vendredi 6 décembre 2013

Nelson Mandela vient de mourir. Voilà ce que nous écrivions dans un numéro de juin dernier de l'hebdomadaire Lutte Ouvrière

Nelson Mandela : l'homme de la lutte contre l'apartheid... et l'instrument de la transition pour la bourgeoisie sud-africaine

Nelson Mandela, ancien dirigeant de l'ANC, l'African National Congress, le parti nationaliste noir d'Afrique du Sud et premier président noir du pays entre 1994 et 1999, gravement malade, pourrait ne pas atteindre son 95e anniversaire. Pour beaucoup, il reste le symbole de la lutte contre le régime d'apartheid qui, pendant plus de quarante ans, a été imposé, par la bourgeoisie blanche, à la majorité noire de la population d'Afrique du Sud.
     Mis en place en 1948, après la victoire électorale du Parti national, regroupant exclusivement des Afrikaaners, l'apartheid exprimait, par la ségrégation et la violence, la détermination de la minorité blanche qui concentrait déjà toutes les richesses économiques du pays à tenir à distance la majorité noire, c'est-à-dire les pauvres et les prolétaires.
     Pendant quarante ans, parqués dans les bantoustans – les réserves – et les townships, – ghettos à la périphérie des grandes villes –, les Noirs et les métis devaient être munis d'un laisser-passer pour aller travailler en zone blanche. L'oppression, le mépris, la matraque, la prison et la torture furent, des années durant, érigées en méthode de gouvernement. La révolte contre cette insupportable discrimination légale à grande échelle ne cessa pas de se manifester. La jeunesse scolarisée affronta le pouvoir, en 1976, à Soweto. Puis ce furent les luttes massives de 1984 à 1986, dont la grève des mineurs, qui inquiétèrent le pouvoir au point de le pousser à chercher, parallèlement à la répression féroce qu'il exerçait contre les opposants à l'apartheid, une solution négociée. Ils voulaient éviter que les révoltes, les grèves, se transforment en un mouvement de fond de la population – et surtout de la classe ouvrière – mettant en danger la domination de la bourgeoisie et les immenses profits qu'elle et ses alliés impérialistes tiraient de l'exploitation des travailleurs.
     Cette solution négociée, c'est l'ANC et ses dirigeants, dont Nelson Mandela, qui en furent les acteurs aux côtés du parti nationaliste blanc au pouvoir. Longtemps fer de lance de la lutte anti-apartheid, le parti nationaliste noir orienta la révolte et les luttes ouvrières vers un « apaisement » qui tenait des millions de travailleurs à distance du pouvoir. De loi raciste abrogée en légalisation des partis politiques, le gouvernement remisa la ségrégation officielle et organisa dès mars 1990 des négociations ouvertes avec l'ANC. L'apartheid fut aboli dans les textes en juin 1991.
      En fait, tout en prenant en compte la colère de la population noire, la bourgeoisie sud-africaine préservait ainsi sa domination. Un référendum organisé l'année suivante parmi la population blanche montra que celle-ci approuvait à 69 % les décisions du président blanc de Klerk. Signe de reconnaissance de la bourgeoisie mondiale, Nelson Mandela fut couronné du prix Nobel de la paix, en même temps que le président de Klerk. Des élections, en avril 1994, le portèrent à la présidence. L'ANC organisa alors le gouvernement, en commun avec le Parti national et le parti nationaliste zoulou.
     La misère, elle, n'avait pas disparu. Mais, dans le pays le plus riche d'Afrique, il y avait la place pour qu'une petite bourgeoisie et une bourgeoisie noires se développent. Loin d'être des révolutionnaires, Mandela et les autres dirigeants de l'ANC collaborèrent à la direction de l'État bourgeois et permettaient aux couches dirigeantes de la population noire d'occuper des postes et de s'enrichir. Mais il n'en était pas de même de la population pauvre, en grande majorité noire, qui continua à subir sinon l'apartheid légal, du moins l'apartheid social. Et cet État avait toujours les mêmes ennemis, les travailleurs qui relèvent la tête.
     Dernièrement en août 2012, lors de la grève dans les mines de platine Lonmin à Marikana, trente-quatre grévistes ont été tués par des policiers noirs, défendant les profits des capitalistes. Ce sont ensuite des ministres noirs, membres de l'ANC, qui ont défendu l'action de la police et condamné celle des mineurs. Ainsi malheureusement la politique de Mandela et de l'ANC, si elle a conduit à la fin de l'apartheid, a maintenu une exploitation tout aussi féroce, tout au plus ayant changé de couleur.

                                                            Viviane LAFONT

jeudi 5 décembre 2013

Guerre d'Algérie : un criminel de Guerre est mort

Aussaresses, ex général de l’armée française avait avoué, fièrement, avoir torturé durant la guerre d’Algérie. Des centaines de milliers d’Algériens sont morts sous les coups de ces tortionnaires français. Ces pratiques barbares se sont faites au vu et au su des dirigeants politiques de l’époque. En particulier les ministres socialistes comme Guy Mollet ou François Mitterrand qui les connaissaient et les couvraient même.


Extrait d’un numéro ancien de Lutte Ouvrière

Tortures en Algérie - Des exactions dénoncées dans les années soixante : des livres qui témoignent 

"La Question" d’Henri Alleg - "La torture dans la République (1954-1962)" Pierre Vidal-Naquet - "Le peuple algérien et la guerre" de Patrick Kessel et Giovanni Pirelli - "Les harkis à Paris" et "Ratonnades à Paris" de Paulette Péju - "Le désert à l’aube" de Noël Favrelière.
Dans La Question, un livre paru en 1961, en pleine guerre d’Algérie, Henri Alleg, militant communiste, directeur d’Alger républicain, un journal interdit en septembre 1955, témoignait des tortures qu’il avait subies durant sa détention dans l’une des geôles clandestines de l’armée française à Alger, alors sous contrôle de la 10e division parachutiste du général Massu. Accusant nommément les responsables militaires de torture, le témoignage bouleversant d’Henri Alleg provoqua un choc dans l’opinion publique et suscita un scandale dans la presse française et internationale.
Dans son étude historique La torture dans la République (1954-1962), parue au lendemain même de la guerre d’Algérie, Pierre Vidal-Naquet dénonçait également la torture pratiquée par la police et l’armée. S’appuyant sur des informations précises (qui n’ont jamais fait l’objet d’aucun démenti), l’auteur mettait en évidence dans son livre l’enchaînement qui amena le gouvernement socialiste de l’époque à s’engager dans la guerre, à y intensifier la répression et à signer un chèque en blanc à l’armée en Algérie. Dès 1955, l’état d’urgence fut instauré sur l’ensemble du territoire algérien. Cela allait laisser libre cours à la soldatesque, désormais débarrassée des contraintes d’une légalité qui, de toute façon, ne s’y était guère appliquée jusqu’alors.
Sous les ordres du général Massu et du colonel Bigeard, les militaires torturaient, massacraient les Algériens qui combattaient (ou étaient suspectés de combattre) pour l’indépendance de leur pays. Ces militaires français étaient couverts au plus haut niveau de leur hiérarchie, mais aussi par les hommes politiques au pouvoir, de Robert Lacoste en poste en Algérie à Pierre Mendès-France, Edgar Faure, Max Lejeune, Guy Mollet, François Mitterrand qui étaient ministres.
Le livre de Vidal-Naquet met en évidence la responsabilité du gouvernement, et y compris sa responsabilité dans l’usage des pires moyens utilisés dans cette répression. Le silence et le mensonge permanent étaient de règle de la base au sommet de l’Etat, du planton au ministre en exercice. Le système de la torturese développa à l’ombre et avec la complicité du pouvoir politique.
Patrick Kessel et Giovanni Pirelli publiaient, eux, dès 1963 dans Le peuple algérien et la guerre, aux éditions François Maspero, des centaines de témoignages, de lettres, de plaintes de militants algériens torturés par l’armée en Algérie, d’ouvriers ou d’étudiants algériens victimes des sévices de la police française dans la capitale, sans oublier les appels des internés dans les camps en Algérie, etc.

René CYRILLE

("La torture dans la République" de Pierre Vidal-Naquet, "La Question" d’Henri Alleg, sont publiés, aujourd’hui, aux Editions de Minuit. "Le peuple algérien et la guerre" de Patrick Kessel et Giovanni Pirelli, depuis longtemps introuvable, peut se consulter en bibliothèque.)
RATONNADES A PARIS précédé de LES HARKIS À PARIS de Paulette Péju (Ed. La Découverte, 59 F)
Paulette Péju, journaliste, écrivit ces deux petits livres dans l’urgence. Ils furent immédiatement saisis par la police dans les locaux de l’imprimerie. Ils témoignent des méthodes mises en oeuvre à Paris sous les ordres du préfet de Police Papon contre la population d’origine algérienne pour tenter de détruire l’organisation du FLN implantée en son sein. Méthodes qui n’avaient rien à envier à celles de Bigeard et de Massu en Algérie.
A. V.
LE DÉSERT À L’AUBE de Noël Favrelière (Edition de minuit : 89 F)
Noël Favrelière, rappelé en 1956 dans un régiment de parachutistes, déserta quelques semaines après son arrivée en Algérie. Il sympathisait déjà avec la cause du peuple algérien. Ses années de service militaire passées là-bas lui avaient fait comprendre la misère dans laquelle vivait celui-ci, et prendre conscience de l’oppression coloniale.
Lorsqu’il fut renvoyé en Algérie en juillet 1956, Noël Favrelière y vit les jeunes rappelés entraînés par leurs officiers à pratiquer les exécutions sommaires et à violenter la FLN dont il avait la garde, le sauvant d’une mort certaine et à partir avec lui. Fuyant dans le désert la nuit, se cachant le jour, tous deux rejoignirent les maquis de la frontière tunisienne, où Noël Favrelière combattit aux côté du FLN.

Publié en 1960, ce livre, où Noël Favrelière raconte comment il quitta l’armée française pour passer du côté des combattants algériens, fut saisi une semaine après sa parution, et interdit. Il était, et reste encore, le témoignage de ce que les gouvernements qui menèrent la sale guerre d’Algérie firent subir à la population de ce pays, mais aussi aux soldats envoyés là-bas pour la réprimer



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Elections municipales d'Argenteuil : quand la démagogie s'en donne à coeur joie (suite)

Chômage : il faut interdire les licenciements, empêcher la suppression de postes sous prétexte d’augmenter les profits, il faut répartir le travail entre tous, il faut embaucher dans les services publics

Le candidat UMP vient de sortir un nouveau tract électoral portant sur le « chômage des jeunes ».
     Certes, nous ne lui contesterons pas les chiffres qu’il cite à l’appui : « 1500, c’est le nombre de demandeurs d’emplois de moins de 26 ans. Près de 20% c’est le taux de chômage à Argenteuil. + 38%, c’est l’évolution du nombre de demandeurs d’emploi argenteuillais entre 2009 et 2013 ».
      Mais, face à cette situation dramatique, la solution qu’il propose est totalement dérisoire : une « maison des initiatives professionnelles » avec « coaching » de professionnels, entraînement aux entretiens d’embauche, aide à la rédaction de CV… » initiatives qui existent partout et depuis belle lurette et qui n’ont pas enrayé d’un iota la hausse inexorable du chômage.
     Silence radio, en revanche, sur les licenciements qui viennent grossir les rangs des chômeurs, motus et bouche cousue sur la liquidation de dizaines de milliers de postes. Nous ne citerons pas la longue liste d’entreprises concernées ces dernières semaines. Mais parmi tous les travailleurs touchés, de nombreux Argenteuillais, jeunes et plus anciens. Mais tout cela fait que les jeunes ont de plus en plus de mal à trouver des emplois, et des emplois correspondant à leur formation !
     Mais ces questions, les seules véritables, n’intéressent pas M Mothron.
     Un encore jeune camarade de PSA-Aulnay d’Argenteuil me rappelait la façon dont le maire d’alors les avait éconduits en 2007 alors que, à l’occasion d’une grève, les travailleurs demandaient son soutien.
     Quant à soutenir leurs luttes, jamais on ne le vit. On vit même le contraire. Quand je proposais à la municipalité un soutien financier à la longue grève des postiers d’Argenteuil contre la réduction de leurs effectifs, donc pour l’embauche de jeunes, que fit-il ? Il s’y opposa, et devant les tribunaux de surcroît !
     Alors quand la démagogie nous tient…

      Ce n’est vraiment pas de ce côté-là que les jeunes doivent se tourner pour trouver une solution pour leur embauche.

Conseil municipal d'Argenteuil : prochain conseil

Conseil municipal d’Argenteuil
Lundi 9 décembre
20 heures

Avec des questions récurrentes concernant l’enseignement privé, les forces de l’ordre, l’ « affaire Conjugue »,…

Venez écouter ce conseil
Venez y suivre les prises de position des élus Lutte Ouvrière

Education : la France championne des inégalités

Les résultats de la dernière enquête internationale Pisa sur l’éducation, qui évalue tous les trois ans les systèmes éducatifs de 65 pays, confirment que le système éducatif français est devenu le plus inégalitaire d’Europe au détriment des jeunes issus des milieux populaires.
     Combattre cette injustice devrait passer par une politique d’investissement et de recrutement massif, en particulier dans les quartiers populaires, et ce dès la maternelle. Mais cela, il ne faut pas l’attendre du gouvernement actuel qui ne fait, malgré ses dires, que prolonger, en ce domaine comme dans les autres, la politique destructrice de Sarkozy-Fillon.

     C’est ce que veulent aussi dénoncer de très nombreux enseignants du primaire en grève aujourd’hui.

Grève : médecins en grève

En Grèce, la moitié des 6 000 médecins de l’Organisme National de Distribution des Services de Santé sont en grève, contre la décision du gouvernement de renvoyer 45% d’entre eux.
     Cette association organise des dispensaires qui assurent la prise en charge de 10 millions de Grecs parmi les plus pauvres, en mettant généralistes et spécialistes à leur disposition. Ce sont les spécialistes que le gouvernement veut supprimer, au nom du remboursement de la dette, dans le cadre d’un vaste plan de licenciement de 30 000 fonctionnaires.

     En fait, c’est pour la santé financière des banquiers que crève la société…

Véolia : les actionnaires veulent jeter à l’eau les salariés

Après avoir annoncé en mars dernier 1 500 suppressions de postes, le trust Veolia prévoit pour l’an prochain une nouvelle saignée de 700 à 750 postes dans le secteur de l’eau, dont il est le numéro un mondial. Rien n’étanche en effet la soif de profits des actionnaires dans ce secteur, si juteux durant des décennies qu’il permettait aux capitalistes de transformer l’eau en or. Les travailleurs n’ont pas à faire les frais de cette course aux bénéfices. Il faut non seulement interdire les licenciements à ces gens-là, mais aussi placer la gestion de l’eau sous le contrôle des consommateurs.

mercredi 4 décembre 2013

"Chibanis" en France : les « vieux » en arabe, des retraités, solitaires, largement abandonnés, nos frères de classe


Une exposition

A l’initiative de l’ATMF, une exposition a été inaugurée lundi à Argenteuil, à la médiathèque Aragon-triolet du centre. Elle présente une série de portraits de ces anciens, ouvriers des années 1950-60, qui vivent souvent dans la solitude de foyers  de travailleurs coupés du reste des villes et de leur vie sociale. Certains n’y vivent qu’une partie de l’année rentrant dans leur pays d’origine, l’Algérie en particulier. D’autres n’ont plus spécialement de liens avec celui-ci.
     Une frise chronologique est particulièrement éloquente. Elle montre le lent « progrès » de la législation en matière de représentation et de vote, même au seul niveau de l’entreprise, pour ces travailleurs. Pour qu’ils soient exploités il n’y avait pas de problème. On peut avoir une pensée émue à leur égard en pensant à l’urbanisation des années 1970, à leur rôle dans la construction des autoroutes, dans ce que fut le développement de la production de masse d’automobiles, etc. Produire et les exploiter, oui, mais permettre une expression minimale non. Leur permettre une vie décente, avec une retraite qui permette de vivre normalement, non. Dans la rencontre sur le sujet qui a eu lieu hier, on pouvait entendre évoquées des retraites de 800 euros, à l’image d’une fraction croissante de travailleurs, quelle que soit leur origine.

Il faut mettre un terme à cette situation inacceptable

Les locataires, les « chibanis » du foyer Adéma du boulevard Karl Marx à Argenteuil non loin de la gare du centre, ont subi un début d’incendie en grand au début du mois de mai dernier. Ils n’ont depuis lors plus de cafetaria. Depuis lors, les odeurs de brûlé persistent.
     Cela fait maintenant sept mois.
     Dans d’autres lieux, accepterait-on le maintien d’une telle situation ?
     Non, on mettrait un terme à une telle situation totalement inacceptable, même de façon provisoire.



Description : chibani samson
Affiche d'une campagne de protestation dont ces vieux travailleurs sont l'objet ces dernières années de la part de la sécurité sociale en particulier.


Suite à cet article, nous avons reçu à propos de la situation des locataires du foyer Adoma du boulevard K Marx le message suivant que nous publions bien volontiers :

« L'incendie date du  2 Mai 2013 , le hall d'accueil et la cafeteria , ont été détruits, cela dure depuis 7 mois. Dans tout autre lieu être privé de cafeteria pourrait être sans gravité, mais dans ce cas il faut comprendre que les vieux résidents qui ont des chambres de 7,5 m2, n'ont plus d'espace de rencontre, cet été ils pouvaient s'installer dehors, mais cet hiver ils vont être reclus dans leur  7,5 m2. ADOMA  n'a toujours pas entrepris de réfection du rez-de chaussée du Foyer, alors que l'enquête de police a établi très vite après le sinistre, qui s'est produit à 11 h du matin qu'il était d'origine accidentelle ( court circuit sans doute) Monsieur Draoui  a annoncé hier au Séminaire sur le vieillissement des migrants une "grève" à partir du 1 er décembre, pour faire pression sur Adoma ; Il a dit craindre et refuser "un engrenage" que les vieux résidents ne pourraient assumer; Il faut donc  sortir cette lutte de l'isolement, ...de l'invisibilité ,(!), ne pas accepter que l'Etat, ( Adoma société mixte) , la Mairie, ne réparent pas  vite  les conditions de vie des résidents ..... sans quoi tous les discours d'hier ne sont que pure hypocrisie ! » L.