Le nouveau ministre de l'Éducation nationale Vincent Peillon a décidé de
rendre publics dix-sept rapports adressés à son prédécesseur par les inspections
générales et restés jusque-là « secrets ». En fait, si ces rapports n'avaient
pas été rendus publics sous leur forme d'origine, le contenu de certains était
largement connu, notamment celui qui dénonce le non-remplacement des enseignants
absents.
Pour les absences de longue durée, telles que les congés de maternité,
d'adoption ou de longue maladie, le remplacement s'effectue à 96 %, mais le taux
descend à 20 % lorsqu'il s'agit d'absences de moins de quinze jours. Ainsi, sur
la dernière année scolaire, les élèves auraient perdu 2,6 millions d'heures de
cours, surtout dans le secondaire car, dans le primaire, les non-remplacements
sont masqués par le fait que les élèves dont le professeur est absent sont
répartis sur les autres classes.
Cette situation n'est pas nouvelle, mais elle s'est considérablement aggravée
ces dernières années avec l'avalanche des suppressions de postes dans
l'Éducation nationale, qui ont frappé proportionnellement plus les enseignants
qui n'étaient pas directement en charge de classes, tels les titulaires
remplaçants, dont 3 000 postes ont été supprimés rien qu'en un an. On en est
même arrivé au point de voir des chefs d'établissement, ou des parents d'élève,
publier des petites annonces dans la presse ou faire appel à Pôle emploi pour
pallier les carences de l'Éducation nationale.
Que Peillon publie les rapports dits secrets est une bonne chose. Mais
parents et enseignants attendent surtout du gouvernement qu'il donne à cette
publication une suite allant au-delà du constat de carence. Dans l'Éducation
nationale comme dans tous les services publics, il faut embaucher pour pourvoir
tous les postes dont la population a besoin.
Marianne LAMIRAL