Le
candidat du FN vient d’emporter l’élection au conseil général dans le Var,
battant au deuxième tour la candidate de l’UMP.
Ci-dessous l’article de notre hebdomadaire
Lutte Ouvrière de jeudi dernier, portant sur les résultats du 1er tour
de ce scrutin.
L'élection
partielle de Brignoles : l'escroquerie du « front républicain »
Les résultats du premier tour de l'élection cantonale partielle du 6
octobre à Brignoles, dans le Var, ont donné le candidat du Front national
largement en tête. Le candidat du PCF, soutenu également par le PS, est
éliminé. Et le second tour verra s'affronter FN et UMP.
Ce résultat agite les états-majors des
partis politiques : PS et PCF s'angoissent devant l'ampleur du recul de
leur électorat, le FN salive à l'idée de ce que cela annonce comme futurs
succès électoraux, tandis que l'UMP, si elle est ravie de voir les partis de
gauche jouer les rabatteurs de voix à Brignoles, s'inquiète plus largement de
la concurrence du Front national. Mais que ressort-il réellement de ce
scrutin ?
Le résultat du Front national
(40,4 %) est important au regard du score des autres partis (20,8 %
pour l'UMP, 14,6 % pour le PCF soutenu par le PS et 8,9 % pour le
candidat écologiste), d'autant plus que, pour mesurer le résultat électoral de
l'extrême droite, il faut lui ajouter celui d'un candidat dissident
(9,1 %) qui s'était présenté sous l'étiquette Front national il y a un an
à peine. Mais il n'y a pas pour autant une explosion de l'électorat d'extrême
droite : l'abstention a été importante et, si l'extrême droite totalise
3 330 voix, elle avait déjà obtenu 2 654 voix aux cantonales de 2004.
En réalité, c'est surtout l'électorat du PS et du PCF qui s'est effondré. Le
candidat du PCF paye la politique gouvernementale antiouvrière que son parti a
cautionnée implicitement depuis un an et demi, et il la paye d'autant plus
qu'il était aussi le candidat du PS. Il le dit lui-même : « En
campagne, nous parlions de politique locale, on nous répondait chômage et
difficulté à seulement vivre. »
Suite
au désaveu électoral, PS et PCF ressortent maintenant l'argument du
« front républicain » et appellent à voter UMP. Il y aurait pour eux
une « solidarité républicaine » que les travailleurs devraient avoir
avec la droite, alors même que celle-ci reproche au gouvernement de ne pas en
faire assez pour les patrons et de ne pas cogner assez sur les
travailleurs ; et alors même que les dirigeants de l'UMP se battent pour
savoir lequel ira le plus loin pour concurrencer le Front national dans sa
démagogie anti-immigrés et anti-pauvres.
La politique du Front national représente
une politique féroce contre les travailleurs, plus encore même que celle du PS
ou de l'UMP, mais ce n'est pas en se rangeant derrière ceux qui en font le lit
qu'on pourra s'y opposer. Face au chômage et aux difficultés grandissantes des
classes populaires, face à la politique du gouvernement pleine de servilité
vis-à-vis des intérêts patronaux, il serait vital d'affirmer clairement les
intérêts des exploités, sans se confondre avec les partis qui se sont succédé
au pouvoir et ont fait payer la crise aux plus pauvres.
Ce que paient aujourd'hui PS et PCF, c'est
d'être devenus des piliers du système capitaliste en crise et du régime
politique qui le soutient. Leur appel à voter UMP revient d'ailleurs à le
confirmer, en affirmant leurs valeurs communes avec ce parti de droite. Ce
n'est pas de tels partis qu'ont besoin les travailleurs et les couches
populaires.
Pierre ROYAN