À l'heure où nous écrivons, le plan d'austérité de Fillon destiné à « rassurer les marchés financiers » n'est pas encore connu dans le détail. On sait cependant qu'il s'agit de trouver autour de dix milliards d'euros d'économies supplémentaires et on sait bien aussi que c'est à la population laborieuse que nos gouvernants vont demander l'essentiel des sacrifices, même s'ils prennent une mesure symbolique pour taxer les plus riches.
Et tout cela pour quoi ? Pour que les « marchés » comprennent que l'État français est bien décidé à rembourser toutes ses dettes auprès des banques et autres institutions financières, quitte à saigner à blanc sa population. En somme il s'agit de convaincre tous les possesseurs de capitaux qui spéculent sur la dette des États qu'ils ne perdront ni leur mise ni leurs gains ! C'est les encourager à continuer de plus belle ! Et nous les travailleurs devrions nous sacrifier pour que ces grands bourgeois, banquiers, industriels, gros actionnaires, riches milliardaires, soient assurés qu'ils seront gagnants à tous les coups en jouant à ce casino planétaire ?
On nous a déjà fait le coup en 2008, lors de la crise bancaire : il fallait, là aussi, rassurer les banquiers, ceux-là mêmes qui avaient mis le monde au bord du gouffre avec leurs spéculations effrénées sur les prêts immobiliers aux États-Unis. Et les États ont dépensé sans compter pour rétablir la confiance de ces messieurs. Ils se sont endettés, ont creusé les déficits et exigé des sacrifices de plus en plus durs de la population. Et pour quel résultat ? Le système capitaliste s'enfonce de plus en plus dans la crise.
L'argent pris dans la poche des classes populaires pour maintenir les profits des spéculateurs a servi à spéculer de plus belle. Le monde est à nouveau au bord d'un effondrement économique et on nous dit qu'il faut à nouveau rassurer les mêmes !
En fait, tous les sacrifices imposés aux travailleurs ne mettent pas fin à la crise. L'argent qu'on leur prend sert à maintenir à flot les profits des grandes entreprises et la fortune des riches. Mais ceux qui profitent de ces richesses n'investissent pas dans la production de biens, ne créent pas d'emplois, ne contribuent en rien à un redémarrage de l'économie. Les classes riches s'emparent d'une part croissante des richesses de la société, poussant vers la misère les classes populaires. Et avec la baisse de la consommation de la population, il y a de moins en moins de débouchés pour la production de marchandises et c'est toute l'activité économique qui menace de s'arrêter.
C'est dire que les sacrifices qu'on nous présente comme un remède inévitable pour échapper à la crise ne font que l'aggraver. Les gouvernements le savent bien mais ils mentent pour cacher leur dévouement corps et âme aux intérêts du grand patronat et des riches bourgeois. Quelle que soit leur couleur politique, ils font tout pour que ce ne soit pas ces grandes fortunes qui payent la crise de leur propre système, pour que leur patrimoine et leur profit soient préservés grâce aux ponctions opérées sur la majorité de la population.
De leur côté, les patrons vont s'efforcer de plus belle de reporter sur les salariés le poids du marasme économique en licenciant, en fermant des usines, en aggravant les conditions de travail, même si quelques gestes démagogiques seront faits. C'est un véritable cercle vicieux car toutes ces attaques contre le monde du travail plongent l'économie réelle dans la crise et poussent la population laborieuse, ouvriers, employés, paysans, petits commerçants, à la ruine. Le système capitaliste est un système fou, nuisible à l'immense majorité de la population.
Il n'y a aucune raison de s'y soumettre. Plutôt que de « rassurer les spéculateurs », il faudrait les exproprier et utiliser les capitaux ainsi récupérés pour créer des emplois, payer des salaires et produire tous les biens indispensables qui font cruellement défaut aujourd'hui. Seule la classe ouvrière est capable de sortir le monde du gouffre en prenant la direction de l'économie. Il lui faut d'urgence contrer le plan concocté par les patrons et les gouvernements pour lui faire payer leur crise. Il lui faut son propre plan et son propre parti pour prendre sur les profits accumulés pour protéger ses emplois et ses salaires. Il faudra imposer l'interdiction des licenciements et le partage du travail entre tous sans diminution de salaire. Il faudra imposer l'échelle mobile des salaires et des pensions pour que ceux-ci augmentent au moins autant que les prix. Il faudra que les travailleurs et la population exercent un contrôle sur la gestion des entreprises. Les banquiers devront être expropriés et les banques fusionnées en un seul instrument qui dispensera ses crédits exclusivement à l'économie réelle, à des productions utiles sous le contrôle des travailleurs.
Le capitalisme a fait faillite. L'avenir repose sur les luttes des travailleurs.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 22 août