Promoteurs et politiciens, une domination à combattre
La revue du spectacle
Le
théâtre de Nice en question
Un lecteur assidu de notre blog vient de nous informer d’un évènement que l’on peut totalement mettre en rapport avec notre combat pour la préservation de l’espace Jean Vilar et de son complexe municipal des fêtes municipale irremplaçable. À Nice, il s’agit de la démolition programmée d’un théâtre récent installé sur la promenade des Arts, dans le cadre de la prolongation d’un espace de promenade. Certes dans ce cas, il ne s’agit pas là, en tout cas directement, et sur la base de nos connaissances, d’un projet de promotion immobilière. À Argenteuil, il s’agit du projet immobilier municipal que nous combattons.
Pour exprimer ceux qui à Nice contestent ce projet, je donne ci-dessous la parole à celui qui fut le directeur de ce théâtre de 1986 à 2001, l’acteur, réalisateur et scénariste, Jacques Weber. Les extraits ci-dessous proviennent d’un article paru dans Nice matin le 28 avril dernier.
"J’ai connu les premiers coups de pioche pour la construction du Nouveau Théâtre de Nice ; j’ignorais que j’en connaîtrai les derniers pour sa démolition. Que dire ? L’injustice est rendue : un Théâtre aimé par sa ville, méprisé par son maire va être décapité. La municipalité suivie comme son ombre par Madame la ministre de la Culture a décidé abrupto de priver la cinquième ville de France d’un théâtre encore jeune, trente ans c’est là un ensemble architectural liant Théâtre et Musée sortait de terre ceint par un mur et ses fontaines jusqu’à la bibliothèque et son jardin. Un vrai théâtre avec ses deux salles, sa salle de répétition et son atelier au cœur de la cinquième ville de France ouvrait ses portes.
Comment peut-on affirmer que ce théâtre gêne un projet écologique de grande envergure ? Il est vrai que planter des arbres dans un mètre et demi de terre posée sur une dalle de béton, elle-même recouvrant le lit regretté du Paillon, est une aberration, de l’écologisme miniature de nos gouvernants.
Comment peut-on affirmer que le théâtre est dans un tel état qu’il vaut mieux le démolir que l’entretenir ? C’est vrai démolir Notre-Dame coûterait moins cher que de la rénover !
Plaisanterie
mise à part, j’ai joué dernièrement au Théâtre de Nice et connaissant les
vilains bruits sur son état je l’ai revisité, certes avec émotion et vigilance.
J’exerce mon métier depuis plus de 50 ans, je connais le terrain et peux mieux
que nos décideurs en apprécier l’état : contrevérités ! Ce théâtre est en
parfait état de marche et s’il reste perfectible, comme tout établissement
public, aucuns travaux d’importance ne sont à envisager.
Impossible n’est pas ministériel. Je le dis aujourd’hui, touché, dégoûté, si triste pour les merveilleuses équipes que j’ai dirigées, triste pour un public qui désormais n’aura plus de port d’attache ; juste une petite salle proposée à la hâte dans une église désaffectée (je souhaite sincèrement qu’elle soit réussie) suivi, dit-on d’autres installations dont on ignore encore le coût final et le coût d’exploitation dans trois lieux distincts…
Je ne veux ici que témoigner de ma peine et de ma colère ; je désire mettre en garde sur la falsification sourde des faits tout aussi dangereuse que les fake news. La vérité est navrante : un théâtre a été condamné pour délit de sale gueule. Un théâtre idéal n’existe pas et la construction du théâtre de Nice fut un noble et âpre combat avec ses abandons et ses réussites. … le fait est là, quasiment unique dans l’histoire du Théâtre Public, un théâtre en parfait état est démoli, et sa surface au sol ne pourra accueillir que quelques maigres arbustes. Cela ressemble à une histoire drôle mais ce n’est pas une histoire drôle. J’allais oublier qu’impossible n’est pas niçois ! »
Voilà qui sonne juste à nos oreilles. Salir un édifice comme on déclare enragé un chien pour mieux le noyer. Le déclarer obsolète. Mettre en place. Le remplace par des structures qui n’en sont pas… D’un bout à l’autre du pays, les mêmes tartuffes. DM