jeudi 12 juillet 2018

Haïti : émeutes de la faim. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Haïti : émeutes de la faim

Vendredi 6 juillet après-midi, suite à la décision du gouvernement d’augmenter les prix des produits pétroliers, les habitants des quartiers ont envahi les rues de Port-au-Prince et de certaines villes de province.
Le gouvernement de Jovenel Moïse préparait cette augmentation des prix du carburant depuis plusieurs mois et avait déjà avancé ses raisons : une prétendue lutte contre la contrebande d’essence avec Saint-Domingue du fait d’un prix plus bas en Haïti et la baisse des subventions sur le prix du carburant que le FMI accorde au gouvernement haïtien. De toute façon, l’Association des industriels haïtiens (ADIH) avait déjà accordé son soutien et pressait le gouvernement de mettre en application ces augmentations.
En les annonçant au moment du match Brésil contre Belgique, Jovenel Moïse pensait noyer ces augmentations dans l’euphorie du football. La tactique n’a pas marché et la colère de la population a explosé ce vendredi 6 juillet. Cette augmentation des prix pour une population qui crie famine était celle de trop.
Ce fut une explosion, d’autant que les gérants de stations-service de la capitale ont cessé toute livraison de produits pétroliers, en attendant, disaient-ils, le recalibrage des machines, mais en réalité pour pouvoir vendre sur la base des nouveaux prix. Les manifestants en colère ont saccagé ces stations.
Des groupes venus des quartiers populaires ont bloqué les rues avec des pneus enflammés et tout objet pouvant servir à faire des barricades, la ville de Port-au-Prince a été bloquée. Partie de la capitale, cette explosion a embrasé les villes de province : dans le nord au Cap, dans le plateau central à Hinche ou dans le sud aux Cayes.
Les syndicats des chauffeurs de transport en commun avaient annoncé un mouvement pour s’opposer à l’augmentation des prix, mais ils ont été soutenus, dépassés par les jeunes des quartiers soutenus par la population en colère.
En effet le gouvernement a augmenté de 30 % l’essence, de 47 % le diesel et de plus de 51 % le prix du pétrole lampant. Appelé « gaz blanc », c’est lui qui est utilisé pour les lampes à pétrole. Il n’y a pas d’électricité et, si les riches peuvent se payer des génératrices, dans les quartiers pauvres il n’y a que ces lampes. Avec cette augmentation, le prix d’un gallon (4,5 litres) de pétrole est équivalent à celui d’une journée de travail dans une entreprise du textile.
Avec l’augmentation des prix des denrées de première nécessité, la population pauvre, les travailleurs sont pris à la gorge et même ceux qui ont un travail ne peuvent joindre les deux bouts. Parmi les slogans des manifestants il y avait : « Jovenel augmente l’essence et pas nos salaires ! », « À bas la bourgeoisie ! »
D’ailleurs, à Port-au-Prince les manifestants ont pris d’abord pour cibles des sites représentant les nantis : des banques, des hôtels de prestige ont été attaqués. Les véhicules ont été incendiés dans les parkings. Les supermarchés ont été pris d’assaut et dévalisés pour récupérer les denrées nécessaires.
La police a peu réagi, faute de moyens, ont dit certains chefs. Mais d’autres policiers de base ont été des soutiens passifs par leur absence de réaction. L’augmentation du coût de la vie touche aussi leur famille.
Alors que le ministre de l’Industrie avait annoncé la hausse des prix le vendredi, devant l’ampleur de la réaction de la population pauvre, le Premier ministre a été contraint d’annoncer samedi matin que la mesure d’augmentation des tarifs était suspendue jusqu’à nouvel ordre. Cela n’a pas arrêté la colère des habitants mobilisés, qui ont continué à ériger des barricades et à maintenir le blocage de la capitale et des communes environnantes comme Pétionville. Les slogans ont appelé à la démission de Jovenel Moïse et à l’augmentation du salaire minimum journalier.
Dimanche matin, Jovenel Moïse est venu pleurnicher sur les ondes, s’étonnant que la population ne veuille plus de lui malgré tout ce qu’il a fait pour elle. Mais les pauvres, les travailleurs, les marchandes de rue ne sont pas dupes : Jovenel Moïse a beaucoup donné aux riches, aux banquiers, aux patrons du tourisme, aux grands propriétaires terriens, aux patrons d’entreprises et aux grandes familles bourgeoises qui dirigent le pays. Rien n’a été donné aux pauvres ou aux travailleurs.
Les partis politiques opposés à Jovenel courent après le mouvement, proposant des réunions, des mots d’ordre. Ils cherchent à reprendre en main le mouvement pour l’utiliser dans leurs intérêts de politiciens. Pour le moment les émeutiers s’en passent ; espérons qu’ils trouveront les ressources pour garder le contrôle de leur mouvement, pour défendre leurs propres intérêts, celui de la population pauvre et des travailleurs.

                                                           Julio Cenillier (Lutte ouvrière n°2606)

                                                                                             Photo 98.5 Fm


Macron à Versailles : une heure et demi de show à près de 300 000 euros


Un show pour présenter les coups bas à venir



Macron a réuni en grandes pompes et à grands frais, les parlementaires, députés et sénateurs, en Congrès à Versailles. Son discours d’une heure et demie devant ce public largement acquis à ses attaques anti-ouvrières a consisté à aligner les mots creux et des formules ambiguës, à double-sens.
Ainsi il a expliqué que l’aide aux entreprises n’était pas une aide aux riches. C’est quoi alors ? Il parle « d’un plan contre la pauvreté » alors que les mesures qu’il envisage sont autant d’attaques contre les plus pauvres au nom d’arguments cyniques. Selon lui, par exemple, supprimer les aides actuelles ce serait apprendre aux bénéficiaires à mieux se débrouiller ! Il parle de rendre les retraites « plus justes » alors qu’elles vont baisser et devenir plus aléatoires pour la grande majorité des travailleurs.
Il peut jouer sur les mots, ça ne convaincra pas les victimes de sa politique !

Sanofi Mourenx : Dépakine et très grave pollution


Danger : laboratoire médical

 
Photo Au-coeur-Béarn. Au coeur du Béare, certes, mais
« Sanofi Chimie décide d’engager dès aujourd’hui l’arrêt de la production de son site de Mourenx, et d’opérer les améliorations techniques annoncées et indispensables à un retour à la normale » a annoncé dans un communiqué le grand groupe pharmaceutique.
         Il est vrai que Médiapart venait dans les jours de dénoncer le rejet de quantités considérables de substances nocives, et la firme venait d'être condamnée à faire des travaux avant fin juillet.
L'usine Sanofi de Mourenx est celle qui fabrique la Dépakine, un médicament très controversé, accusé d'avoir entraîné des milliers de malformations chez les enfants.
Pour leurs profits, les entreprises pharmaceutiques n'hésitent pas, le cas échéant, à provoquer des catastrophes.

Région Ile de France Argenteuil : ségrégation spatiale ?


Argenteuil, c’est où, c’est quoi ?


Ils ne connaissent pas Argenteuil ? C'est sur la ligne J...

Un budget de 24 M€ supplémentaires vient d’être voté par la région Ile-de-France concernant le Val d’Oise.
         On peut observer une nouvelle fois qu’Argenteuil obtient la portion congrue. Seul apparemment le lycée Julie Victoire Daubié de la commune obtiendrait une petite enveloppe pour l’achat de matériels pédagogiques et audiovisuels supplémentaires.
         En revanche, un montant de 1,5 M€ sera attribué « en forfait d’externat aux lycées privés sous contrat » du département !
         Que des fonds publics subventionnent des lycées privés sous contrat, essentiellement d’obédience religieuse est en soi fondamentalement scandaleux.

Lecture d’été (4) : Alice Zeniter, L’art de perdre, Flammarion


L’Art de perdre



Bien évidemment, comme lecture d’été, on ne peut laisser de côté L’art de perdre d’Alice Zeniter. Un gros livre dont le temps des vacances permet enfin pour quelques-uns d’entre nous justement la lecture tranquille et continue.
         C’est une longue fresque qui s’étale sur 70 ans, et qui concerne l’histoire des deux rives de la Méditerranée, entre Algérie et France, et qui a comme cœur cette Guerre d’Algérie dont les blessures ne sont toujours pas refermées.
         Les évènements politiques entraînent les individus, quoi qu’ils en pensent, et surtout s’ils ne les « pensent » pas consciemment. Ces évènements les mènent alors là où jamais ils auraient imaginé aller.
         Ce livre évoque bien évidemment les « Harkis » en remettant certaines pendules à l’heure en évoquant leur profonde diversité. Il a pour sujet bien évidemment la Guerre d’Algérie, mais il aborde aussi la question de la mémoire, de sa transmission -ou pas- entre des générations qui se suivent, pour certaines loin du passé tragique.
         Ce livre a obtenu le Prix Goncourt des lycéens, et il le mérite. C’est un excellent roman historique qui stimule en même temps la réflexion.



Alice Zeniter, L’art de perdre, Flammarion, aux alentours de 22 euros. C’est un peu cher. Le roman sortira en poche début octobre dans la collection « J’ai lu ». Et puis, les livres c’est fait pour être prêtés. Je peux prêter mon exemplaire...

mercredi 11 juillet 2018

A 15 toujours hyper saturée : madame Borne passe et les bouchons sont toujours là


Un petit tour et puis s’en va

La ministre des transports est venue hier sur l’A15 à Argenteuil où deux voies sont fermées depuis mai dernier sur le viaduc de Gennevilliers dans le sens Province-Paris. Elle a déclaré « venir sur place pour se rendre compte de la situation ». Comme si une bonne vidéo n’aurait pas pu éviter le déplacement à la ministre et à l’aéropage qui l’accompagnait, et d’ajouter quelques véhicules supplémentaires dans le paysage.
Quant aux difficultés de tous ceux qui empruntent cette voie essentielle, pour la ministre, « Il faut permettre aux automobilistes de trouver des alternatives pour délester un peu cet axe ». Oui, mais lesquelles madame la ministre ? Apparemment, il faudra attendre encore pour qu’elle nous le dise, alors que cela fait des semaines que les élus du département ont fait des propositions sur le sujet, sans suite jusqu’à ce jour.
La photo ci-dessus que nous empruntons au journaliste du journal Le Parisien Christophe Lefèvre est bien symbolique. Ministres et élues sont là, mais en donnant l’impression qu’ils ne savent pas trop pourquoi. La caravane passe, et les énormes difficultés pour les automobilistes sont toujours là.

Mais, vraiment, que faisons-nous là ?

Migrants, Principe de « fraternité », et… réalité


Très loin de la coupe aux lèvres

 
A Joué les Tours                                            Ph.France bleue

Dans l’affaire de la requête des défenseurs des migrants, le conseil constitutionnel vient d’évoquer un « principe de fraternité ». Si ce mot de « fraternité » figure depuis des lustres sur les frontons des édifices publics, il entre maintenant dans le droit français. Le conseil constitutionnel considère que dorénavant « À l’instar de la liberté et de l’égalité, la fraternité devra être respectée comme principe constitutionnel par le législateur et elle pourra être invoquée devant les juridictions. »
Mais chacun sait ce qu’il en est dans la réalité du « respect » des valeurs de Liberté, d’Egalité, et de Fraternité. Du respect de ce nouveau principe de « Fraternité », on peut, sans coup férir, en attendre la même chose. Les militants et les associations d’aide aux migrants qui mettent, eux, en pratique, la vraie fraternité, continueront, pour l’essentiel, à devoir compter avant tout sur leur force, leur courage, et leur détermination pour les aider.

Argenteuil : la jeunesse de banlieue qui ne part pas en vacances mérite une attention toute particulière


Cela devrait être une évidence pour tous !



Comme chaque année, la municipalité d’Argenteuil organise quelques activités estivales qui s’adressent en particulier à la jeunesse. « Quelques », car, on peut dire qu’elle le fait nettement à l’économie. Son principe est de concentrer celles-ci dans un quartier sur cinq jours seulement, puis de les déplacer dans un autre, et ainsi de suite. Les enfants et les jeunes auront ainsi droit à un petit air de vacances durant cinq jours et puis plus rien…
         Comme si la municipalité n’avait pas pu concentrer les moyens, et tout l’été, essentiellement dans le parc des Berge, mais aussi près du complexe Jean Vilar et, non loin, dans la maison de quartier de la rue des Gobelins.
         Elle pourrait en particulier, en vue des chaleurs prévues, installer des jets d’eau adaptés comme cela se pratique. Elle pourrait faire appel aux associations comme cela se fit à la marge naguère. Concentrant les activités dans le Centre, elle éviterait de devoir monter et démonter plusieurs fois les installations. Pour le déplacement des jeunes, la municipalité pourrait demander la gratuité des transports en juillet et août pour TVO-Transdev qu’elle subventionne… Elle pourrait aussi utiliser les minibus dont elle dispose, pour organiser des navettes comme elle l’a fait en direction, certes d’un autre public, à l’occasion du «Mai des artistes ».
         Et tout cela, sans guère de frais supplémentaires…