Reconfinement
: carte blanche au grand patronat
04 Novembre 2020
La deuxième vague de l’épidémie
de Covid-19 a obligé le gouvernement à annoncer en catastrophe le deuxième confinement
alors que les spécialistes de son propre conseil scientifique le mettaient en
garde depuis des semaines. En réalité, le pouvoir était focalisé avant tout sur
une chose : permettre aux entreprises de produire sans entraves.
La situation sanitaire est plus
grave qu’au début du premier confinement. Tous ceux qui sont en première ligne
dans les hôpitaux en témoignent. Dans certains hôpitaux déjà, des malades n’ont
pas pu être soignés en service de réanimation, parce qu’il n’y avait plus de
place à cause de l’afflux de malades du Covid-19. Certains en sont déjà morts.
Mais, dans bien des entreprises,
la plupart des protocoles sanitaires un peu stricts mis en place à la reprise
du travail au printemps ont été oubliés. Quand il y a eu des cas de travailleurs
atteints par le Covid-19, ils ont été minimisés, voire cachés, même à ceux qui
travaillaient à côté d’eux et devaient être considérés comme cas contacts.
Malgré l’annonce du reconfinement, strictement rien n’a changé sur ce point.
Produire en empêchant le virus de
circuler nécessiterait de prendre des précautions, et souvent de ralentir les
opérations de production. Mais cela irait directement à l’encontre des
pressions sur les cadences et de la recherche de productivité. Or dans
plusieurs secteurs, comme dans l’automobile, chez les sous-traitants, dans la
distribution ou la logistique la production est importante. Des heures
supplémentaires et des jours de week-end travaillés sont souvent imposés.
Alors, en guise de protocole sanitaire, il suffit que les travailleurs portent
un masque et tout est permis, avec l’aval des autorités.
Dans certaines usines, les
mesures sanitaires prises contre le virus, ou ce qu’il en reste, servent
surtout à faire pression sur les travailleurs. Au nom des mesures sanitaires, la
pause du repas est réduite ; dans les bureaux, on ne peut plus rester
discuter à la machine à café et on doit immédiatement retourner travailler à sa
place.
Le laisser-aller de ce second
confinement et l’absence quasi totale de contraintes imposées sont évidents. La
crise économique a rendu la guerre commerciale encore plus vive et acharnée, et
les grandes entreprises sont sur les dents pour maintenir leurs parts de marché
et leurs profits. Le gouvernement, attentif à leurs désirs, s’en est
complètement remis à leurs initiatives pour gérer les problèmes sanitaires et a
minimisé le risque d’un retour de l’épidémie, jusqu’à ce que celle-ci devienne
incontrôlable et ne lui laisse plus d’autre choix que de reconfiner.
Mais cette politique-là, faite
d’une série d’improvisations, n’empêchera ni le coronavirus de se propager, ni
la crise économique de s’approfondir.
Pierre ROYAN (Lutte ouvrière
n°2727)
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