EuropaCity
: les champs de Gonesse se passeront d’Auchan
13 Novembre 2019
Après plus de six années de
bataille judiciaire entre promoteurs et opposants du projet EuropaCity,
Emmanuel Macron s’est résolu à annoncer son annulation.
Le mega complexe porté par le
groupe Auchan au travers de sa foncière Ceetrus, qui devait être aménagé à
Gonesse dans le Val-d’Oise sur une surface de 80 hectares à proximité des deux
aéroports Roissy – Charles De Gaulle et Le Bourget, ne verra donc pas le jour.
La famille Mulliez, qui était à
l’initiative du projet, est propriétaire d’Auchan et de plus d’une cinquantaine
d’enseignes. Cinquième fortune de France selon le dernier classement du
magazine Challenges, les Mulliez se sentaient pourtant sûrs de leur coup.
Associés à un groupe chinois, spécialiste de la construction de parcs de
loisirs géants, les dirigeants d’Auchan ont annoncé un programme de 3,1
milliards d’euros, comprenant salles de spectacles, musée, parc aquatique,
piste de ski en salle, ferme pédagogique, mais aussi et surtout plus de 500
commerces. Tout cela devait être réalisé avec l’appui de l’État, de la Région
Île-de-France et d’un certain nombre de maires dont celui de Gonesse, commune
d’implantation du projet.
Pour les Mulliez et les
capitalistes qui les suivaient, tout laissait donc à penser que le projet irait
jusqu’au bout, une fois réglés les habituels recours en justice des
associations écologistes ou des habitants récalcitrants des communes
avoisinantes. Mais rien ne s’est finalement passé comme prévu. Les oppositions
se sont additionnées. Les défenseurs de l’environnement ont été rejoints par
des exploitants agricoles, pas tous petits, de nombreux commerçants et des
patrons d’autres centres commerciaux.
Car pour l’implantation de ce
gigantesque complexe commercial, la promesse de créer plus de 10 000
emplois est vite apparue comme un argument ultime pour emporter le marché. Mais
combien d’emplois auraient été détruits dans une zone déjà occupée par cinq
centres commerciaux ? Combien dans les commerces de centre-ville des
villes alentour ? Des milliers à coup sûr.
Dans le groupe Auchan lui-même,
les travailleurs ont aussi pu vérifier que si la richissime famille Mulliez
étale ses milliards pour réaliser un nouveau Disneyland, elle a imposé des
vagues de suppressions d’emplois dans ses enseignes. Fin 2016 : 177 chez
Grain de Malice. En 2017, 462 avec le regroupement sur des plateformes Auchan
des centres d’appels implantés en magasin, et 208 chez Pimkie. En 2018, 466 dans
les magasins Jules et Brice, un plan social dans les différents sites de
commerce en ligne avec leur fusion dans Auchan Direct. En mars 2019, Auchan
s’est débarrassé de 21 magasins en France et a quitté l’Italie et le Vietnam.
Combien d’emplois ont ainsi été supprimés ? Enfin, en septembre, le PDG de
Auchan Retail a annoncé 1,1 milliard d’euros de plus d’économies en quatre ans…
Maintenant EuropaCity semble bien
être enterré. Mais les 3,1 milliards qui étaient prévus pour développer le parc
sont dans les caisses d’Auchan. Les travailleurs du groupe doivent exiger
qu’ils servent à augmenter les salaires et à garantir l’emploi.
Philippe
Logier (Lutte ouvrière n°2676)