Jacob
Blake, nouvelle victime noire des violences policières
26 Août 2020
Les images sont terribles. Le 23
août, des policiers blancs de la ville de Kenosha, dans le Wisconsin, tiraient
sept balles à bout portant dans le dos de Jacob Blake, un Noir américain. Après
s’être interposé dans une dispute, il cherchait à se réfugier dans sa voiture.
Trois de ses enfants, présents dans le véhicule, ont assisté à la scène. Jacob
Blake est aujourd’hui entre la vie et la mort.
Ce nouvel acte révoltant a été
filmé et a suscité la colère de la population de la ville. Dans cette ville de
Kenosha (100 000 habitants), la police a tué quatre personnes depuis 2003,
et aucun policier n’a été poursuivi. Au cours des deux nuits qui ont suivi le 23
août, si les autorités ont suspendu les policiers impliqués, elles ont imposé
un couvre-feu et ont déployé la Garde nationale. La ville de Kenosha est
dirigée par les démocrates, tout comme l’État du Wisconsin, ce qui rappelle que
les républicains n’ont pas le monopole des violences policières et du racisme,
loin de là.
Il y a trois mois, après la mort
de George Floyd assassiné par un policier de Minneapolis, une vague de
protestation a traversé le pays. Des manifestations ont eu lieu dans toutes les
villes et, partout, les mêmes demandes se sont exprimées : qu’on en
finisse avec les violences policières qui tuent un millier de personnes chaque
année, qu’on en finisse avec le racisme qui gangrène la société américaine
depuis ses origines. Partout, des élus ont promis qu’ils allaient réformer la
police.
Mais, comme le montre cet énième
meurtre, l’exigence de réforme de la police se heurte à une contradiction. La
société américaine repose sur les inégalités, sur l’oppression des plus
pauvres, dont les Noirs font majoritairement partie, par les plus riches.
L’appareil d’État, y compris dans sa version répressive la plus sordide, joue
un rôle essentiel dans cette domination. Quant au racisme, il est également
inhérent au capitalisme américain, qui s’est construit sur l’esclavage, puis
sur la ségrégation et sur les lynchages, dont la mort de George Floyd et les
balles visant Jacob Blake sont de sinistres échos contemporains. C’est pourquoi
les « réformes » de la police, si elles ont pu limiter les pratiques
racistes les plus grossières, n’ont pu mettre fin ni aux violences policières,
ni au fait que les Noirs en sont les victimes dans des proportions qui
dépassent largement leur part dans la population du pays. En finir avec ce
racisme, en finir avec ces brutalités policières, implique de s’attaquer à
leurs racines : le capitalisme et son cortège d’oppressions et de
violences.
Michel
BONDELET (Lutte ouvrière n°2717)