Macron
est pressé d’en finir ? On continue !
13/03/2023
Ce week-end, 195 sénateurs
grassement payés, aux longues siestes digestives et au régime de retraite
exceptionnellement généreux, ont voté pour reculer l’âge de la retraite de 36
millions de travailleurs. Mercredi 15 mars, une Commission mixte paritaire
finalisera le texte qui sera présenté, dès le lendemain, à l’Assemblée
nationale.
Le principal suspense consiste à
savoir si Borne trouvera une majorité pour voter le texte ou choisira de
dégainer le 49.3. La belle affaire ! 49.3 ou pas, l’adoption de cette loi
contre l’opposition quasi unanime du monde du travail est un passage en force,
un bras d’honneur à l’encontre de tous les travailleurs.
C’est la preuve, s’il en était
besoin, que le gouvernement est férocement antiouvrier. Si Macron, ses
ministres et ses députés sont, pour la plupart, étrangers au milieu ouvrier,
ils ont des yeux et des oreilles. Ils voient et entendent les difficultés et
les attentes du monde du travail. Ils ont les chiffres des tendinites, des
lombalgies, des accidents du travail et des burn out. Ils ont les chiffres de
ceux qui meurent quelques mois après avoir pris leur retraite.
Ils savent que le patronat pousse
hors des entreprises les travailleurs anciens qui, en général, coûtent plus
cher et sont moins corvéables que les plus jeunes. Ils savent combien de
travailleurs et de retraités recourent à l’aide alimentaire pour se nourrir,
combien sont mal logés, combien ne peuvent pas se chauffer.
Ils savent aussi, et bien mieux
que nous, les milliards qui coulent à flots dans les caisses du grand patronat.
Ils savent que les salaires n’ont pas augmenté au rythme des profits et qu’ils
n’ont même pas suivi l’inflation. Ils savent que le déficit des caisses de
retraite est une paille dans l’océan de profits et de dividendes versés à
quelques-uns.
Ils connaissent les groupes
capitalistes qui ont profité de l’inflation pour augmenter leurs marges et
réaliser des surprofits dans l’alimentaire, par exemple. S’ils voulaient agir
contre les profiteurs de guerre, ils pourraient le faire, ils ont leurs noms.
Eh bien non, c’est aux travailleurs qu’ils en font baver !
Réduire au maximum la part de
richesses qui revient aux classes populaires pour augmenter celle de la bourgeoisie
est la feuille de route de tous les gouvernements, quels que soient le pays et
l’étiquette politique. Pour le monde bourgeois, c’est une nécessité pour tenir son
rang dans la jungle mondiale qu’est aujourd'hui le capitalisme en crise.
Alors oui, les gens que nous avons
en face de nous sont certes une minorité de privilégiés, mais ils n’en sont pas
moins déterminés. Alors, à nous, à notre camp de trouver la même détermination
pour imposer nos intérêts de travailleurs !
Après deux mois de mobilisation
et face au risque d’usure, tout le monde comprend qu’il faudrait passer au
stade supérieur, c’est-à-dire à la grève. Seuls certains secteurs s’y sont
lancés : la SNCF, la RATP, EDF, certaines raffineries, les éboueurs de
certaines villes ou encore des enseignants. Ils contribuent à maintenir la
pression sur le gouvernement et le grand patronat et à créer une agitation qui
encourage la mobilisation, mais ils ne l’emporteront pas tout seuls.
Pour forcer Macron à reculer, il est
nécessaire que ces grèves fassent tâche d’huile. Bien sûr, faire grève a un coût.
Mais la passivité nous coûte bien plus cher, car se résigner, c’est se
condamner aux bas salaires et à une société de plus en plus injuste, barbare et
guerrière. Il ne faut pas l’accepter et la mobilisation actuelle montre que des
millions de femmes et d’hommes ne l’acceptent plus.
Grâce à notre action collective, nous
avons commencé à construire un rapport de force face au gouvernement et au
grand patronat. Beaucoup de travailleurs réapprennent à s’exprimer et agir
collectivement. Des liens de solidarité et de confiance se construisent et
nombre de travailleurs se sentent plus légitimes que jamais pour revendiquer.
Rien que prendre l’habitude de discuter entre nous de tous les problèmes qui se
posent, salaires, horaires, conditions de travail, transport… est une avancée
précieuse pour notre camp et un danger pour le patronat. Alors, faisons en
sorte que cette agitation continue et se généralise à toutes les entreprises
pour réussir à peser sur le patronat et le gouvernement de toutes nos forces,
c’est-à-dire par la grève.
Macron espère que l’adoption de la
loi sonnera la fin de la mobilisation et le retour au calme dans les
entreprises. Il dépend de chacun d’entre nous qu’il en soit autrement.
Le monde du travail est vaste. Il
a de la ressource et un carburant inépuisable : celui de la colère.
Continuons de l’exprimer ! Entraînons les hésitants et retrouvons-nous
encore plus nombreux en grève et en manifestation mercredi 15 et après !
Nathalie Arthaud
Les prochaines
permanences prévues.
-demain mercredi
15 mars, de 11 h. à 11 h.30 au marché des Champioux.
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