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1er Mai 1906 à Paris : quand Clémenceau donnait la troupe pour empêcher la manifestation |
Premier mai : prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
28 Avril 2020
En juillet 1889, l’Internationale
ouvrière, la deuxième internationale, décidait à l’occasion de sa fondation, de
lancer le mot d’ordre d’une journée de grève et de manifestation pour tous les
prolétaires du monde le 1er mai 1890, pour une revendication
commune, la journée de huit heures.
À travers cet appel à la lutte
commune de tous les travailleurs du monde, l’Internationale voulait enraciner
leur conscience d’appartenir à une seule et même classe ouvrière, au-delà des
divisions nationales, de langue et de culture.
Répondre à un tel mot d’ordre
pouvait signifier affronter la répression patronale, avec le risque de
licenciement immédiat en cas de grève, et la répression d’États prêts à envoyer
la police et l’armée pour s’opposer à la manifestation de la puissance et de
l’unité du camp du prolétariat mondial. La date du 1er mai inquiéta longtemps
la bourgeoisie. À la veille du 1er mai 1906, on se barricada dans les quartiers
huppés de Paris, et tous les dirigeants de la CGT furent jetés en prison. Il y
eut bien souvent aussi à affronter des fusillades.
Ces idées sont à l’origine même
du mouvement ouvrier. Déjà, le Manifeste du parti communiste écrit en
1847 par Karl Marx et Friedrich Engels affirmait en conclusion :
« Prolétaires de tous les pays unissez-vous ». La première
internationale, l’Association internationale des travailleurs, créée en 1864,
en fit sa devise. Par sa création même, elle affirmait l’unité du combat de
tous les travailleurs du monde.
Cette conscience
internationaliste est un passage obligé pour l’émancipation des travailleurs.
Voilà ce qu’écrivait Friedrich Engels le 1er mai 1890 : « Au
moment où j’écris ces lignes, le prolétariat d’Europe et d’Amérique passe la
revue de ses forces, pour la première fois mobilisées en une seule armée sous
un seul drapeau et pour un même but immédiat. […] Le spectacle de cette
journée montrera aux capitalistes et aux propriétaires fonciers de tous les
pays que les prolétaires de tous les pays sont effectivement unis .»
Il aura fallu que les directions
syndicales et les partis socialistes et staliniens se rallient à leur
bourgeoisie nationale pour qu’ils enterrent cette conscience internationaliste
en reprenant à leur compte le patriotisme et le nationalisme.
Mais la réalité va au-delà de ces
trahisons politiques. C’est le capitalisme lui-même, en s’étendant à l’échelle
du monde, en établissant une division du travail à l’échelle de la planète, en
transformant les masses paysannes en autant de prolétaires, qui a fait des
travailleurs une classe existant à cette échelle, reliée par de multiples
liens.
C’est la réalité de cette
économie capitaliste qui rend indispensable une gestion de l’économie et une
coopération à l’échelle du monde. C’est elle qui a créé la seule classe capable
de prendre réellement en main cette économie et de la mettre au service de
toute l’humanité en mettant fin à l’exploitation par une minorité de
possédants.
Cette classe, la seule classe qui
peut ouvrir un véritable futur à l’humanité, c’est la classe ouvrière
internationale. C’est ce qu’avaient perçu Marx et Engels dès 1847 et c’est le
sens de la vieille devise « Prolétaires de tous les pays,
unissez-vous ! », que doit garder, ou retrouver, la manifestation du
1er mai.
Paul SOREL (Lutte ouvrière n°2700)
La suite de notre petite histoire "Mouvement ouvrier : la
fondation de la IIIème Internationale, l’Internationale communiste" est reportée à demain
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