mercredi 10 avril 2024

Stellantis, Tavarès et les actionnaires requins qu’il sert

Seuls les travailleurs leur feront rendre gorge

 

 

À l’approche de l’assemblée générale de Stellantis, le cadeau de 36,5 millions d’euros promis au PDG Tavarès pour l’année 2023 est critiqué par des agences de conseil aux actionnaires qui appellent à voter contre. Pas de quoi donner des sueurs froides à Tavarès, certain d’empocher un pourboire énorme puisque les gros actionnaires vont encaisser 7,7 milliards d’euros de dividendes. 

Tavarès et les requins dont il est le domestique n’ont rien à craindre, sinon de ce qui viendra des usines quand les travailleurs exigeront leur dû.  

Stellantis – Italie : des milliers d’emplois détruits

 Des milliers d’emplois détruits

 

Tout en promettant nouveaux modèles, investissements et créations d’emplois à gogo pour un futur nébuleux, la direction de Stellantis a signé un accord pour une première fournée de 2 510 départs dans plusieurs usines italiennes du groupe.


 

À Turin, l’usine historique Fiat Mirafiori sera la plus touchée, avec 1 520 départs, dont 733 employés des bureaux et 300 ouvriers de Carrosserie. Celle de Cassino, dans le sud du pays, perdra 850 emplois, dont 300 transférés à l’usine de Pomigliano, en banlieue de Naples, à plus de 90 kilomètres. Non loin de là, l’usine de moteurs de Pratola-Serra supprimera 100 postes.

À la tête du géant Stellantis, formé des groupes PSA, Chrysler et Fiat, Tavares est très grassement payé pour faire grimper les profits des actionnaires – 18 milliards pour 2023 – et, des États-Unis à l’Italie, il restructure à tour de bras. C’est sur la peau des travailleurs que cette « rationalisation » au profit des actionnaires se fait. Les cadences ont augmenté, les pauses ont diminué, les travailleurs ont dû s’adapter aux jours chômés imposés suivis de samedis et d’heures supplémentaires obligatoires, sans parler des transferts d’une usine à l’autre, au gré des besoins de la production.

Après les avoir usés au travail, la direction cherche maintenant à se débarrasser des ouvriers les plus âgés et de ceux que l’exploitation a rendus inaptes. Les primes de départ varient suivant l’âge, de 12 mois de salaire et 20 000 euros pour les 35-39 ans, à 33 mois de salaire et 30 000 euros pour les plus de 55 ans. Pour les travailleurs à quatre ans de la retraite, Stellantis promet de compléter les allocations versées par l’État, pour atteindre 90 % du salaire brut pendant deux ans, qui seront réduits à 70 % les deux années suivantes.

À l’exception de la Fiom, fédération de la métallurgie de la CGIL, les centrales syndicales ont signé l’accord, prétextant qu’il ne fallait pas décevoir les travailleurs contents de quitter l’entreprise avec un peu d’argent. Toutes appellent à une journée de grève le 12 avril prochain, mais elles placent la mobilisation sur le terrain des « investissements et du plan industriel pour l’Italie », reprochant à Tavares de favoriser la production dans d’autres pays.

Elles se retrouvent ainsi à chanter la même chanson que le gouvernement d’extrême droite de Meloni. Son ministre des Entreprises et du made in Italy, Adolfo Urso, a entamé le 2 avril une série de discussions dans toutes les usines Stellantis d’Italie. La direction du groupe s’en moque et ne se déplace même pas, mais c’est l’occasion pour Urso de froncer des sourcils courroucés et de faire semblant de croire qu’il peut influencer la politique du trust.

Tavares prend des décisions en fonction d’un intérêt bien supérieur, celui du niveau de profits qu’il doit aux grands actionnaires. C’est dans leurs milliards qu’il faut aller puiser pour arrêter la saignée des emplois, la dégradation des conditions de travail et les salaires au rabais, non seulement dans les usines d’Italie, mais à l’échelle du groupe entier. Dans cette bataille contre le patronat, tous les travailleurs du groupe, quels que soient le pays où ils sont exploités ou leur statut, ont intérêt à unir leurs forces.

                                                     Nadia Cantale (Lutte ouvrière n°2905)

Cacao : Les vautours par l’arôme alléchés

 Les vautours par l’arôme alléchés

 

La fève de cacao est entraînée depuis l’été 2023 dans une fièvre spéculative qui a multiplié par près de 2,8 son cours en Bourse. Il a franchi fin mars la barre des 10 000 euros la tonne, au-dessus du prix du cuivre, pourtant enjeu d’une flambée dans les dernières années.

 

 

La fève de cacao est cultivée tout autour du globe, dans la ceinture tropicale. La Côte d’Ivoire, avec plus de deux millions de tonnes, et le Ghana, avec 800 000 tonnes de fèves de cacao, sont les deux principaux producteurs. Cependant, c’est sur les places boursières de New York et de Londres qu’est cotée cette matière première agricole.

Les mauvaises conditions météorologiques en Afrique de l’Ouest en 2023 sont présentées comme à l’origine de la montée des prix du cacao. En 2023, les ventes anticipées du cacao de Côte d’Ivoire avaient été suspendues, car les récoltes s’annonçaient mauvaises, laissant présager une pénurie qui d’ailleurs ne s’est pas vérifiée. L’explosion du cours est directement alimentée par des fonds d’investissements spéculatifs, qui auraient, selon la presse, injecté quelque 8,7 milliards de dollars au cours des derniers mois sur les Bourses de New York et Londres pour le faire monter. Le mouvement est à l’inverse de celui de 2017, quand une surproduction estimée à 200 000 tonnes de fèves avait conduit à une spéculation à la baisse diminuant de 30 % les cours du cacao.

Ces fonds spéculatifs ne font rien d’illégal et, dans la jungle capitaliste, leur comportement de vautours se jetant sur les matières premières agricoles ou minérales est encouragé par toutes les crises, qu’elles viennent de l’économie elle-même, des guerres que celle-ci entraîne ou des catastrophes climatiques. Les gains vont remplir les coffres-forts des grosses fortunes, des banques ou des institutions financières qui sont leurs clientèles.

Par contre, aux travailleurs du cacao, aux petits producteurs dont près de 80 % vivent en dessous du seuil de pauvreté, fixé à 1 dollar par jour en Côte d’Ivoire par exemple, la flambée spéculative ne rapportera rien. Elle ne les sortira pas de leur dépendance vis-à-vis des multinationales du chocolat, comme Nestlé par exemple.

En bout de chaîne, dans les pays consommateurs, le chocolat dans ses différentes formes est annoncé en forte hausse pour cet été dans les rayons. C’est la dîme que l’amateur de friandises, s’il peut se les offrir, paiera aux spéculateurs, sans que les travailleurs du cacao d’Afrique et d’ailleurs sortent de leur misère.

                                                   Boris Savin (Lutte ouvrière n°2905)

Enfants, élèves à Argenteuil, attention à l’instrumentalisation

Attention au risque d’Olympiades de la propagande

 

Berlin 1936

Le Jeux olympiques donne l’occasion d’animations en direction de la jeunesse, scolaire en particulier comme on l’a vu ces derniers jours à Argenteuil avec la participation d’enfants des écoles primaires et des centres de loisirs.

         Cet évènement peut être l’occasion de multiples réflexions y compris avec ces très jeunes : l’histoire de l’olympisme, d’hier dans le monde grec à aujourd’hui, le personnage obscur par bien des aspects de Pierre de Coubertin, les femmes et les Jeux olympiques, l’écart entre le monde difficile d’aujourd’hui et l’espérance d’une union fraternelle universelle, l’effort, les premiers et les participants, bref il y a de multiples pistes…

         Mais si cette réflexion n’est pas au moins abordée, la participation de la jeunesse se transforme en instrumentalisation, voire en outil de propagande. DM

 

mardi 9 avril 2024

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du lundi 8 avril 2024

 Gaza : les assassins sont aussi À Washington et À Paris

8 avril 2024

L'armée israélienne a annoncé son retrait du sud de la bande de Gaza. Mais il ne s’agit en rien d’un cessez-le-feu. Comme l’expliquent Netanyahou et les hauts gradés, l’armée passe à une nouvelle phase : la préparation de l’intervention terrestre sur Rafah, ville à la frontière de l’Égypte, qui concentre deux millions de réfugiés. C’est dire que les Palestiniens ne sont pas sortis de l’enfer dans lequel ils sont plongés depuis six mois !

Aux bombardements meurtriers et destructeurs, s’ajoutent la crise humanitaire et la famine. Les hôpitaux signalent déjà des enfants morts de malnutrition. Hommes ou enfants abattus alors qu’ils cherchaient à manger, familles ensevelies sous un bombardement soi-disant ciblé… chaque jour, une horreur s’ajoute aux autres sans que cela fasse bouger les dirigeants occidentaux.

Pour qu’ils s’indignent, il faut que des Occidentaux soient tués, comme cela a été le cas la semaine dernière pour sept humanitaires qui apportaient de la nourriture. Mais qui pour dénoncer, par exemple, la destruction totale de l’hôpital Al Shifa, un des hôpitaux les plus anciens et importants de la bande de Gaza, qui a sans doute fait des centaines de victimes civiles ?

Dernièrement, dans un échange téléphonique avec Netanyahou, Biden aurait menacé de retirer le soutien des États-Unis à Israël si des mesures immédiates et concrètes n’étaient pas prises pour protéger les civils. Il aurait aussi réclamé un cessez-le-feu… juste après lui avoir envoyé des avions de chasse d’une valeur de 18 milliards de dollars. C’est d’une hypocrisie révoltante !

Pris à partie par ses propres supporters aux États-Unis, Biden préférerait sans doute plus de retenue de la part de son allié. D’autant que l’armée israélienne se permet de bombarder le Sud-Liban pour attaquer le Hezbollah, et même la Syrie où elle vient de détruire le consulat iranien à Damas, au risque généraliser encore le conflit.  

Mais mis à part du cinéma, Biden ne fait rien pour retenir le bras de Netanyahou et arrêter la tragédie à Gaza, ne serait-ce que sur le plan humanitaire. Les États-Unis seraient impuissants parce qu’ils n’arrivent pas à raisonner Netanyahou ? C’est se moquer du monde !

Depuis quand la première puissance mondiale se retient-elle pour débarquer troupes et vivres si elle veut le faire ? Combien de régimes a-t-elle mis à l’amende, isolés, marginalisés et même renversés ?

Tous les moyens d’intervention sont à la portée des États-Unis. Surtout en ce qui concerne Israël, qui ne pourrait pas exister sans leur soutien financier et militaire. La réalité est qu’ils ne veulent pas forcer la main à leur allié israélien et qu’ils se moquent complètement des Palestiniens, des résolutions de l’ONU, et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qu’ils invoquent si souvent.

Macron compte moins que Biden, mais à son échelle il a également laissé faire le massacre de Gaza. Et il n’a de cesse de faire taire ceux qui veulent dénoncer la politique de l’État israélien en les accusant d’antisémitisme.

Alors, les hommes, femmes et enfants qui sont morts à Gaza, 33 000 au bas mot, ne sont pas seulement à mettre au compte de Netanyahou, mais aussi à celui de ses comparses occidentaux.

 N’en soyons pas surpris ! Depuis 75 ans, les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie sont sacrifiés sur l’autel de l’impérialisme. Depuis que les puissances impérialistes ont décidé d’utiliser l’État israélien pour asseoir leur influence dans cette région du Moyen-Orient, riche en pétrole et cruciale pour le commerce international, elles couvrent tous ses crimes. Elles entérinent sa politique de colonisation et d’apartheid. Et elles font des Palestiniens des réfugiés à vie au Liban, en Syrie, en Jordanie, à Gaza, en Cisjordanie et en Israël. 

Et ce sont ces dirigeants-là qui gouvernent le monde ! Ce sont eux qui prétendent nommer le bien et le mal. Eux qui prétendent dire le droit international et désignent qui est terroriste et qui ne l’est pas. Et ce sont eux qui parleront de paix, une fois que les cimetières palestiniens déborderont, et que la puissance oppressive qu’est Israël fera régner sa loi.  

Non, les puissances impérialistes ne sont pas les colombes de la paix, de la démocratie et de la prospérité. Ni à Gaza, ni en Ukraine, ni à Haïti, ni à Taïwan. Au Rwanda, on commémore un génocide qui a fait 800 000 morts avec la complicité active de l’État français, de son état-major, de ses ministres et de son président !

Par leur pillage, leur domination et leurs calculs sordides, les maîtres du monde participent à l’engrenage guerrier. La seule alternative à cette marche à la guerre est celle que les exploités du monde entier pourraient représenter en s’attaquant à leurs propres dirigeants et à l’ordre capitaliste qu’ils incarnent.                              

                                                                             Nathalie Arthaud

 

Les prochaines permanences prévues à Argenteuil :

-Mercredi 10 avril : de 11 h. à 11 h.30, marché des Champioux ;

-Vendredi 12 avril : de 15h40 à 16 h40 au marché du Val-Nord ;

-et de 17 h.15 à 18 h.15, « Carrefour Babou » ;

-Samedi 13 avril : de 10 h.30 à midi Centre Cl de la cité Joliot-Curie,

- et de 11 h à midi au marché de la Colonie ;

-Lundi 15 avril : de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à Saint-Gratien.

 

 

Toutes les semaines, l’hebdomadaire Lutte ouvrière est aussi en vente à la librairie Le Presse-papier et au Tabac-Presse du mail de la Terrasse du quartier du Val-Nord que nous remercions.

 

15 euros jusqu’au 21 avril : mdommarie@aol.com