Après la défaite de P.
Doucet aux élections municipales, un certain nombre de ses partisans ont
reporté la responsabilité de celle-ci à ceux qui, à « gauche »
n’avaient pas appelé à voter pour lui avant le second tour, et à nous en
particulier. C’est à ceux d’entre eux de bonne foi que j’écris le message
suivant :
« Camarades,
Après la défaite de Philippe Doucet face à Georges Mothron
par 187 voix d’écart, un certain nombre, partisans du maire sortant, ont
interpellé avec rudesse, ou ignoré, voire encore insulté des militants et des
sympathisants de Lutte Ouvrière de la localité. Pour résumer et en reprenant ce
que m’a déclaré le 24 mars une ex-adjointe de Philippe Doucet, nous avions
offert la ville à la droite, nous qui n’avions pas donné de consigne de vote
pour le deuxième tour de l’élection à nos 827 électeurs du premier.
Si Philippe Doucet n’a pas été réélu,
c’est donc la faute à d’autres et en l’occurrence à Lutte Ouvrière, une
affirmation bien commode pour ne pas avoir à s’interroger sur le nombre élevé
des abstentionnistes, principale cause de leur défaite. Dans notre ville de
105 000 habitants, seulement 31 000 électeurs ont voté au deuxième
tour. Beaucoup d’électeurs de gauche écœurés par la politique que mène le
gouvernement ont voté avec leurs pieds, choisissant de ne pas se rendre aux
urnes. Et partout nous avons assisté à un même scénario, signe que pour
beaucoup d’électeurs donner sa voix à un candidat socialiste, surtout s’il
était un membre influent de ce parti, équivalait à soutenir la politique du
gouvernement, ce qu’ils se sont refusé à faire.
Toute proportion gardée, la situation
d’aujourd’hui rappelle celle du printemps 2002 lorsqu’au soir du premier tour
de la Présidentielle Jospin fut sévèrement battu, au point de ne pas pouvoir
figurer au second. Le Parti socialiste ne s’était alors pas interrogé sur les
raisons qui avaient conduit à l’élimination de son candidat. En revanche, il
s’en était pris à ses alliés du moment qui, à ses yeux, avaient eu
l’outrecuidance de présenter leurs propres candidats. A Lutte Ouvrière il nous
fallut également résister aux pressions, voire aux insultes proférées par ceux
qui nous reprochaient de ne pas les suivre dans leur honteux soutien à
Chirac ; une opération qui allait contribuer à la montée des idées
réactionnaires, ne serait-ce que parce qu’elle mettait en selle un certain…
Sarkozy.
Aux élections municipales qui
viennent d’avoir lieu, la plupart des électeurs ont donc tenu à porter un
jugement sur ce qui leur semblait déterminant, à savoir sur la politique du
gouvernement. Nous le savions par avance d’où notre choix de ne pas mener une
campagne dite locale mais au contraire une campagne qui porterait sur
l’essentiel, défendre les intérêts des travailleurs, le camp des travailleurs
avons-nous dit.
C’est très précisément cela qui s’est
exprimé dans ces élections, y compris par l’abstention. Philippe Doucet le
reconnaissait d’ailleurs lui-même le soir des élections quand il déclara :
“le faible sursaut des quartiers populaires n’a pas permis de compenser la
forte participation des quartiers pavillonnaires, mobilisés avant tout sur des
enjeux nationaux”. Il oubliait seulement de préciser que les « enjeux nationaux » ont
également pesé sur les choix des quartiers populaires. En témoigne entre autres
les forts taux d’abstention.
Dans ces élections, nous voulions à tout prix nous
positionner contre la politique du gouvernement, dans le camp des travailleurs
donc, et rien que dans ce camp. Nos détracteurs le savaient déjà en 2012. Il ne
leur avait pas échappé que nous n’avions ni appelé à voter Hollande au deuxième
tour de la Présidentielle ni appelé, dans la circonscription
d’Argenteuil-Bezons, à voter pour son candidat au deuxième tour de la
législative qui suivit. Il ne leur avait pas échappé que nulle part nous
n’avons pratiqué une politique d’alliance
lors des dernières municipales comme nous l’avions fait en 2008, que
partout nous nous sommes présentés sous nos propres couleurs, avec notre propre
programme.
Face à un gouvernement hostile au
monde du travail, face à la montée des idées réactionnaires, il faut qu’une
autre voix se fasse entendre qui ne se mêle pas à d’autres, hostiles aux
intérêts vitaux des travailleurs. Et notre utilité militante est justement de
porter cette politique sans qu’elle soit altérée par une quelconque tactique
qui nous rendrait complice de la politique menée par l’actuel
gouvernement.
Comme vous, l’élection d’un G. Mothron
ne nous réjouit pas, comme ne nous réjouit pas la volonté de Hollande de
maintenir son cap qui a été rejeté aux municipales, comme ne nous réjouit pas
non plus la constitution d’un gouvernement de combat… contre les travailleurs.
Contre les uns et les autres, contre
les mesures du gouvernement Hollande-Valls qui auront des répercussions
locales, et contre celles que voudra imposer G. Mothron, il nous restera toujours
la possibilité de nous y opposer collectivement.
Mais si nous nous opposons à la
politique du gouvernement, nous savons faire la différence entre les militants
socialistes qui la portent et ceux qui la subissent. Avec ces derniers je suis
sûr que nous nous retrouverons dans toutes les mobilisations à venir.
Avec mes
salutations militantes et communistes,
Dominique
Mariette »