Nous
avons la force de riposter à la provocation
Le plan gouvernemental annoncé
par Valls la semaine dernière est une déclaration de guerre aux classes
populaires. 50 milliards d’euros pris dans la poche y compris des plus pauvres
pour les donner aux plus riches ! Ce n’est pas d’aujourd’hui que Hollande
fait sienne la guerre menée par le grand patronat contre les travailleurs. Il a
repris la politique de Sarkozy. En pire, car la crise se prolonge.
Mais
Valls a tenu à ce que cette guerre soit proclamée de façon spectaculaire.
Entouré de quatre comparses du gouvernement, avec des mouvements de menton à la
Sarkozy, devant les caméras de télévision il a pris à rebours les députés de sa
propre majorité.
Il sait
que l’économie prévue de 10 milliards sur l’assurance maladie est une mesure
abjecte. Comme le sont les économies supplémentaires sur l’assurance chômage et
les retraites complémentaires. Il sait que le gel des prestations sociales
(retraite, famille et logement) aggravera la pauvreté qui monte. Il sait aussi
qu’en prolongeant le blocage des salaires des plus de 5 millions de
fonctionnaires de l’État, des collectivités locales et des hôpitaux, il s’en
prend à une catégorie du monde du travail qui constitue pourtant sa base
électorale. Mais il a tenu à montrer que même les intérêts électoraux de son
parti, le PS, ne l’arrêteront pas pour exécuter les ordres du grand patronat.
Ce
n’est pas la première fois que le PS accepte de se suicider électoralement pour
mériter les bonnes grâces du patronat. Le concert d’approbations venant des
milieux patronaux montre que, sur ce plan, il a réussi.
Satisfait
d’avoir trouvé un homme politique affichant sa détermination à exécuter les
ordres du grand patronat, Gattaz, président du Medef, en a profité pour
proposer un Smic au rabais pour les jeunes.
Mais si
Valls peut jouer à l’homme fort, c’est qu’il voit que ceux qui prétendent
critiquer sa politique sont lamentables. À commencer par les parlementaires
dits de la « gauche du PS ». Ces messieurs-dames se sont dits
« humiliés » d’avoir appris le plan Valls par la télévision, comme
tout le monde, sans avoir été consultés. Humiliés, ils n’ont poussé l’audace
qu’à lancer une sorte de pétition à l’intention de ce Premier ministre issu
pourtant de leur parti, qui les prend pour les carpettes qu’ils sont.
Mais,
du côté des dirigeants du PC et du PG de Mélenchon, c’est à peine mieux. Oh,
ils dénoncent les mesures Valls, eux qui ont participé à l’élection de Hollande
et qui pleurnichent aujourd’hui sur leur déception ! Mais ils s’alignent
sur la gauche du PS car leur ambition se limite à la détacher de Hollande pour
pouvoir, tous ensemble, offrir à la bourgeoisie une « alternative de
gauche »au cas où Hollande et Valls ne réussiraient pas à passer en force.
Ce
n’est pas mieux non plus du côté des chefs des confédérations syndicales. La
provocation de Valls aurait exigé une riposte immédiate. Ne serait-ce qu’un
langage ferme pour affirmer qu’il n’est pas question d’accepter les mesures
Valls.
La
grande masse des travailleurs ne serait pas prête à se battre contre ces
mesures ? C’est l’éternelle excuse des bureaucrates pour dissimuler leur
propre couardise. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, est de ceux
dont les déclarations l’illustrent le plus clairement, lui qui, critiquant
Valls, lui reproche surtout de « porter atteinte à la cohésion
sociale » ! Se lamenter sur la cohésion sociale alors que la
bourgeoisie et ses laquais politiques mènent une guerre ouverte aux classes
exploitées, c’est jouer les avocats des exploiteurs. Et, à des nuances près,
les autres confédérations sont sur la même longueur d’onde.
Ces
gens-là se posent en représentants du monde du travail mais le trahissent, en
commençant par leurs propres militants.
Tant
que Valls n’a affaire qu’à des « hommes de gauche » complices et à
des dirigeants syndicaux pleutres, les mouvements de menton lui suffisent pour
passer pour un homme fort. Mais que l’on se souvienne d’un autre chef de
gouvernement, Juppé, franchement de droite celui-là, qui déclarait être
« droit dans ses bottes » pour attaquer la retraite des
fonctionnaires en 1995… jusqu’à ce que le mouvement de grèves lui fasse ravaler
sa morgue.
La
classe ouvrière a la force et la possibilité de réagir à la provocation,
d’imposer tout d’abord le retrait de toutes les mesures anti-ouvrières du plan
Valls, et plus généralement de toutes celles prises avant et après l’accession
de Hollande au pouvoir. Et si nous ne voulons pas être poussés vers la
pauvreté, il faudra imposer bien d’autres choses au patronat et au
gouvernement.