Grande-Bretagne
: la force des travailleurs, c’est la grève !
31 Août 2022
Annoncée le 26 août, la hausse de
80 % sur les factures de gaz et d’électricité en octobre prochain va dégrader
brutalement les conditions de vie de millions de foyers, déjà en chute libre
depuis des mois. C’est précisément pour revendiquer des salaires qui suivent
l’inflation que, depuis le début de l’été, les grèves se multiplient, et la
vague ne semble pas près de retomber.
L’Ofgem, organisme britannique
censé réguler les prix de l’énergie, vient de revoir à la hausse le
plafonnement des dépenses de gaz et d’électricité. Il va passer en octobre de
1 971 à 3 549 livres sterling par an (soit 345 euros par mois). Et la
barre des 6 000 livres annuelles (580 euros par mois) risque d’être
dépassée d’ici avril 2023. Derrière ces chiffres, il y a des familles qui
seront contraintes de ne pas se chauffer cet hiver car manger sera la priorité.
Mais les prix de la nourriture ont explosé eux aussi. L’inflation,
officiellement de 10 % sur un an, a atteint 13 % selon des indices
plus réalistes, et pourrait dépasser 15 % au cours des mois à venir.
Concrètement, l’explosion des prix de l’énergie va signifier des sacrifices
quotidiens pour des millions de salariés et leurs proches, en particulier pour
les travailleurs précaires, en nombre croissant.
Refusant de voir leur niveau de
vie reculer, 2 000 dockers de Felixstowe, le plus grand port de conteneurs
du pays, ont fait grève du 20 au 28 août, un mouvement d’une durée et d’une
ampleur jamais vues depuis 1989. Le conglomérat qui gère le port, CK
Hutchinson, a réalisé des bénéfices de 79 millions de livres en 2021, dont on a
redistribué plus de la moitié aux actionnaires. Les dockers ne voyaient donc
pas pourquoi ils auraient dû accepter l’offre de 7 % d’augmentation faite
par la direction, qui revient à une baisse de 3 % du salaire réel. La
proposition d’une prime de 500 livres n’a pas suffi à les amadouer et la visite
du PDG sur le piquet de grève n’a fait que jeter de l’huile sur le feu. La
direction refusant toute concession, la grève pourrait reprendre à l’automne.
La grève des éboueurs d’Edimbourg
pour une augmentation de 3 000 livres par an devait prendre fin mercredi
31 août mais, la direction ne lâchant rien, elle va rebondir. Paralysant la
collecte des déchets sur plusieurs semaines, elle a été très remarquée du fait qu’elle
s’est déroulée pendant le plus grand festival culturel de Grande-Bretagne. Et
elle s’est étendue à une douzaine d’agglomérations écossaises.
Enfin, vendredi 26 août,
115 000 postiers ont fait grève dans le cadre de leur première grève
nationale depuis treize ans. Les travailleurs de Royal Mail, chargés du tri et
de la distribution du courrier, rejettent en bloc les 2 % d’augmentation
que la direction a osé proposer, alors que les actionnaires ont empoché 400
millions de livres en 2021. Le 26, les salariés des bureaux de poste ont eux
aussi cessé le travail car ils considèrent les 5 % avancés par leur
direction comme une aumône inacceptable.
D’autres grèves sont à prévoir
chez les infirmières, les enseignants, les assistants d’éducation, les employés
territoriaux, ainsi que dans différentes entreprises du secteur privé. À chaque
fois que les syndicats consultent leurs adhérents sur le recours à la grève, il
est adopté à une majorité écrasante. Car si les grèves dans les transports cet
été n’ont pas obtenu gain de cause, le fait qu’elles aient été massivement
suivies encourage manifestement de nouvelles catégories de salariés à se
mobiliser.
Quant aux tentatives du
gouvernement de casser les grèves, elles ont fait long feu. Il n’est pas si
facile de faire faire le travail d’un gréviste par un membre de l’encadrement
ou un intérimaire recruté la veille. Sans compter que le Brexit a entraîné une
pénurie de chauffeurs, y compris de camions poubelles ! Il est à parier
que le remplacement de Boris Johnson par Liz Truss, ce qui semble être
l’hypothèse la plus probable, ne fera pas disparaître la contestation ouvrière.
Signe que les grèves sont
largement approuvées dans l’opinion ouvrière, 600 élus travaillistes ont
produit un courrier où ils se déclarent favorables aux grèves actuelles, alors
même que Keir Starmer, le chef du Labour Party, a donné injonction à ses
députés de ne pas se montrer sur les piquets. Autre signe des temps : à
l’approche du congrès des syndicats, le TUC (Trades Union Congress), qui se
réunira le 11 septembre, plusieurs dirigeants, dont ceux des deux plus grands
syndicats, Unison et Unite, y sont allés d’un appel à synchroniser les luttes
en cours. Oui, une coordination des grèves et leur généralisation seraient
nécessaires. Mais, comme celle du rail, la grève dans les postes et
télécommunications a été d’avance émiettée par les dirigeants syndicaux, avec
des journées éclatées (26 et 31 août, 8 et 9 septembre) ; les salariés des
bureaux de poste n’étaient appelés à se joindre à ces actions que le 26 août,
tandis que ceux de British Telecom n’y étaient invités que le 31... Les
bureaucraties syndicales cherchent à préserver leur rôle de partenaire du
patronat et craignent plus que tout une explosion sociale. Les travailleurs, eux,
auraient tout à gagner à une lutte d’ensemble, à une lutte qui puisse inverser
le rapport de force avec le camp des capitalistes.
Thierry Hervé (Lutte ouvrière
n°2823)
Les prochaines permanences prévues.
-aujourd’hui vendredi 2 septembre, de 17 h.15 à 18
h.15 carrefour Babou ;
-samedi 3 septembre, de 10 h. à 10h.30 au marché des
Coteaux ;
-et de 11h. à midi, centre commercial de
Joliot-Curie ;
-de 11 h. à midi également au marché de la
Colonie ;
-ainsi qu’au Val-Sud devant Auchan : de 11 h. à 11 h.45 ;
-dimanche 4 septembre, de 10 h.15 à 10 h.55 devant
Intermarché du centre ;
-et de 11 h. à midi au marché Héloïse ;
-lundi 5 septembre de 18 h. à 19 h. centre commercial
des Raguenets ;
-mercredi 7 septembre, de 11 h. à 11 h.30 au marché
des Champioux
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ouvrière (1,5 euro), et Lutte de classe (2,5 euros) n° 225 :
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Val-Nord ;
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Samedi 17 septembre, pour la défense de l’espace Jean
Vilar,
Déambulation en direction de la Maison de Claude Monet