mardi 14 avril 2020

SDF, mal logés… : les conséquences de l’épidémie. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine


SDF, mal logés… : les conséquences de l’épidémie

08 Avril 2020

« Restez chez vous » est une consigne bien difficile à appliquer pour les quelque 160 000 sans-domicile dans le pays.



Prétendant leur venir en aide, le gouvernement n’a pas refermé les places d’hébergement hivernal, et a créé 5 000 nouvelles places dans des gymnases ou en réquisitionnant des hôtels. Des auberges de jeunesse, des internats, des centres UCPA ou des villages de vacances pourraient aussi être réquisitionnés. Mais il n’y a pas assez de personnel pour gérer ces centres et ceux qui restent, n’étant pas considérés comme prioritaires, n’ont souvent ni masques ni gel pour se protéger.
900 personnes hébergées dans des structures collectives ou des hôtels étaient repérées comme atteintes du Covid-19 début avril. Pour isoler les malades qui ne sont pas dans un état grave, 40 « centres de desserrement » ont été créés, soit 1 300 places. Le gouvernement prévoit d’en ouvrir 80 supplémentaires. Des chèques-services devraient aussi être distribués pour aider à l’achat de produits de première nécessité, nourriture ou produits d’hygiène en particulier.
Tout cela est bien peu face aux besoins des sans-abri. Des campements, des squats, des bidonvilles existent dans la plupart des grandes villes, où on vit dans la promiscuité, sans accès à l’eau ni à des toilettes.
Le ferraillage et la mendicité sont devenus impossibles avec le confinement. Les points de distribution d’aide alimentaire sont devenus plus rares. « Des gens appellent le 115 parce qu’ils ont faim, et n’ont pas mangé depuis deux ou trois jours », témoigne Louis Gallois, président de la Fédération des acteurs de la solidarité.
Le confinement est devenu un calvaire pour les plus démunis, pas seulement les sans-abri, mais aussi tous ceux qui vivent dans des logements trop petits, souvent insalubres, locataires victimes de marchands de sommeil. C’est aussi le cas des jeunes suivis par l’ASE (l’Aide sociale à l’enfance), mineurs étrangers non accompagnés, ou jeunes Français en grandes difficultés, qui vivent à l’hôtel, parfois à deux ou trois dans de toutes petites chambres. C’est aussi le cas des habitants des foyers de travailleurs immigrés, aux chambres souvent exiguës, avec des parties communes, douches, toilettes, cuisines souvent en mauvais état, qui posent des problèmes d’hygiène aggravés par l’épidémie.
Les inégalités criantes de la société sont amplifiées par l’épidémie et le confinement. Les quelques mesures du gouvernement, bien en dessous des besoins des plus pauvres, sont loin de pouvoir y remédier.

                             Hélène COMTE (Lutte ouvrière n°2697)

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