Après Hamon proposant le partage
du travail pour lutter contre le chômage, mais sans garantie d’un salaire
complet, après Montebourg se présentant comme le « candidat du travail et de
la feuille de paie » alors qu’il a aidé la famille Peugeot à fermer l’usine
d’Aulnay, c’est au tour de Valls de tenter la conquête de l’électorat
populaire.
Lui qui affichait lors de la
précédente primaire de la gauche, en 2011, sa volonté de mettre fin aux 35
heures, de supprimer l’ISF et d’abandonner toute référence au socialisme,
affirme désormais : « J’ai changé. » Un changement très rapide,
puisqu’il n’a quitté qu’en décembre son poste de Premier ministre d’un
gouvernement qui a mené jusqu’au bout la guerre au monde du travail.
Pour soigner son image, à la
veille du premier débat télévisé entre les sept candidats de la primaire, Valls
a donc organisé une réunion publique à Liévin, au centre de l’ancien bassin
minier du Pas-de-Calais, bastion socialiste historique aujourd’hui ravagé par
le chômage. Devant les deux cents personnes qui avaient fait le déplacement, il
s’est affirmé favorable « à une société qui donne du travail et une société
qui rémunère le travail ». Le recours à de telles banalités aura du mal à
faire oublier que le nombre de chômeurs a augmenté d’un million depuis le début
du quinquennat de Hollande et que le gouvernement Valls s’est systématiquement
opposé au moindre coup de pouce pour relever le smic.
Même ses propositions pour
l’avenir apparaissent dérisoires, tant Valls tient à s’affirmer dans la
continuité des cadeaux offerts par son gouvernement au patronat, en matière de
baisse de charges en particulier. Il a ainsi promis une augmentation des
petites retraites, sans en préciser le montant ni le rythme. Il a promis de
défiscaliser les heures supplémentaires, tout comme l’avait fait Sarkozy, alors
même que la loi El Khohmri permet au patronat de remettre en cause la durée
hebdomadaire du travail et d’aller vers la suppression du seuil déclenchant
l’indemnisation des heures supplémentaires. Il a aussi promis d’augmenter la
prime d’activité, qui permet aux patrons de payer un salaire très faible en
laissant l’État compléter des payes qui ne permettent plus de vivre.
N’écoutant que son courage, Valls
a affirmé assumer « de redonner du pouvoir d’achat après avoir demandé des
efforts ». Alors que les attaques contre le niveau de vie des travailleurs
ont été incessantes pendant qu’il était Premier ministre, le voilà qui réactive
le bon vieux « Demain on rase gratis ». Pour ne pas se laisser distancer par
ses rivaux sur un thème à la mode, Valls a parlé d’assurer à chacun un « revenu
décent », qu’il évalue à... 800 euros par mois !
Une proposition indécente…
Gilles BOTI (Lutte ouvrière n°2528)