jeudi 5 décembre 2013

Guerre d'Algérie : un criminel de Guerre est mort

Aussaresses, ex général de l’armée française avait avoué, fièrement, avoir torturé durant la guerre d’Algérie. Des centaines de milliers d’Algériens sont morts sous les coups de ces tortionnaires français. Ces pratiques barbares se sont faites au vu et au su des dirigeants politiques de l’époque. En particulier les ministres socialistes comme Guy Mollet ou François Mitterrand qui les connaissaient et les couvraient même.


Extrait d’un numéro ancien de Lutte Ouvrière

Tortures en Algérie - Des exactions dénoncées dans les années soixante : des livres qui témoignent 

"La Question" d’Henri Alleg - "La torture dans la République (1954-1962)" Pierre Vidal-Naquet - "Le peuple algérien et la guerre" de Patrick Kessel et Giovanni Pirelli - "Les harkis à Paris" et "Ratonnades à Paris" de Paulette Péju - "Le désert à l’aube" de Noël Favrelière.
Dans La Question, un livre paru en 1961, en pleine guerre d’Algérie, Henri Alleg, militant communiste, directeur d’Alger républicain, un journal interdit en septembre 1955, témoignait des tortures qu’il avait subies durant sa détention dans l’une des geôles clandestines de l’armée française à Alger, alors sous contrôle de la 10e division parachutiste du général Massu. Accusant nommément les responsables militaires de torture, le témoignage bouleversant d’Henri Alleg provoqua un choc dans l’opinion publique et suscita un scandale dans la presse française et internationale.
Dans son étude historique La torture dans la République (1954-1962), parue au lendemain même de la guerre d’Algérie, Pierre Vidal-Naquet dénonçait également la torture pratiquée par la police et l’armée. S’appuyant sur des informations précises (qui n’ont jamais fait l’objet d’aucun démenti), l’auteur mettait en évidence dans son livre l’enchaînement qui amena le gouvernement socialiste de l’époque à s’engager dans la guerre, à y intensifier la répression et à signer un chèque en blanc à l’armée en Algérie. Dès 1955, l’état d’urgence fut instauré sur l’ensemble du territoire algérien. Cela allait laisser libre cours à la soldatesque, désormais débarrassée des contraintes d’une légalité qui, de toute façon, ne s’y était guère appliquée jusqu’alors.
Sous les ordres du général Massu et du colonel Bigeard, les militaires torturaient, massacraient les Algériens qui combattaient (ou étaient suspectés de combattre) pour l’indépendance de leur pays. Ces militaires français étaient couverts au plus haut niveau de leur hiérarchie, mais aussi par les hommes politiques au pouvoir, de Robert Lacoste en poste en Algérie à Pierre Mendès-France, Edgar Faure, Max Lejeune, Guy Mollet, François Mitterrand qui étaient ministres.
Le livre de Vidal-Naquet met en évidence la responsabilité du gouvernement, et y compris sa responsabilité dans l’usage des pires moyens utilisés dans cette répression. Le silence et le mensonge permanent étaient de règle de la base au sommet de l’Etat, du planton au ministre en exercice. Le système de la torturese développa à l’ombre et avec la complicité du pouvoir politique.
Patrick Kessel et Giovanni Pirelli publiaient, eux, dès 1963 dans Le peuple algérien et la guerre, aux éditions François Maspero, des centaines de témoignages, de lettres, de plaintes de militants algériens torturés par l’armée en Algérie, d’ouvriers ou d’étudiants algériens victimes des sévices de la police française dans la capitale, sans oublier les appels des internés dans les camps en Algérie, etc.

René CYRILLE

("La torture dans la République" de Pierre Vidal-Naquet, "La Question" d’Henri Alleg, sont publiés, aujourd’hui, aux Editions de Minuit. "Le peuple algérien et la guerre" de Patrick Kessel et Giovanni Pirelli, depuis longtemps introuvable, peut se consulter en bibliothèque.)
RATONNADES A PARIS précédé de LES HARKIS À PARIS de Paulette Péju (Ed. La Découverte, 59 F)
Paulette Péju, journaliste, écrivit ces deux petits livres dans l’urgence. Ils furent immédiatement saisis par la police dans les locaux de l’imprimerie. Ils témoignent des méthodes mises en oeuvre à Paris sous les ordres du préfet de Police Papon contre la population d’origine algérienne pour tenter de détruire l’organisation du FLN implantée en son sein. Méthodes qui n’avaient rien à envier à celles de Bigeard et de Massu en Algérie.
A. V.
LE DÉSERT À L’AUBE de Noël Favrelière (Edition de minuit : 89 F)
Noël Favrelière, rappelé en 1956 dans un régiment de parachutistes, déserta quelques semaines après son arrivée en Algérie. Il sympathisait déjà avec la cause du peuple algérien. Ses années de service militaire passées là-bas lui avaient fait comprendre la misère dans laquelle vivait celui-ci, et prendre conscience de l’oppression coloniale.
Lorsqu’il fut renvoyé en Algérie en juillet 1956, Noël Favrelière y vit les jeunes rappelés entraînés par leurs officiers à pratiquer les exécutions sommaires et à violenter la FLN dont il avait la garde, le sauvant d’une mort certaine et à partir avec lui. Fuyant dans le désert la nuit, se cachant le jour, tous deux rejoignirent les maquis de la frontière tunisienne, où Noël Favrelière combattit aux côté du FLN.

Publié en 1960, ce livre, où Noël Favrelière raconte comment il quitta l’armée française pour passer du côté des combattants algériens, fut saisi une semaine après sa parution, et interdit. Il était, et reste encore, le témoignage de ce que les gouvernements qui menèrent la sale guerre d’Algérie firent subir à la population de ce pays, mais aussi aux soldats envoyés là-bas pour la réprimer



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