Aussaresses,
ex général de l’armée française avait avoué, fièrement, avoir torturé durant la
guerre d’Algérie. Des centaines de milliers d’Algériens sont morts sous les
coups de ces tortionnaires français. Ces pratiques barbares se sont faites au
vu et au su des dirigeants politiques de l’époque. En particulier les ministres
socialistes comme Guy Mollet ou François Mitterrand qui les connaissaient et
les couvraient même.
Extrait
d’un numéro ancien de Lutte Ouvrière
Tortures
en Algérie - Des exactions dénoncées dans les années soixante : des
livres qui témoignent
"La Question " d’Henri
Alleg - "La torture dans la République
(1954-1962)" Pierre Vidal-Naquet - "Le peuple algérien et la
guerre" de Patrick Kessel et Giovanni Pirelli - "Les harkis à
Paris" et "Ratonnades à Paris" de Paulette Péju - "Le
désert à l’aube" de Noël Favrelière.
Dans
La Question ,
un livre paru en 1961, en pleine guerre d’Algérie, Henri Alleg, militant
communiste, directeur d’Alger républicain, un journal interdit en septembre
1955, témoignait des tortures qu’il avait subies durant sa détention dans
l’une des geôles clandestines de l’armée française à Alger, alors sous contrôle
de la 10e division parachutiste du général Massu. Accusant nommément les
responsables militaires de torture, le témoignage bouleversant d’Henri
Alleg provoqua un choc dans l’opinion publique et suscita un scandale dans la
presse française et internationale.
Dans
son étude historique La torture dans la République (1954-1962),
parue au lendemain même de la guerre d’Algérie, Pierre Vidal-Naquet dénonçait
également la torture pratiquée par la police et l’armée. S’appuyant
sur des informations précises (qui n’ont jamais fait l’objet d’aucun démenti),
l’auteur mettait en évidence dans son livre l’enchaînement qui amena le
gouvernement socialiste de l’époque à s’engager dans la guerre, à y intensifier
la répression et à signer un chèque en blanc à l’armée en Algérie. Dès 1955,
l’état d’urgence fut instauré sur l’ensemble du territoire algérien. Cela
allait laisser libre cours à la soldatesque, désormais débarrassée des
contraintes d’une légalité qui, de toute façon, ne s’y était guère appliquée
jusqu’alors.
Sous
les ordres du général Massu et du colonel Bigeard, les militaires torturaient,
massacraient les Algériens qui combattaient (ou étaient suspectés de combattre)
pour l’indépendance de leur pays. Ces militaires français étaient couverts au
plus haut niveau de leur hiérarchie, mais aussi par les hommes politiques au
pouvoir, de Robert Lacoste en poste en Algérie à Pierre Mendès-France, Edgar
Faure, Max Lejeune, Guy Mollet, François Mitterrand qui étaient ministres.
Le
livre de Vidal-Naquet met en évidence la responsabilité du gouvernement, et y
compris sa responsabilité dans l’usage des pires moyens utilisés dans cette
répression. Le silence et le mensonge permanent étaient de règle de la base au
sommet de l’Etat, du planton au ministre en exercice. Le système de la torturese
développa à l’ombre et avec la complicité du pouvoir politique.
Patrick
Kessel et Giovanni Pirelli publiaient, eux, dès 1963 dans Le peuple algérien et
la guerre, aux éditions François Maspero, des centaines de témoignages, de
lettres, de plaintes de militants algériens torturés par l’armée en Algérie,
d’ouvriers ou d’étudiants algériens victimes des sévices de la police française
dans la capitale, sans oublier les appels des internés dans les camps en
Algérie, etc.
René
CYRILLE
("La torture dans
la République "
de Pierre Vidal-Naquet, "La
Question " d’Henri Alleg, sont publiés, aujourd’hui, aux
Editions de Minuit. "Le peuple algérien et la guerre" de Patrick
Kessel et Giovanni Pirelli, depuis longtemps introuvable, peut se consulter en
bibliothèque.)
RATONNADES
A PARIS précédé de LES HARKIS À PARIS de Paulette Péju (Ed. La Découverte , 59 F )
Paulette
Péju, journaliste, écrivit ces deux petits livres dans l’urgence. Ils furent
immédiatement saisis par la police dans les locaux de l’imprimerie. Ils
témoignent des méthodes mises en oeuvre à Paris sous les ordres du préfet de
Police Papon contre la population d’origine algérienne pour tenter de détruire
l’organisation du FLN implantée en son sein. Méthodes qui n’avaient rien à
envier à celles de Bigeard et de Massu en Algérie.
A.
V.
LE
DÉSERT À L’AUBE de Noël Favrelière (Edition de minuit : 89 F )
Noël
Favrelière, rappelé en 1956 dans un régiment de parachutistes, déserta quelques
semaines après son arrivée en Algérie. Il sympathisait déjà avec la cause du
peuple algérien. Ses années de service militaire passées là-bas lui avaient
fait comprendre la misère dans laquelle vivait celui-ci, et prendre conscience
de l’oppression coloniale.
Lorsqu’il
fut renvoyé en Algérie en juillet 1956, Noël Favrelière y vit les jeunes
rappelés entraînés par leurs officiers à pratiquer les exécutions sommaires et
à violenter la FLN
dont il avait la garde, le sauvant d’une mort certaine et à partir avec lui.
Fuyant dans le désert la nuit, se cachant le jour, tous deux rejoignirent les
maquis de la frontière tunisienne, où Noël Favrelière combattit aux côté du
FLN.
Publié
en 1960, ce livre, où Noël Favrelière raconte comment il quitta l’armée française
pour passer du côté des combattants algériens, fut saisi une semaine après sa
parution, et interdit. Il était, et reste encore, le témoignage de ce que les
gouvernements qui menèrent la sale guerre d’Algérie firent subir à la
population de ce pays, mais aussi aux soldats envoyés là-bas pour la réprimer
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