SDF, mal
logés… : les conséquences de l’épidémie
08 Avril 2020
« Restez chez vous » est une
consigne bien difficile à appliquer pour les quelque 160 000 sans-domicile dans
le pays.
Prétendant leur venir en aide, le
gouvernement n’a pas refermé les places d’hébergement hivernal, et a créé
5 000 nouvelles places dans des gymnases ou en réquisitionnant des hôtels.
Des auberges de jeunesse, des internats, des centres UCPA ou des villages de
vacances pourraient aussi être réquisitionnés. Mais il n’y a pas assez de
personnel pour gérer ces centres et ceux qui restent, n’étant pas considérés
comme prioritaires, n’ont souvent ni masques ni gel pour se protéger.
900 personnes hébergées dans des
structures collectives ou des hôtels étaient repérées comme atteintes du
Covid-19 début avril. Pour isoler les malades qui ne sont pas dans un état
grave, 40 « centres de desserrement » ont été créés, soit 1 300
places. Le gouvernement prévoit d’en ouvrir 80 supplémentaires. Des
chèques-services devraient aussi être distribués pour aider à l’achat de
produits de première nécessité, nourriture ou produits d’hygiène en
particulier.
Tout cela est bien peu face aux
besoins des sans-abri. Des campements, des squats, des bidonvilles existent
dans la plupart des grandes villes, où on vit dans la promiscuité, sans accès à
l’eau ni à des toilettes.
Le ferraillage et la mendicité
sont devenus impossibles avec le confinement. Les points de distribution d’aide
alimentaire sont devenus plus rares. « Des gens appellent le 115 parce
qu’ils ont faim, et n’ont pas mangé depuis deux ou trois jours »,
témoigne Louis Gallois, président de la Fédération des acteurs de la
solidarité.
Le confinement est devenu un
calvaire pour les plus démunis, pas seulement les sans-abri, mais aussi tous
ceux qui vivent dans des logements trop petits, souvent insalubres, locataires
victimes de marchands de sommeil. C’est aussi le cas des jeunes suivis par
l’ASE (l’Aide sociale à l’enfance), mineurs étrangers non accompagnés, ou
jeunes Français en grandes difficultés, qui vivent à l’hôtel, parfois à deux ou
trois dans de toutes petites chambres. C’est aussi le cas des habitants des
foyers de travailleurs immigrés, aux chambres souvent exiguës, avec des parties
communes, douches, toilettes, cuisines souvent en mauvais état, qui posent des
problèmes d’hygiène aggravés par l’épidémie.
Les inégalités criantes de la
société sont amplifiées par l’épidémie et le confinement. Les quelques mesures
du gouvernement, bien en dessous des besoins des plus pauvres, sont loin de
pouvoir y remédier.
Hélène COMTE (Lutte ouvrière n°2697)
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