travailleurs se multiplient. Bien sûr, les salaires qui ne
suivent pas l’augmentation des prix alimentent aussi le mécontentement. À Acna,
en janvier, des débrayages ont eu lieu. La direction a dû accorder une prime de
700 euros, l’application de la nouvelle grille avec une augmentation des
coefficients et pour les salaires les plus bas de faibles augmentations, une
trentaine d’euros. Sur le site de l’ex-Servair 2, où maintenant sont regroupés
les PAC, un débrayage des chauffeurs a eu lieu le 26 mars, puis un
deuxième le 2 avril élargi à d’autres secteurs. Une centaine des salariés
de PAC Est, un autre site juste à côté, se sont joints au mouvement. Tous
étaient contents de se retrouver ensemble. Le 9 avril, un nouveau
débrayage a eu lieu.
Enfin, à la Servair, le
2 avril, 80 % des chauffeurs, soit 200 travailleurs, se sont mis en grève
contre un projet visant à réduire les équipes de quatre à trois, tout en
augmentant la charge de travail, comme cela est organisé à Eat and Fly. Il est
prévu que le mouvement se poursuive.
Ainsi, quasiment sur chaque site,
le mécontentement s’exprime. Il faudra que la riposte touche l’ensemble des
travailleurs pour inverser le rapport de force à Servair, dans ses filiales et
plus encore, sur l’ensemble de la plate-forme de Roissy, qui compte près de 100
000 travailleurs.
Correspondant
LO (Lutte ouvrière n°2906)