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Remise d'un soutien financier aux grévistes des Pensées, en grève depuis 24 jours |
Nous sommes bien évidemment
réunis ce soir pour que nous vous donnions des raisons de voter pour notre
candidature, celle de moi-même Dominique MARIETTE et de mon suppléant Michel
CAMPAGNAC, candidats de Lutte ouvrière dans la 5ème circonscription du Val
d’Oise, celle d’Argenteuil et de Bezons. Mais nous voulons également profiter
de l’occasion pour poser un certain nombre de problèmes sur la situation politique
et sociale actuelle, et donc engager la discussion avec nos camarades mais
aussi avec des militants ou des habitants sincèrement préoccupés de l’avenir.
Le
cadre général de cette situation est l’offensive de la bourgeoisie contre le
monde du travail qui a commencé avec le début de la crise des années 1980 et
n’a cessé de se renforcer ces dernières années. Je n’entrerai pas dans le
détail. Pour résumer : la montée du chômage et la pourriture de la société
qu’elle entraîne. La montée des inégalités. L’aggravation de l’exploitation des
travailleurs pour des salaires à la traîne.
Dans
cette situation, le monde du travail est aujourd’hui à la peine. Je voudrais
m’arrêter sur ce terme de « monde du travail ». Que les choses soient
claires, le monde du travail rassemble l’immense partie de la société qui ne
vit pas de l’exploitation du travail d’autres individus. Qu’on l’appelle la
classe ouvrière ou le prolétariat, le monde du travail rassemble certes les
ouvriers de l’industrie, mais également les employés du commerce, des bureaux,
les travailleurs de la fonction publique, des hôpitaux, des collectivités
locales, mais aussi les artisans et les petits commerçants, les travailleurs
indépendants qui ne le sont certes pas des banques, mais qui dépendent de la situation
de la population laborieuse. Tout cela, pour résumer.
Voilà
notre classe, et la caractéristique de notre courant politique est de raisonner
sur ce plan, de se réclamer de la lutte des classes, qu’il faut appeler plus
que jamais par son nom même si cela dérange. Pour notre part, nous combattons
« pour faire entendre et organiser notre classe, le « camp des
travailleurs ». Et un travailleur conscient ne devrait voter que pour un
représentant de sa classe. C’est une première raison de voter Lutte ouvrière.
La
société capitaliste actuelle, et cela à l’échelle du monde, est marquée
fondamentalement par l’opposition entre ces deux camps, le camp de la
bourgeoisie et le camp des travailleurs. Certes, cette opposition se fait
aujourd’hui au bénéfice de la bourgeoisie. Mais cela peut changer, et vite.
Pour
cela, nous militons pour reconstruire un parti des travailleurs qui exprime les
intérêts politiques du monde du travail. En conséquence, ce parti ne pourra se
construire que sur les bases de la lutte des classes, du terrain du communisme,
de la révolution ouvrière, et de l’internationalisme.
Les
élections présidentielles ont marqué un tournant dans la situation politique du
pays. Elles ont marqué la fin de près de 40 ans d’alternance entre un parti de
droite bien identifié et le parti dit socialiste. Aujourd’hui, les cartes sont
quelque peu brouillées, et l’on ne sait pas ce qui sortira du paysage politique
dans les prochaines années. A l’alternance droite-gauche est en train de se
mettre en place un conglomérat gouvernemental gauche-centre-droite, autour du
En marche de Macron. On ne sait pas quel sera son avenir, s’il durera
longtemps, mais en attendant, les
sondages, si on les croit, annoncent sa victoire, dimanche.
Macron
en tout cas a annoncé la couleur. Il veut accélérer vite l’offensive contre les
travailleurs. Sans détour, il s’est affirmé l’homme du patronat, là où les
présidents précédents le faisaient avec plus de discrétion. Sur le plan du code
du travail et de bien d’autres sujets, il s’apprête à cogner dur contre le monde du travail, sur les actifs,
les chômeurs et les retraités.
Nous
avons donc à nous préparer aux affrontements à venir. Pour cela, à Lutte
ouvrière, nous avons toujours eu de cesse de nous implanter dans les
entreprises, autour de militants, avec la volonté d’y construire des groupes
communistes et de lutte de classe qui défendront la politique ouvrière que nous
jugeons nécessaires.
Les
élections sont aussi des moments importants pour développer cette implantation,
dans les entreprises et les quartiers populaires. Au-delà des résultats
chiffrés, les campagnes électorales que nous avons menées aux quatre coins du
pays visent à ce développement, à l’image de ce que les militants socialistes
et communistes firent à l’époque où leurs partis méritaient ces noms, c’est
vrai il y a bien longtemps.
Mais
les élections sont aussi des moments qui permettent de populariser les
objectifs qui devront être ceux des futures mobilisations ouvrières d’ampleur
pour qu’elles ne soient pas dévoyées vers des revendications
contre-productives, voire réactionnaires. Nous y reviendrons.
C’est
ce que Nathalie ARTHAUD n’a eu de cesse de faire durant toute la campagne des
élections présidentielles. Elle n’a surtout pas dit, votez pour moi, et je vous
promets de réaliser un catalogue de promesses électorales. Elle a dit, en
revanche, que lors de nos luttes futures, il faudra imposer les objectifs que
la situation du monde du travail exige : l’interdiction des licenciements,
la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire, pas un salaire
ou une pension inférieur à 1800 euros net, avec une augmentation immédiate de
300 euros pour tous, le contrôle des travailleurs sur les comptes des
entreprises, la nécessité que l’argent public aille aux services publics utiles
à la population.
Votez
Lutte ouvrière, c’est aujourd’hui approuver ces perspectives. Nous militons et
militerons pour qu’elles soient reprises dans les luttes futures.
Lors
des élections présidentielles, nous nous sommes adressés inlassablement sur ce
plan au monde du travail. Et nous avons été les seuls à avoir cette
préoccupation de nous adresser uniquement au monde du travail en tant que
classe, et non à la population, et encore moins au peuple, un terme qui a
toujours été utile à la bourgeoisie pour endormir les travailleurs.
Tout
cela est d’autant plus important qu’une partie de ce monde du travail, y
compris sans doute une petite partie de sa frange militante, est gangrenée par
des idées contraires à ses intérêts fondamentaux. Cette réalité s’exprime dans
le vote Front national grandissant dans des régions ouvrières. Cette réalité ne
doit pas être masquée par ce que l’on a pu constater à Argenteuil par exemple,
avec un tassement des voix de l’extrême-droite.
L’augmentation
du crédit du FN dans le monde du travail est grosse d’énormes dangers pour
l’avenir. Que ses thèmes deviennent des objectifs des luttes d’ampleur qui ne
manqueront pas d’avoir lieu, et ces luttes seront dévoyées à coup sûr, et au
final mises à la remorque du char… de la bourgeoisie.
J’entends
par là le protectionnisme, la priorité nationale, le rejet des travailleurs
détachés, des travailleurs étrangers, des travailleurs sans papier, des
travailleurs des autres pays, des travailleurs selon leurs religions. Ces
thèmes visent à diviser notre classe, à opposer les unes contre les autres ici
des fractions de cette classe, et à opposer les travailleurs de ce pays aux
travailleurs des autres pays. Ces thèmes qui divisent les travailleurs et par
là-même sont des dangers mortels servent l’union nationale qui vise à l’abandon
de la lutte de classe des travailleurs au profit de l’union entre le monde du
travail et sa bourgeoisie, alors que les intérêts du monde du travail exigent
qu’il s’oppose radicalement à elle.
Et
c’est ce qu’il y a de particulièrement dangereux dans la politique de
Mélenchon, un carriériste comme les autres, né du sérail du Parti socialiste,
tribun certes, mais démagogue encore plus certainement. Et le nationalisme de
sa campagne n’avait rien à envier à celle de Marine Le Pen.
Les
militants du PCF qui l’ont rallié n’ont pas eu à rompre avec leur propre
tradition, celle que leur parti a entretenue depuis 1935, lorsque le PCF rompit
avec le drapeau rouge pour le drapeau tricolore, avec l’Internationale pour la
Marseillaise, tout cela sur l’ordre de Staline.
Mais
ces idées-là sont aux antipodes des intérêts du mouvement ouvrier. Et elles le
sont d’autant plus depuis que l’impasse et la crise du capitalisme s’élargit.
En
tout cas, nous à Lutte ouvrière, nous militons pour le vieux programme
internationaliste de Marx, Engels, Rosa Luxembourg, Lenine et Trotsky :
« Prolétaires de tous les pays unisssons-nous », avec comme en
emblème le drapeau rouge et comme hymne, l’Internationale.
Voter
pour Lutte ouvrière, ce sera affirmer sa solidarité avec des militants qui
militent pour reconstruire un parti des travailleur internationaliste.
Ce
sera également voter pour des communistes. Non seulement les candidats de Lutte
ouvrière s’affirment comme tels, mais ils indiquent que l’Humanité ne sortira
de l’impasse du capitalisme dans lequel il est définitivement embourbé, qu’en
renouant avec la perspective des Etats-Unis socialistes du monde. Etre
communiste, c’est la volonté de se débarrasser de la propriété des moyens de
production, base de la propriété capitaliste, avec les conséquences de
l’exploitation, des inégalités de tous niveaux, de l’anarchie économique, de la
crise et de l’impasse permanente du système.
Il
y eut un parti qui, à partir de 1920, porta ce projet, ce fut en France le
parti communiste fondé au congrès de Tours, dans le prolongement de la
Révolution russe et de la vague révolutionnaire qui suivit la première guerre
mondiale. Mais ce parti devint stalinien, et se perdit comme je l’ai dit, dans
le nationalisme et l’électoralisme. Son déclin commença quand en 1981
Mitterrand se joua de lui en siphonnant ses voix. Il se poursuivit sous la
direction de Hue qui vient de passer chez Macron et qui liquida son
organisation. Il est ces dernières années victime je dirais
« consentante » de la politique de Mélenchon qui achève ce que le
maître de ce dernier, Mitterrand, avait commencé. Nous aimerions discuter avec
les militants qui restent néanmoins attachés à leur parti, mais localement, sur
Argenteuil-Bezons, ce n’est pas facile.
Voter
Lutte ouvrière, ce sera voter pour des communistes.
Mais
ce sera également voter pour des révolutionnaires. Etre pour la lutte de classe
et pour le changement fondamental de la société implique que l’affrontement
entre le monde du travail et la bourgeoisie pour l’avenir du monde s’achèvera
par la solution à la question : « qui possède le pouvoir pour décider
des orientations de la société, de cette bourgeoisie et du monde du
travail ? ». Cette année, le centenaire de la Révolution russe nous donne
une petite idée de la réponse à cette question.
Voter
pour les candidats de Lutte ouvrière, ce sera voter pour des candidats qui
affirment leur identité, mais ce sera aussi voter pour des militants, et sur
Argenteuil-Bezons, des militants dont on peut largement mesure leur engagement
en faveur du monde du travail et des perspectives de transformation de la
société.
Mais
avant d’aller plus loin, je voudrais m’arrêter sur les différents candidats de
la circonscription.
Nous
n’avons guère de chose à dire du candidat du FN, au-delà de tout le mal de la
politique de son parti que j’ai déjà évoquée. C’est un inconnu, dont on ne
connaît pas l’itinéraire. Le FN n’a pas fait localement campagne. Il considère
sans doute que son matelas de voix réactionnaires lui suffit sur les deux
localités, et qu’il a mieux à faire ailleurs.
Il
y a le candidat des Républicains, un juppéiste discret, par ailleurs adjoint au
maire d’Argenteuil, qui a sans doute été choisi par les instances de son parti
pour ne pas mettre en avant le premier adjoint, responsable des finances, un
fillonniste notoire. Ce candidat Les républicains s’intitule « Majorité
présidentielle », il se revendique donc, mais sans le dire explicitement,
« pour Macron ».
Mais
il y a la candidate macronnienne estampillée « En marche ». Chaque
fois que je la rencontre, je la salue comme il se doit, mais elle doit
s’étonner que je n’ai pas envie d’engager la conversation. Elle sort de nulle
part. Très exactement, non, elle sort de l’Essec de Cergy, la grande école
pro-patronale, ce qui n’est pas une tare, mais ce qui mène tout de même à
toutes les suspicions lorsque l’on sait que le nouveau ministre de l’Education
dite nationale n’est autre que l’ancien directeur de cette Essec de Cergy, et
qu’auparavant, le monsieur a été un de ceux qui ont mis en place le plan de
Sarkozy de liquidation de dizaines de milliers et de dizaines de postes
d’enseignants entre 2007 et 2012 !
Et
puis, il y a celui qui aurait bien voulu être investi pas Macron, le vallsien
Philippe Doucet, qui n’a pas soutenu Hamon, ne lui a pas donné son parrainage,
a voté Macron, et qui, devant le refus de ce dernier, a opéré un tournant en se
raccrochant aux branches élimées et chancelante du PS.
Incontestablement,
l’encore-député concentre localement contre lui-même un certain nombre de
rancœurs voire de franches colères.
Ces
rancœurs justifiées se focalisent justement sur son attitude de député
hollandiste, puis hollandiste-vallsiste de 2012 à 2017. On comprend qu’il tente
de faire de cette campagne pour être réélu le remake de la dernière campagne
municipale. Mais, comme député, soignant sa carrière personnelle et ses grandes
espérances ministérielle, il a non seulement soutenu toutes les mesures
anti-ouvrières du quinquennat, mais il s’en ait fait le héraut médiatique au
profit de Valls. Son nom restera en particulier lié au tryptique « 49-3/
Loi travail/ déchéance de la nationalité ».
P.
Doucet compte sur l’amnésie des électeurs. Il compte aussi sur la force du
clientélisme. Nous comptons, quant à nous, sur la mémoire qui est un des
fondements de la conscience. Voter Lutte ouvrière ce sera voter contre le
député PS sortant.
Je
parlerai également des Insoumis.
J’ai
déjà indiqué ce que nous pensions de leur mentor, Jean-Luc Mélenchon, et des
dangers que les idées que ce dernier défend justement pour la conscience du
monde du travail.
Nous
connaissons nombre de militants locaux de ce courant, très actif depuis des
mois. Nous avons des rapports cordiaux avec nombre d’entre eux. Nous les avions
invités à venir débattre avec nous ce soir. Ce sont d’anciens adhérents du PCF,
des Verts, du PS, du NPA. Leur engagement, neuf pour certains, ne mènera pas à
une impasse personnelle rapide, s’ils réfléchissent à toutes les questions que
nous posons. Ils ne sont certes ni communistes, ni révolutionnaires, ni
internationalistes. Certains sont tout de même gênés par le nationalisme et le
populisme de Mélenchon, mais indiquent que n’est pas grave, et que la dynamique
du mélenchonisme est plus importante que le contenu de ce que dit Mélenchon.
Cette façon de voir, nous la contestons fermement. Cela n’est pas acceptable au
niveau d’une élection présidentielle où ce que disent les candidats peut
s’imprimer dans la conscience de la population, pour le meilleur certes comme
l’a fait Nathalie ARTHAUD, mais aussi pour le pire dans le cas de Jean-Luc
Mélenchon.
Les
mélenchoniens ont de grandes espérances, au vu des résultats obtenus lors du
premier tour des élections présidentielles par leur poulain, plus de 30% sur la
circonscription, je crois. Nous pensons qu’ils se racontent aujourd’hui des
histoires. En tout cas, qu’ils gardent en mémoire pour la suite ce que nous
leur disons.
Et
il y a donc nos candidatures, celles de deux militants de longue date.
Celle
de Michel, le candidat suppléant, 46 ans, professeur d’histoire-géographie, qui
milite chez les personnels de l’Education nationale, qui est membre de l’Union
locale des syndicats CGT de Bezons, qui a été élu conseiller municipal de cette
Ville en 2014 à la tête d’une liste Lutte ouvrière « Pour faire entendre
le camp des travailleurs ». Michel, un militant ouvrier, communiste,
révolutionnaire et internationaliste.
Et
donc la candidature de moi-même, Dominique, 65 ans, aujourd’hui à la retraite,
mais encore jusqu’à présent bon pied bon œil. Vous me connaissez, mais pour
résumer, je ne peux que répéter ce que je disais à propos de Michel. Un
militant ouvrier, communiste, révolutionnaire et internationaliste.
Alors,
oui, pour des travailleurs et des électeurs conscients, il y a de très
nombreuses raisons de voter pour nos deux candidatures.
Nos
résultats demeureront certes des résultats minoritaires, voire très
minoritaires. Il y a de très nombreuses raisons qui l’expliquent, nos moyens
encore limités, le silence de nos adversaires de la bourgeoisie à notre
encontre, mais bien plus profondément, le niveau de conscience limité actuellement
au sein de notre classe, la désorientation, la désorganisation, la
démoralisation.
Mais
ces résultats peuvent augmenter.
Dans
ces élections, dans le cadre de leur configuration générale et celui de la
configuration locale avec la multiplicité de candidats qui « se
tiennent » et dont a du mal à distinguer justement ce qui les distingue,
le « vote utile » ne joue plus. Ainsi, si nous appelons les
électeurs de Nathalie ARTHAUD à renouveler leur vote du 23 avril dernier, nous
appelons aussi tous ceux qui ont apprécié ce que disait notre camarade sans
voter finalement pour elle à le faire ce coup-là dimanche.
En
tout cas, les électeurs qui se prononceront pour nos candidatures sauront pour
qui ils votent.
Leurs
votes permettront qu’apparaissent un courant militant qui n’a pas baissé les
bras, et qui, à contre-courant aujourd’hui maintient les éléments pour les
combats et les espérances de demain.
Voter
pour Lutte ouvrière, ce sera aider au renforcement de ce courant militant. Ce
sera d’autant plus important si les votes qui se porteront sur notre
candidature seront ceux d’un nombre croissant d’électeurs.
Alors
votez, et faites voter pour Lutte ouvrière « Pour faire entendre le camp
des travailleurs » !
Votez
et faites voter Dominique MARIETTE et Michel CAMPAGNAC !