dimanche 16 octobre 2011

Le 17 octobre 1961



Editorial des bulletins d’entreprise VOIX OUVRIERE, l’ancêtre de LUTTE OUVRIERE du 23 octobre 1961. Le 17 octobre tombait un mardi. Cet éditorial est celui du lundi suivant.


POUR QUI SONNE LE GLAS


Traqués, torturés, assassinés, les Algériens savent qu’ils gagneront l’indépendance pour laquelle ils se battent depuis sept années entières, et la dignité qui s’attachent à l’indépendance, ils l’ont déjà gagnée dans le combat. En fait, c’est eux qui le 17 octobre nous ont donné, à paris, l’exemple d’une manifestation que n’oublieront pas ceux qui l’on vue.
            Pour ceux qui aiment mieux ignorer que l’on tue, que l’on incendie et que l’on torture en Algérie, qu’en France l’on arrête et l’on torture dans nos commissariats de quartier, il était assez désagréable de se voir rappeler ouvertement une telle vérité. Désagréable d’être dérangés dans leur tranquille médiocrité quotidienne.
     Pourtant, spontanément, des actes de solidarité eurent lieu. Mardi soir, lorsque les agents tirèrent dans la masse des Algériens qui avançaient boulevard Bonne-Nouvelle, ce sont des passants qui s’occupèrent des blessés ou les transportèrent à l’hôpital. Vendredi à Saint-Anne, hôpital psychiatrique où furent emmenées les Algériennes arrêtées lors des manifestations, ces dernières purent s’enfuir grâce à la complicité du personnel hospitalier. Lorsque vendredi midi, place Nationale, chez Renault, un car de police survint devant un millier d’ouvriers, des cris jaillirent « assassins » et le car entouré par les travailleurs fut sérieusement secoué. Mais il ne s’agit là que de réactions individuelles.
            Alors que les travailleurs algériens sont assassinés, que 11 500 d’entre eux ont été internés à Coubertin, au Palais des Sports, qu’ont fait les organisations syndicales ?
            FO est restée muette comme une carpe. La CFTC et la CGT se sont contentées de déclarations générales contre les violences exercées sur les Algériens. Tout au plus, dans certaines entreprises ou localités, la CGT , comme le PCF, a proposé les éternelles pétitions que l’on nous fait signer depuis sept ans que dure la guerre.
            Cependant une telle incapacité ne reste pas impunie et l’on voit depuis quelque temps les flics se permettre de venir arrêter des travailleurs nord-africains à la porte des usines, quand ce n’est pas les assassiner.
            Laisser la répression s’abattre sur les travailleurs algériens, c’est permettre qu’elle s’abatte par la suite sur nous tous. La politique du laisser-faire du père tranquille qui, lui, ne veut pas se mêler des affaires des autres parce qu’au fond il  espère échapper à leur sort, est  celle qui a permis l’installation des camps de concentration, le règne de la terreur nazie. C’est celle qui permet à la bourgeoisie de nous dominer en nous divisant et en nous battant séparément les uns après les autres.
            Nos camarades de travail, parce qu’ils sont  algériens, sont aujourd’hui victimes de la répression. Laisser faire cela, c’est permettre que demain, ceux qui n’ont pas envie de crier sur ordre « vive Salan »(1) ou « vive Ortiz »(2) dans la rue, soient arrêtés ou assassinés.
            C’est maintenant qu’il nous faut réagi pour que de telles exactions ne soient pas possibles.
            Pour le 1er novembre, le FLN appelle la métropole à manifester sa volonté de paix, côte à côte avec les Algériens. Jusqu’à maintenant, aucune organisation n’a donné de réponse.
            Pendant ce temps, le gouvernement s’attaque aux organisations syndicales cheminotes et leur adresse une circulaire leur stipulant le cadre dans lequel il accepte le droit de grève, brandissant indirectement la menace de la réquisition pour toute manifestation qui n’aurait pas l’heur de lui plaire. Les fédérations cheminotes ripostent par une journée de grève le jeudi 26 octobre, alors qu’elles auraient pu saisir l’occasion de le faire le 1er novembre.
            Une grève pour le métro-bus est plus ou moins prévue pour ce jour-là. Qu’attendent les fédérations des autres secteurs ?
            L’atteinte du droit de grève d’une catégorie de travailleurs est un coup porté contre le droit de grève de tous.
            Si le gouvernement peut se battre sur plusieurs fronts, mitrailler les travailleurs algériens, s’attaquer à nos salaires, s’attaquer au droit de grève, c’est parce que nous luttons séparément.
            Nous sommes tous solidaires les uns des autres. C’es tous ensemble que nous vaincrons.

(1)   Un des dirigeants du putsch « Algérie française » des généraux d'avril 1961 ;
(2)   Membre de l'extrême-droite algéroise.
Dominique participera à la cérémonie du souvenir ce lundi 17 octobre, à 11 heures, sur le pont d'Argenteuil, dans le prolongement de l'avenue Gabriel Péri.

samedi 15 octobre 2011

Un chien de sa chienne

Le rapporteur public du tribunel administratif a demandé l'annulation de la dernière élection cantonale sur le canton d'Argenteuil-Ouest.
     Un des arguments avancés est la différence de signatures d'un certain nombre d'électeurs entre le premier et le second tour, alors que le résultat avait été très juste. Le même argument qui avait permis après 2008 l'annulation de l'élection de Marie-José Cayzac sur le canton-Est. Bref, un retour de compliment.
     Si cette annulation se confirmait, l'élu invalidé disposera de davantage de temps pour étudier un peu plus le mécanisme des emprunts dits "toxiques" qui grèvent les finances argenteuillaises et dont il porte une part importante de responsabilité.

Un plan d’austérité au Portugal

 
Au Portugal, le gouvernement de centre-droit vient de décider d’attaques importantes contre la population. Les fonctionnaires devraient perdre deux mois de salaire sur 14, soit une baisse de salaire de 14,2%. Pour les retraités gagnant plus de mille euros, ce sera la même chose. Et une augmentation du temps de travail est prévue dans les entreprises privées.
     D’un bout à l’autre de l’Europe, les solutions envisagées par les gouvernants sont les mêmes : baisser les salaires, augmenter le temps de travail, faire payer les classes populaires. Rien de tout cela ne peut arrêter la spéculation et la crise.
     Au contraire même, prendre dans les poches des travailleurs pour alimenter les financiers, c’est enfoncer la société dans la catastrophe pendant que les riches se goinfrent.

Ils veulent faire marcher les jeunes au pas

 
L’Assemblée Nationale vient d’adopter la proposition prévoyant un encadrement militaire des jeunes mineurs auteurs de « petits délits » au sein d’ « établissements d’insertion de la Défense ». Une idée avancée par la socialiste Ségolène Royal. Les députés nous expliquent que la seule chose qui manque à ces jeunes serait le sens de la discipline et de l’obéissance.
     C’est une plaisanterie doublée d’une basse opération destinée à flatter l’électorat le plus réactionnaire. D’un côté l’État supprime des dizaines de milliers d’emplois dans l’Éducation, mais aussi dans les services sociaux, de l’autre, il prétend « dresser » les jeunes en jouant les pères Fouettards. Il y a plus d’un siècle, Victor Hugo écrivait déjà « quand on ferme une école, on ouvre une prison ». Cette société qui n’a que la discipline et la morale de caserne à offrir à sa jeunesse n’est pas sortie de la barbarie.

vendredi 14 octobre 2011

Nathalie Arthaud : un communiqué

Augmentation des mutuelles : la guerre aux pauvres continue
Le couperet est tombé : les tarifs des complémentaires santé vont augmenter de près de 5% l’an prochain. Un nombre croissant de malades, dans les classes populaires, va donc se voir privé de la possibilité de se soigner correctement. Quatre millions de personnes, dans ce pays, sont aujourd’hui sans couverture complémentaire. Combien le seront demain, après l’application de cette nouvelle augmentation ?
     En matière de santé, le gouvernement pratique la politique de la double peine pour les plus pauvres : d’abord, il dérembourse des centaines de médicaments, ce qui alourdit automatiquement la facture santé. Ensuite, il augmente les taxes sur les mutuelles. Moins de remboursement par la Sécurité sociale, et moins de possibilité de remboursement par les complémentaires !
     Pendant ce temps, les grandes sociétés d’assurance, qui représentent un quart du marché des complémentaires, vont se remplir un peu plus les poches, au détriment des malades.
     Les capitalistes de l’assurance, comme Axa, ou de l’industrie du médicament, comme Sanofi, font des milliards de bénéfices. C’est là qu’il faut prendre l’argent, et non dans les poches des classes populaires !
                                                                                        Nathalie Arthaud,  le 14.10.11

Mutuelles en hausse : la lutte pour les salaires, une garantie

Selon la Mutualité française, le coût des complémantaires santé va augmenter de 4,7% en moyenne en 2012. Cela signifie des euros de dépenses supplémentaires que les salariés, actifs ou au chômage, les retraités, devront trouver ailleurs... en réduisant d'autres dépenses.
     Les dépenses augmentent, les salaires doivent faire de même.

Tentative de suicide d'une enseignante : révélatrice

Une enseignante de Béziers a tenté de s'immoler par le feu au milieu des locaux scolaires, au moment de la récréation. Certains ne voudront voir que le cas particulier d'une personne affaiblie par des difficultés personnels. Mais on ne tente pas de se suicider dans de telles conditions sans vouloir crier son désespoir face à la situation de l'institution scolaire. Comme les autres salariés, fonctionnaires ou non, les conditions des personnels de l'Education nationale se dégradent.
     Un tel acte désespéré est révélateur de cette situation.
    

Maternelles : les risques sont d'abord du côté du gouvernement

Le gouvernement veut évaluer prochainement les élèves des grandes sections de maternelles. Il s'agirait de détecter tôt les "risques pour les apprentissages". Imaginons. Et après ? Les moyens pour aider les enfants à surmonter leurs difficultés ont été réduits année après année. Sur ce plan, il n'est pas question de risques mais d'une réalité : hausse drastique des effectifs, réduction du nombre de membres des Rased (les réseaux d'aide), de psychologues, de médecins scolaires.
     En la matière, pas de besoin d'évalution pour connaître les conséquences de la politique du gouvernement : le risque est maximum.